Le récit policier met l’accent sur la résolution d’une énigme ou d’un crime.
Dans la plupart des cas, les récits policiers commencent par la scène du crime. Dès lors, cette section ressemble beaucoup à n’importe quelle situation initiale, c’est-à-dire qu’elle répond aux questions qui? quoi? quand? et où?
Toutefois, certaines questions peuvent rester en suspens, comme le nom du criminel ou le mobile du crime.
L’élément déclencheur est le crime qui est commis. Ce peut être un meurtre, un vol, un enlèvement, etc.
Le but de tout roman policier est principalement de retrouver le coupable. Il peut y avoir des buts seconds, tels que retrouver la victime avant que le tueur ne frappe ou le corps de la victime, ou arrêter les complices.
Au fil du récit, l’enquêteur découvre des pistes en lien avec le criminel (son identité, son passé, ses motifs, etc.). Pour ce faire, il doit interroger des témoins, rencontrer des spécialistes (expert balistique, coroner, expert en analyse d’ADN, etc.), faire des liens avec d’autres enquêtes et plus encore. On assiste alors à une ouverture des possibilités : plusieurs pistes et solutions sont possibles.
Pendant l’enquête, le criminel peut récidiver, ce qui permettra à l’enquêteur de trouver d’autres preuves et de faire avancer son investigation.
Plus l’enquêteur trouvera de preuves, plus cela lui permettra d’éliminer les fausses pistes et plus il se rapprochera de son but.
Un climax est l’apogée, le point culminant de l’enquête où le suspense est presque intenable. Toutes les pistes qui s’étaient ouvertes plus tôt dans le récit se referment. L’enquêteur (et le lecteur) découvre qui est le criminel et doit l’arrêter. C’est à cette étape que l’enquête réussit ou échoue.
La situation finale correspond généralement à la fin de l’enquête. Parfois, on assiste aussi au début du procès du criminel, à son jugement ou à sa mise en détention.
Voici quelques règles à respecter lorsqu’on écrit un récit policier.
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Le lecteur et le détective doivent pouvoir résoudre le crime.
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Il ne doit pas y avoir d’intrigue amoureuse entre les personnages (sauf les suspects qui peuvent, par exemple, être dans un triangle amoureux).
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Le coupable ne doit pas être un membre des forces de l’ordre (policier, détective, etc.).
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C'est la résolution de l'enquête qui permet d'identifier le coupable. On ne peut pas se fier au hasard ou à la confession pour découvrir l'identité du coupable dans un récit policier.
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Il doit obligatoirement y avoir un crime dans un récit policier (meurtre, vol, enlèvement, etc.).
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Il doit obligatoirement y avoir un policier, un détective ou un justicier, de même qu’un criminel dans ce genre de récit.
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Le spiritualisme (comme la clairvoyance) n’est pas une option pour découvrir le coupable.
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Le coupable doit être suffisamment présent dans le récit pour que le lecteur puisse s’y intéresser.
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Il ne faut pas qu’il y ait de trop longs passages descriptifs.
Ces règles s'inspirent des 20 règles du roman policier de S.S. Van Dine (1951). Il faut savoir qu'elles peuvent cependant être contournées. D’ailleurs, les grands auteurs les transgressent souvent.
Les notions abordées dans la partie qui suit sont plus complexes que celles qui sont enseignées au secondaire. Il s'agit ici d'un complément pour ceux qui sont curieux d'en savoir plus.
Le récit policier nait des suites de circonstances nouvelles et simultanées ayant eu cours au 19e siècle. En effet, cette époque est marquée par des modifications profondes de la structure sociale, et ce, partout dans le monde. C’est aussi le siècle des révolutions industrielles. Voici quelques changements majeurs ayant favorisé la naissance du récit policier.
La presse à bon marché
En 1836, Émile de Girardin crée la presse à bon marché. En effet, les inventions technologiques de l’époque permettent, entre autres, d’améliorer les techniques d’impression et de réduire ainsi les couts de production des journaux. Un exemplaire coute alors quelques sous à peine. Ainsi, les journaux sont plus accessibles à l’ensemble de la population et particulièrement aux classes ouvrière et populaire. Ceux-ci se passionnent pour les faits divers, désormais à portée de main.
