Les notions abordées dans cette fiche dépassent celles qui sont vues au secondaire. Il s'agit ici d'un complément pour ceux qui sont curieux d'en savoir plus.
Le mercantilisme est une doctrine (croyance ou théorie) économique des 16e et 17e siècles selon laquelle les richesses premières d’un État sont l’or et l’argent.
La doctrine économique du mercantilisme a guidé les décisions économiques jusqu'au 18e siècle. Selon cette doctrine, la puissance d'un État est proportionnelle à ses réserves de métaux précieux. L'enrichissement d'un État doit donc se faire par le commerce extérieur. Les métropoles encouragent ainsi les exportations et les importations avec leurs possessions coloniales. Le but est de protéger et d'augmenter les réserves du pays. Pour y parvenir, les métropoles établissent des comptoirs commerciaux dans leurs colonies. Ces comptoirs vont faciliter l'acquisition des denrées.
Au Québec, plusieurs comptoirs commerciaux avaient été établis pour faciliter la traite des fourrures. Les commerçants avaient ainsi l'occasion d'échanger facilement leurs marchandises contre les fourrures auprès des coureurs des bois ou des autochtones.
Après la découverte de l'Amérique et la conquête des peuples autochtones, les Européens ont rapidement pris possession des nouveaux territoires. Avec ces nouveaux territoires, ils ont découvert des produits qui leur étaient encore inconnus : maïs, pomme de terre, tomate, cacao, etc. Assez rapidement, un commerce s'est organisé entre les colonies et les pays d'Europe. En plus des nouveaux produits, les colons exportent d'autres produits agricoles importants comme le tabac, le sucre et le café en plus de profiter des métaux précieux contenus dans les sols américains.
Les Européens importent les produits agricoles de l'Amérique en très grandes quantités. Dans les premières années de la colonisation, les produits agricoles représentent 20 % des importations européennes en provenance de l'Amérique. Toutefois, cette proportion a largement augmenté au cours du 18e siècle.
Peu à peu, les Européens intègrent ces produits dans leur alimentation : tomate, maïs, pomme de terre et cacao. Avec le temps, certaines personnes ont même réussi à adapter des plantes au climat de l'Europe. Dans les potagers européens poussaient maintenant des tomates et des pommes de terre. La consommation de sucre et de tabac augmente aussi en Europe.
Les conquistadors espagnols constatent assez rapidement la richesse des villes des civilisations autochtones. C'est d'ailleurs ce qui les pousse à explorer le territoire : dénicher plus de métaux précieux. Les métaux précieux envoyés en Europe proviennent ainsi de deux sources : les mines et les butins de guerre. Les butins de guerre proviennent majoritairement des villes aztèques et incas. Lorsqu'elles sont prises par les conquistadors, ces villes sont dépouillées de leurs richesses.
Les mines qui intéressent les Européens sont les mines d'or et les mines d'argent. Ils exploitent ainsi rapidement les mines d'or de Cuba et les mines d'argent du Pérou. Au 18e siècle, les mines mexicaines et les mines brésiliennes s'ajoutent. L'exploitation minière la plus rentable au cours du 18e siècle est sûrement celle du Mexique.
Toutes les mines américaines représentent plus de richesses que celles apportées par les mines européennes et africaines réunies. Toutefois, cette production minière, bien qu'importante pour les pays d'Europe, ne domine pas l'économie.
Le nouveau continent riche en produits agricoles et miniers amorce une série de modifications dans l'organisation du commerce. Dorénavant, le commerce s'effectue sur tous les continents. On parle alors d'économie-monde.
Le concept d'économie-monde fait référence à l'ensemble des échanges commerciaux qui se font entre tous les continents du globe.
Les États qui gèrent des territoires extérieurs ont encore plus de possibilités d'enrichissement à la condition d'être bien organisés. On distingue ainsi les métropoles des colonies.
Les métropoles sont ces États qui gèrent des territoires qui leur sont extérieurs. Ces territoires extérieurs, les colonies, sont dépendants des métropoles.
Le commerce triangulaire est la solution employée par les métropoles pour rentabiliser au maximum les voyages entre les différentes colonies et la métropole.
Schéma du fonctionnement du commerce triangulaire
Cette manière d'organiser le commerce mondial fait surtout profiter les métropoles qui exportent et importent facilement des produits entre leurs colonies sans jamais avoir à puiser dans leurs réserves. Toutefois, les métropoles ne sont pas les seules bénéficiaires de ce système : les commerçants qui gèrent les navires et les rois africains y trouvent tous leur compte. Les commerçants obtiennent des parts des richesses voyagées alors que les rois africains gagnent non seulement en objets de valeur, mais surtout en pouvoir grâce aux armes.
