Le krach boursier survient le jeudi 24 octobre 1929, date qui sera surnommée « le jeudi noir ». Cette chute économique drastique marque le début de la Grande Dépression. C'est une période qui touchera presque toute la planète. Elle aura des impacts économiques, sociaux et politiques sur la société de l’époque.
Après les rationnements et les efforts de guerre de la Première Guerre mondiale, les gens veulent profiter de la vie. La population consomme davantage et le niveau de vie augmente rapidement : ce sont les Années folles.
Certaines personnes désirent faire plus d’argent. Elles décident donc de se lancer en bourse même si elles ne connaissent pas tous les détails de son fonctionnement. Par conséquent, les gens achètent des actions afin de faire davantage de profits. La majorité des gens réinvestissent leurs profits en achetant d’autres actions. La demande d’achat d’actions augmente rapidement, mais l’offre reste la même, menant à une hausse de la valeur de ces actions. Graduellement, la valeur marchande des actions devient beaucoup plus élevée que leur valeur réelle.
Plusieurs personnes tentent de faire de l’argent avec la bourse en achetant des actions. Les gens s’arrachent des actions, ce qui en fait monter le prix.
Source : Curb brokers in Wall Street, New York City [Photographie], 2 octobre 1920, Library of Congress, (URL). *Droits réservés
De leur côté, les industries sont en état de surproduction pour essayer de répondre à la demande des consommateurs pendant les Années folles. Lorsque les gens qui possèdent des actions réalisent que les différentes compagnies ne font pas autant de profits qu’ils le croyaient, ils vendent leurs actions tous en même temps. La valeur des actions à la bourse dégringole rapidement puisque tous veulent vendre leurs actions sans avoir d’acheteurs potentiels.
Avec la chute de la bourse, plusieurs personnes retirent leur argent des banques. Ces dernières tombent en faillite les unes après les autres.
Source : American union bank [Photographie], s.d., Wikimedia Commons, (URL).
Les entrepôts de plusieurs industries continuent de se remplir. Puisqu’elles ne peuvent pas liquider toute leur production, les industries procèdent au congédiement de plusieurs de leurs employés. Ces gens ne reçoivent plus de salaire et perdent leur pouvoir de consommation. Puisqu’ils ne peuvent rien acheter, les ventes des industries diminuent. Les entreprises ferment ou congédient alors d’autres personnes et la boucle continue.
Le cycle de la crise économique fait en sorte que les chômeurs sont de plus en plus nombreux et les possibilités d’emplois sont réduites.
Même si le krach boursier se déroule aux États-Unis, celui-ci a un impact direct sur l’économie canadienne. En effet, l’économie canadienne dépend énormément des échanges avec son voisin du sud. Puisque les Américains ne demandent presque plus de produits canadiens en raison de la crise, les industries du pays connaissent la même chute que celles des États-Unis.
Le taux de chômage augmente rapidement au Québec dans les années 1930. Entre 1929 et 1932, il passe de 7,7 % à 26,4 %. Entre 1929 et 1933, le revenu moyen par habitant au Québec diminue d’environ 44 %. Contrairement aux crises économiques précédentes, la situation ne semble pas vouloir s’améliorer.
Au début de la crise, le nombre de chômeurs augmente rapidement et plusieurs sont laissés à eux-mêmes.
Source : Chômeurs dormant sur des bancs de parc, Montréal, QC, vers 1935 [Photographie], Clarke, F. R., vers 1935, Musée McCord, (URL). CC BY-NC-ND
Dans ces circonstances, le gouvernement canadien et ceux des différentes provinces adoptent une approche interventionniste pour tenter de sortir l’économie et la société canadienne de la crise.
L’interventionnisme est une politique selon laquelle l’État doit intervenir dans les affaires économiques du pays.
Des sommes importantes sont donc investies par les deux paliers de gouvernements (fédéral et provincial) pour amortir les effets de la crise.
Dès 1935, la Banque du Canada est mise en place afin de faire une première stabilisation de l’économie du pays. Le contrôle sur la monnaie est ainsi centralisé.
La hausse du nombre de chômeurs dans les rues des grandes villes crée des tensions dans les quartiers ouvriers. On ouvre des soupes populaires, mais cela est loin de régler la situation et les groupes religieux qui s’occupaient auparavant de l’aide aux pauvres sont débordés.
Afin d’éviter des émeutes, le gouvernement propose différentes solutions : les travaux publics (les camps de travail), la colonisation, les secours directs et l’aide aux agriculteurs.
Plusieurs associations et groupes religieux tentent d’aider les chômeurs en mettant en place des soupes populaires.
Source : Church basement soup kitchen, Montreal, about 1930 [Photographie], vers 1930, Musée McCord, (URL). CC BY-NC-ND
Dans le cadre de cette mesure, les chômeurs sont invités à faire différents travaux, comme la construction de routes, afin de gagner un salaire versé par le gouvernement. Puisqu’ils gagnent un salaire, ils peuvent ainsi acheter des produits et payer des services, ce qui permet de relancer l’économie. Dans certains cas, ils sont également envoyés dans des camps de travail pour les éloigner des villes afin d’éviter les émeutes.