La conjoncture sociale
Si ce siècle permet à la société d’évoluer de façon extraordinaire, il comporte aussi son lot de conséquences. En effet, le climat social de l’époque est quelque peu lugubre : pauvreté, surpopulation dans les régions urbaines, augmentation du taux de criminalité, naissance du capitalisme (et du concept d’individualisme), etc. La classe populaire est désormais considérée comme étant une classe « dangereuse ».
Les percées technologiques
Parallèlement, on voit aussi naitre la police dite « scientifique » grâce aux techniques d’investigation plus spécialisées et aux avancées technologiques. En voici des exemples : la toxicologie (1818), la photographie des délinquants (1840), l’entomologie (1856), les empreintes digitales (1880), l’autopsie (1881), le signalement anthropométrique ou l’identité judiciaire (1882), etc.
Ex. : La première arrestation effectuée grâce aux empreintes digitales s'est déroulée en Argentine en 1892.
L’évolution des feuilletons littéraires
Vers 1860, les feuilletons littéraires (ou romans-feuilletons) publiés dans certains journaux se transforment progressivement en récits policiers. En effet, des récits de crime, mêlant les genres gothique et mélodramatique, apparaissent dans les journaux. Les deux se ressemblent beaucoup puisqu’ils puisent dans la même matière sombre (basfonds de la société, mystères, énigmes, secrets, révélations, suspense, culpabilité, frayeur, passion dévastatrice, etc.). La population s'intéresse de plus en plus à ce genre de récit.
La Gazette des tribunaux
En 1898, la Gazette des tribunaux, qui s’adresse d’abord aux législateurs et aux juristes, voit le jour. Ce journal présente des récits d’anciens policiers, d’anciens criminels, de débats judiciaires, d’arrestations, de crimes commerciaux, de jurisprudence, etc. Bien vite, on s’aperçoit que le journal est très apprécié de la population en général et attire une foule de curieux.
Le double rôle des écrivains
Les écrivains de l’époque jouent habituellement un double rôle : écrivain et journaliste. Aussi, lorsqu’ils rapportent certains faits divers dans les articles de journaux, il n’est pas rare qu’ils manipulent les faits, exagèrent légèrement la vérité ou versent carrément dans le sensationnalisme afin de vendre plus d’exemplaires de leur journal.
Le récit policier dans les journaux
Au fil du temps, le genre policier est tellement populaire que l’on réduit la place accordée aux feuilletons dans les journaux pour les remplacer par des récits policiers. On crée aussi des journaux littéraires dans lesquels on présente des récits inventés de toute pièce. De plus, on rassemble parfois les récits pour les publier sous forme de roman.
Les récits policiers, au début axés sur le criminel et son histoire, se transforment peu à peu pour mettre l’accent sur l’enquête et le crime. Au fil du temps, les auteurs maitrisent de plus en plus le genre. Ainsi, un modèle de récit émerge, des règles se mettent en place et les auteurs s’amusent bientôt à les transgresser.
Un peu de vocabulaire
Un(e) acolyte de l’enquêteur(-trice) est son adjoint(e). Il ou elle peut être reconnu(e) ou non, avoir des diplômes ou non, etc. L’important, c’est qu’il (elle) soit utile à l’enquêteur(-trice) en quelque chose. Il (elle) doit le (la) compléter par ses compétences ou ses connaissances.
L’ADN (acide désoxyribonucléique) est une molécule qui contient les gènes d’un individu, c’est-à-dire son code génétique.
Un alibi est une preuve qu’un(e) suspect était absent(e) du lieu du crime lorsqu’il a été commis.
L’anthropométrie est l’étude des mesures physiques d’un homme. Ex. : la longueur d’un bras à l’autre.
L’autopsie est un examen médical effectué après la mort d’une personne. Cela permet, entre autres, de découvrir les véritables raisons du décès.
La balistique est l’étude des armes à feu et des munitions.
Les circonstances aggravantes sont des éléments qui augmentent la gravité d’un crime commis.
Les circonstances atténuantes sont des éléments qui diminuent la gravité d’un crime commis.
Un(e) criminel(le) est la personne qui a commis le crime.
