Dans les années 1980, le Québec connait un ralentissement économique, ce qui l’amène à se questionner sur la place que doit prendre l’État dans son développement. En fait, c’est l’État-providence qui est remis en question, cette idéologie politique voulant que le gouvernement soit très présent dans l’économie en offrant davantage de services sociaux. Ainsi plusieurs débats sont présents au Québec entre les partisans du néolibéralisme qui souhaitent limiter l’investissement de l’État dans l’économie québécoise et les défenseurs de l’État-providence.
Un État-providence désigne un État qui intervient activement dans les domaines économique et social afin de favoriser le développement de la société et de redistribuer équitablement la richesse collective.
Le néolibéralisme est un modèle économique prônant un État moins fort qui accorde un rôle plus important aux entreprises privées dans l'économie. Cette idéologie vise une faible imposition de la population pour assurer une liberté financière aux citoyens qui peuvent alors subvenir à leurs besoins sans dépendre des services offerts par le gouvernement. Ainsi, les responsabilités individuelles sont alors mises de l’avant et les services sont davantage offerts par le secteur privé.
Dans les années 1980, le Canada, comme bien des pays développés à travers le monde, connait des difficultés économiques importantes. Moins riche, l’État peine à soutenir ses programmes sociaux sans s’endetter. Dans la foulée du néolibéralisme, Brian Mulroney, premier ministre du Canada, et Robert Bourassa, premier ministre du Québec, entreprennent des coupes budgétaires dans les programmes sociaux pour limiter l’endettement public.

Robert Bourassa, premier ministre du Québec de 1985 à 1994, entreprend des politiques néolibérales pour réduire les effets de la crise économique.
Source : Robert Bourassa [Photograhie], s.a., vers 1970, BAnQ, (URL).
Des conséquences négatives découlent alors de ces politiques où plusieurs services sont diminués comme l’assurance-emploi, les allocations familiales ou l’accessibilité aux soins de santé.
Le Régime de l'assurance maladie du Québec (RAMQ) | Programme provincial offrant l'assurance maladie universelle et gratuite à tous les Québécois. |
L'instruction publique | Service provincial offrant à toutes les familles la possibilité d'éduquer gratuitement leurs enfants dans une école publique. |
Le régime d'assurance-emploi | Programme fédéral offrant un revenu à tous les Canadiens en recherche d'emploi. |
Le programme de la Sécurité de la vieillesse (SV) | Programme fédéral offrant à tous les Canadiens âgés de plus de 65 ans un revenu chaque mois. Des conditions relatives au statut juridique s'appliquent toutefois. |
Certains services sont également transférés à des entreprises privées. C’est d’ailleurs le cas d’Air Canada et de Petro-Canada qui deviennent privatisées, c’est-à-dire qu’elles ne sont plus gérées par l’État, mais plutôt par des groupes privés.
En opposition avec les politiques néolibérales, l’économie sociale cherche à contrebalancer les effets négatifs des compressions dans les programmes sociaux. L’économie sociale, émergeant tranquillement à la fin des années 1990, a pour objectif de réduire les écarts de richesse entre les riches et les pauvres de la société québécoise en encourageant le développement de coopératives où les profits engrangés sont remis entre les participants du projet. Aussi, le mouvement souhaite lutter contre les changements climatiques et l’exclusion sociale, incluant alors toutes les minorités à son projet.

Plusieurs figures politiques émergent du mouvement d'économie sociale. C'est le cas de Françoise David, qui devient co-porte-parole de Québec solidaire de 2006 à 2017.
Source : Françoise David, co-porte-parole de Québec solidaire, à Québec, lors de l'élection générale québécoise de 2012 [Photographie], Asclepias, 24 août 2012,Wikimedia Commons, (URL), CC BY 3.0
L’économie sociale trouve écho chez les politiciens notamment grâce aux pressions exercées par la société civile, c’est-à-dire les groupes de citoyens exclus du pouvoir qui revendiquent des changements d’ordre politique en organisant, par exemple, des manifestations. Ainsi, plusieurs citoyens dénoncent le néolibéralisme et demandent des changements pour protéger davantage les programmes sociaux.
En 2012, le Québec est marqué par une grève étudiante historique. Plusieurs étudiants et étudiantes à travers la province votent en faveur d’une grève pour s’opposer à la hausse des frais de scolarité annoncée par le gouvernement libéral de Jean Charest. Ce sont donc des citoyens et citoyennes qui revendiquent des changements d’ordre politique en mettant en place différentes actions comme la grève et les manifestations. Ces personnes militent aussi pour l’importance de donner une chance égale à tout le monde d’accéder à l’éducation. Toutefois, une aussi grande proportion de la population n’appuie pas le mouvement et cela inclut même certain(e)s étudiant(e)s.
Les mois de grèves sont marqués par de nombreux rassemblements et de nombreuses manifestations dans les rues des villes québécoises. Les élections provinciales de 2012 marquent la fin de la grève alors que Pauline Marois et le Parti québécois les remportent en promettant l’annulation de la hausse des frais de scolarité.
Si tu veux en savoir plus sur ce sujet, consulte les articles suivants :
Les consultations publiques sont organisées par le gouvernement dans le but d’entendre plus efficacement les demandes de la société civile. Lors de ces dialogues et prises de position, les citoyens sont invités à venir donner leur opinion pour éclairer le choix du gouvernement. Elles peuvent prendre différentes formes telles que des référendums ou des comités consultatifs.
La neutralité de l’État est un sujet qui remonte jusqu’à la Révolution tranquille, alors que le Québec se détachait de la « grande noirceur » de Maurice Duplessis et de l’influence de l’Église. Tranquillement, l’influence religieuse quitte les institutions publiques québécoises telles que les écoles. Celles-ci deviennent alors laïques.
En 2006, le Québec lance un débat important sur la laïcité de l’État et sur l’intégration des immigrants, puisque l’immigration au Québec est de plus en plus diversifiée. Cela entraine des discussions par rapport aux accommodements raisonnables. Pour définir ce qu’est un accommodement raisonnable, la commission Bouchard-Taylor s’est d’abord penchée sur les inégalités liées à l’identité ou à la culture d’une personne. La commission a ensuite tenté de définir des mesures concrètes qui pourraient être mises en place pour assurer l’égalité entre tous. Ce débat est connu comme la crise des accommodements raisonnables.

En pleine crise sur les accommodements raisonnables, le premier ministre du Québec Jean Charest lance, en 2007, la Commission de consultation sur les pratiques d'accommodements reliées aux différences culturelles.
Source : Boycott des étudiants [Photographie], Lachance, P., 2012, BAnQ, (URL).
C’est par une large consultation publique, soit la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodements reliées aux différences culturelles (commission Bouchard-Taylor), que le gouvernement libéral de Jean Charest tente de trouver le bon compromis. Présidée par le sociologue Gérard Bouchard et le philosophe Charles Taylor, la commission dépose son rapport en 2008 et prône une interdiction du port de signes religieux pour tout employé de l’État en position d’autorité. C’est un débat toujours présent dans la société civile et à l’Assemblée nationale du Québec.
Asclepias. (24 aout 2012). Françoise David, co-porte-parole de Québec solidaire, à Québec, lors de l'élection générale québécoise de 2012 [Photographie]. Wikimedia Commons. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Fran%C3%A7oise_David_2012-08-24_B.jpg
Lachance, P. (2012). Boycott des étudiants [Photographie]. BAnQ. https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/3317899?docref=Bv_2EdDQ_PhMF-0CrWNhsg
S.a. (vers 1970). Robert Bourassa [Photographie]. BAnQ. https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2991348?docsearchtext=robert%20bourassa