Premièrement, des navires partent des pays européens. Ils sont chargés de produits manufacturés, d'armes, d'alcool, de verroterie (petits objets de verre), etc.
Deuxièmement, ces produits arrivent près des côtes africaines. Les marchands à bord des navires effectuent des transactions : ils échangent leurs biens contre des esclaves. Ces marchands européens font affaire avec les rois puissants des pays africains ou avec les marchands d'esclaves.
Troisièmement, les navires repartent des côtes africaines. Cette fois, ils sont chargés d'esclaves et mettent le cap vers les colonies de l'Amérique.
Quatrièmement, lorsqu'ils arrivent en Amérique, les marchands échangent les esclaves contre les produits des colonies (rhum, sucre, tabac, produits agricoles, métaux précieux).
Finalement, les navires, chargés des richesses provenant des Amériques, mettent à nouveau le cap sur l'Europe.
L'une des facettes du commerce triangulaire implique la traite d'esclaves africains. Il est important ici de fournir plusieurs informations concernant cet aspect de la colonisation.
Certains extraits du texte suivant pourraient choquer.
Avant de recourir aux esclaves africains, les colons espagnols forcent les habitants autochtones à travailler dans les mines et sur les plantations agricoles. Les pratiques agricoles visent d'abord et avant tout la rentabilité économique. Par conséquent, les colons développent de plus en plus de grandes plantations de canne à sucre et ont rapidement besoin de main-d'œuvre en très grande quantité. Toutefois, les Autochtones recrutés meurent rapidement, soit parce qu'ils avaient contracté une maladie mortelle d'origine européenne pour laquelle ils n'avaient pas d'anticorps, soit parce qu'ils ont succombé aux lourdes tâches physiques qu'ils devaient accomplir.
Comme le nombre d'employés nécessaires sur les plantations ne faisait qu'augmenter, les colons devaient rapidement trouver des alternatives lorsque les Autochtones vinrent à manquer. La première solution mise en place fut celle d'engager des Européens sans-le-sous. Ces derniers avaient accès aux nouveaux territoires à la condition de travailler 36 mois sur les plantations. Cette solution a fonctionné pendant un certain temps. Rapidement toutefois les volontaires se sont faits moins nombreux. Les conditions de travail étant exécrables, moins de la moitié des personnes engagées survivaient à la tâche. Cet état de fait a fini par être plus connu et les éventuels immigrants ne souhaitaient plus signer de contrat qui risquait de les mener vers la mort. En 1720, plus personne ne se portait volontaire.
Dès 1502, les colons complètent la main-d'oeuvre avec des Africains qui proviennent des plantations espagnoles ou encore des marchés d'esclaves tenus pas les Arabes. À ce moment, tous les travailleurs ont les mêmes conditions de travail, qu'ils soient noirs ou blancs. La proportion des Africains est toutefois toujours en hausse. Les travailleurs sont de plus en plus recrutés sous la contrainte et par la force. Les premiers engagés africains en Amérique du Nord sont arrivés en 1619 en Virginie.
À la fin du 17e siècle, les travailleurs esclaves africains sont plus nombreux que les colons blancs. C'est pourquoi les colons ont commencé à élaborer des lois sur les conditions des esclaves. Ils voulaient ainsi éviter des révoltes ou encore le mélange des races. À cette époque, les Anglais se fient sur leur interprétation de la Bible pour justifier le statut et le traitement réservé aux esclaves.
Esclaves au travail dans une plantation de canne à sucre
Les navires marchands qui servaient au transport d'esclaves s'appellent négriers. Ces navires étaient conçus pour transporter facilement aussi bien les marchandises que les groupes d'esclaves. Les navires en provenance de l'Europe effectuaient un premier arrêt sur les côtes africaines. C'est là que les marchands échangeaient des biens contre des esclaves forts et en santé. Environ 600 esclaves étaient d'abord marqués au fer rouge pour ensuite se trouver enchaînés dans les cales des navires. Ils y étaient entassés, sans lit, sans eau, sans toilette et sans réelle possibilité de mouvement. La traversée de l'Atlantique pouvait durer ainsi entre 3 et 6 semaines pendant lesquelles tant les esclaves que les membres de l'équipage succombaient aux conditions de vie éprouvantes et non hygiéniques. Le taux de mortalité chez les esclaves était environ de 10 % à 20 %.
Plan général d'un navire négrier
Le transport d'esclaves africains vers l'Amérique a commencé dès le 16e siècle et a perduré jusqu'au 19e siècle. Au cours du 18e siècle seulement, des historiens ont estimé la quantité d'Africains transportés vers l'Amérique à environ 7,5 millions. Pour l'ensemble de cette période dans laquelle subsistait ce commerce d'esclaves, on parle de plus de 12 millions d'individus africains qui ont été vendus aux Européens par les rois africains et les marchands arabes. Les pays qui ont le plus acheté d'esclaves sont le Portugal, la Grande-Bretagne, l'Espagne et la France. Les Pays-Bas et les États-Unis se trouvent également dans ce triste palmarès.