Un déguisement peut avoir plusieurs visages dans un récit policier : déguisement du meurtre en suicide, déguisement physique, déguisement de l’assassin en victime, déguisement de l’assassin en témoin, etc.
Un délit est le crime qui a été commis.
Un détecteur de mensonges (ou polygraphe) est une machine qui permet de dire, en analysant les réactions physiques, si le (la) suspect(e) ment ou dit la vérité.
Les empreintes digitales sont des traces uniques à chaque individu laissées par les doigts.
L’entomologie est l’étude des insectes. Selon le stade de développement qu’ils ont atteint lors de la découverte d’un cadavre, ils peuvent aider les scientifiques à situer le moment du décès.
Une filature est le fait de suivre quelqu’un afin de connaitre ses déplacements et son emploi du temps.
Un huis clos est un espace restreint, voire fermé, où se déroule le crime. Habituellement, les personnages ne peuvent sortir de cet endroit pour une raison quelconque. L’utilisation d’un huis clos dans un récit policier augmente le suspense, réduit le nombre de témoins et la liste de suspect(e)s possibles.
Une hypothèse est une supposition qui vise à expliquer le crime.
Les indices sont des pistes qui aideront l’enquêteur(-trice) à retrouver la trace du (de la) criminel(le). Ils ne doivent pas être trop évidents ni trop difficiles à relier au crime.
La justice regroupe tout ce qui touche les lois et le système judiciaire.
Un mandat d’arrêt est une autorisation légale, donc signée par un(e) juge, qui permet à l’enquêteur(-trice) d’arrêter un(e) suspect(e).
Un(e) médecin légiste pratique les autopsies.
Un mode opératoire (ou M.O.) est la façon d’agir du (de la) criminel(le). Celui-ci revient de crime en crime.
Un motif est la raison qui a poussé le (la) criminel(le) à agir. Ce motif peut être d’ordre psychologique ou autre. Ex. : l’amour, l’argent, la vengeance, une maladie psychologique, etc.
Un objet contondant est un objet qui peut blesser quelqu’un sans le couper. Par exemple, ce pourrait être un bâton.
Un(e) policier(-ère)/un(e) enquêteur(-trice)/le (la) détective est responsable de mener l’enquête.
Attention!
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La résolution est la solution de l’énigme, le résultat de l’enquête.
Un(e) suspect(e) est la personne que les enquêteur(-trice)s soupçonnent d’avoir commis le crime.
Un(e) témoin oculaire est une personne qui a vu le crime.
La toxicologie est l’étude des substances toxiques (ou poisons).
Une victime est une personne qui a subi un crime ou un préjudice.
Agatha Christie (1890-1976) : Le Crime de l’Orient-Express, Ils étaient dix, Mort sur le Nil, Le Train de 16 h
Arthur Conan Doyle (1859-1930) : Une étude en rouge, Le Signe des quatre ou La Marque des Q, Le Chien des Baskerville, La Vallée de la peur
Chrystine Brouillet (1958- ) : Le collectionneur, Sans pardon, Silence de mort, Double disparition, La chasse est ouverte, La mort mène le bal
Edgar Allan Poe (1809-1849) : Double assassinat dans la rue Morgue, Le mystère de Marie Roget, La lettre volée
Fred Vargas (1957- ) : L’homme aux cercles bleus, l’homme à l’envers, Pars vite et reviens tard, Sous les vents de Neptune
Kathy Reichs (1948- ) : Déjà dead, Passage mortel, Meurtre au scalpel, Autopsie, Bones never lie, Un os à ronger, Circuit mortel
Mary Higgins Clark (1927-2020) : Une chanson douce, Les années perdues, Quand reviendras-tu?, L’ombre de son sourire
Maurice Leblanc (1864-1941) : Arsène Lupin, L’œuvre de mort, L’île aux trente cercueils
Michael Connelly (1956- ) : Le cadavre dans la Rolls, Deuil interdit, Ceux qui tombent, La glace noire
Patricia Cornwell (1956- ) : Postmortem, Traînée de poudre, La ville des frelons, Tolérance zéro
Philip Kerr (1956-2018) : Les ombres de Katyn, La mort, entre autres