Source : Grévistes des camps de secours pour chômeurs en route vers l'Est lors de la « Marche sur Ottawa » [Photographie], juin 1935, Musée McCord, (URL). CC BY-NC-ND
On invite également les chômeurs et leur famille à coloniser des régions plus éloignées. Cette colonisation est principalement dirigée vers l’Abitibi-Témiscamingue et le Bas-Saint-Laurent. Cette mesure est proposée par le gouvernement québécois de Louis-Alexandre Taschereau. Trois plans de colonisation sont appliqués à travers le Québec : les plans Gordon, Vautrin et Auger-Rogers. Les divers plans de colonisation sont fortement appuyés par l’Église, qui y voit un retour vers les valeurs traditionnelles et qui encourage les gens à quitter les villes.
Plusieurs colons et leur famille s’installent en Abitibi-Témiscamingue et dans le Bas-Saint-Laurent grâce aux mesures de colonisation.
Source : Un colon débarquant du train avec son chat dans les mains, Laferté [Photographie], Canadien National, 1933, BANQ, (URL).
Le plan Gordon, mis en place de 1932 à 1935, est le nom donné au premier programme provincial et fédéral de colonisation. Selon cette mesure, seuls les chômeurs ayant accès aux secours directs et leurs familles obtiennent une subvention du gouvernement. Cette somme sert à aider les colons à créer une ferme en région et à s’y installer. Cependant, les colonies ne sont pas encore assez développées. En effet, plusieurs routes sont impraticables, le manque de services est criant et la subvention n’est pas assez importante. Ainsi, plusieurs colons retournent en ville.
Le plan Vautrin est mis en place de 1935 à 1937. Il s’agit d’un plan instauré uniquement par le gouvernement du Québec. En plus de proposer la colonisation aux chômeurs, ce plan offre également des subventions aux fils d’agriculteurs et aux célibataires pour coloniser les nouvelles régions. L’organisation de la colonisation est mieux élaborée. Par exemple, les gens arrivent en groupe au lieu d'être seuls afin de s’entraider.
Finalement, le plan Auger-Rogers établit différentes mesures pour aider les colons, dont une aide financière plus élevée. Il s’agit d’une entente entre le fédéral et le provincial. Les municipalités sont également encouragées à participer au financement de la colonisation. Dans ce cas, tous les hommes mariés et leur famille peuvent profiter de la subvention.
Puisque certains nouveaux colons n’ont pas d’expérience en agriculture, plusieurs abandonnent le projet de colonisation et retournent en ville. Également, le manque de services et la vie difficile dans les régions éloignées en découragent plus d'un. Néanmoins, grâce à l’appui de compagnies minières et forestières, plusieurs colons trouvent un emploi dans ces nouvelles régions.
Les secours directs sont les ancêtres du programme d’assurance-emploi actuel. Il s’agit d’une aide financière accordée aux familles pauvres afin qu’elles puissent subvenir à leurs besoins de base. Elle est souvent donnée sous forme de coupons que les gens peuvent échanger contre des biens de première nécessité comme de la nourriture ou du bois pour se chauffer.
L’agriculture commerciale est fortement touchée par la crise économique à cause de l’arrêt des exportations. Afin d’améliorer la situation, le gouvernement du Québec met en place l’Office du crédit agricole. Cela permet d’accorder des fonds aux agriculteurs en difficulté financière et ainsi leur permettre de produire davantage pour tenter de relancer l’économie.
C’est sous le gouvernement de Maurice Duplessis que l’Office du crédit agricole est mis en place en 1936.
Source : Maurice Duplessis [Photographie], Fonds J. E. Livernois Ltée, 1938, BANQ, (URL).
Malgré toutes les mesures mises en place par les différents paliers de gouvernement, les besoins demeurent criants au sein de la population. La crise dure 10 ans et se termine avec le début de la Seconde Guerre mondiale. En effet, celle-ci fera en sorte de créer de nouveaux emplois pour l’armée et pour le secteur de la production d’objets militaires. Néanmoins, pour plusieurs personnes, la crise économique provoque une remise en question du capitalisme.
Canadien National. (1933). Un colon débarquant du train avec son chat dans les mains, Laferté [Photographie]. BANQ. https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/archives/52327/3223604
Clarke, F. R. (Vers 1935). Chômeurs dormant sur des bancs de parc, Montréal, QC, vers 1935 [Photographie]. Musée McCord. http://collections.musee-mccord.qc.ca/fr/collection/artefacts/MP-1988.59.61
Fonds J. E. Livernois Ltée. (1938). Maurice Duplessis [Photographie]. BANQ. https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/3114613?docsearchtext=maurice%20duplessis
American union bank [Photographie]. (s.d.). Wikimedia Commons. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:American_union_bank.gif
Church basement soup kitchen, Montreal, about 1930 [Photographie]. (Vers 1930). Musée McCord. http://collections.musee-mccord.qc.ca/scripts/viewobject.php?section=162&Lang=1&tourID=CW_Alimentation_EN&seqNumber=24
Curb brokers in Wall Street, New York City [Photographie]. (1920, 2 octobre). Library of Congress. https://www.loc.gov/pictures/item/92519195/ *Extrait employé par Alloprof conformément à la Loi sur le droit d'auteur dans le cadre d'une utilisation équitable aux fins d’éducation [https://laws-lois.justice.gc.ca/fra/lois/c-42/page-9.html].
Grévistes des camps de secours pour chômeurs en route vers l'Est lors de la « Marche sur Ottawa » [Photographie]. (1935, juin). Musée McCord. http://collections.musee-mccord.qc.ca/fr/collection/artefacts/C-029399/