La traite des esclaves vers les Amériques n'a pas été le seul commerce de ce genre. En effet, du 8e au 19e siècle, on ne compte pas moins de 17 millions d'esclaves ayant été envoyés vers le Moyen-Orient, l'Afrique du Nord et l'océan Indien.
Les maîtres des esclaves ne les ont jamais réellement traités avec pitié ou compassion. Ces sentiments étaient jugés inutiles puisque les esclaves n'étaient tout simplement pas considérés comme des humains. Pour les propriétaires des plantations, les esclaves n'étaient qu'une marchandise parmi d'autres dont on espère un bon fonctionnement et que l'on tient en inventaire.
Dès leur sélection à bord du navire, les familles peuvent être séparées en tout temps. Les maîtres des plantations vont sélectionner les meilleurs éléments sans jamais prendre en considération les liens qui unissent les parents et les enfants. Les esclaves habitaient sur les terres de leurs maîtres et vivaient à l'intérieur de petites maisons sans meuble dans lesquelles le sol servait de lit. Les conditions hygiéniques sont déficientes et plusieurs maladies infectieuses touchent de nombreux esclaves.
Les esclaves sont forcés de travailler de longues heures sur les plantations. Le travail est dur et éprouvant pour tous : hommes, femmes, femmes enceintes, enfants âgés d'à peine 10 ans. Pour subvenir à leurs besoins alimentaires, ils n'ont droit qu'à une alimentation pauvre : bananes, riz et ignames (légume racine ressemblant à la pomme de terre). Ils ne mangent pratiquement pas de viande. Cette alimentation est grandement insuffisante considérant les grosses tâches qu'ils doivent accomplir. Les esclaves n'ont droit qu'à une seule journée de congé par semaine. Pour se vêtir, ils reçoivent de nouveaux vêtements et deux chaussures qui doivent durer toute une année.
Sur les plantations, un intendant est chargé de contrôler le travail des esclaves. Il représente l'autorité et est donc en mesure de punir ses esclaves comme bon lui semble. De leur côté, les maîtres des esclaves ont tous les droits. Ils décident de l'éducation, de la religion et du travail. Dans certains cas, il est interdit pour les esclaves de parler de leur pays d'origine. De manière générale, les maîtres préféraient ne pas instruire leurs esclaves puisque, selon eux, un esclave instruit était un esclave dangereux.
Les maîtres leur enseignaient toutefois la religion afin qu'ils soient de bons chrétiens. Les esclaves n'apprenaient par contre rien par rapport au paradis ou à la grâce divine. Selon les maîtres, ces enseignements étaient inutiles puisque les esclaves n'y auraient pas accès.
Les propriétaires jouissaient également de tous les droits en matière de punition et de sévices corporels. La seule limite résidait dans le fait qu'ils devaient conserver la « marchandise » en état de fonctionner. Comme les esclaves n'étaient vus que comme des outils de travail, les maîtres devaient les punir lorsque le travail était insatisfaisant tout en s'assurant de conserver le capital précieux qu'ils représentaient. Parfois, les maîtres se réservaient le droit de punir des esclaves jusqu'à la mort. C'était la punition donnée lorsqu'un esclave frappait son maître.
Sévices corporels infligés à un esclave
À l'époque où la traite des esclaves a commencé, celle-ci s'imposait comme la manière facile de faire prospérer les richesses des métropoles. L'esclavage des Autochtones et des Noirs représente la manière de penser de l'époque. Pratiquement personne ne remettait la pratique esclavagiste en question, pas même les philosophes.
Toutefois, certains rois, dont le roi Louis XIV, ont jugé utile de créer une législation sur l'esclavage, mais le but n'était pas de l'interdire. À cette époque, il aurait été impossible de le faire sans se mettre à dos tous les riches, les marchands et la royauté. La première loi sur l'esclavage était française et a été élaborée par Colbert, un ministre de Louis XIV. Cette loi stipulait que les esclaves étaient des biens meubles que l'on devait éduquer dans la foi chrétienne.
Le Code Noir a été élaboré au 17e siècle afin d'établir clairement le statut juridique des esclaves. Ce code, loin de défendre l'identité propre de l'esclave, fixe son statut de marchandise qui doit obéissance à son maître. Le texte a d'ailleurs longtemps été utilisé pour défendre et justifier les sévices imputés aux esclaves et aussi rendre criminelle leur liberté.
L'esclavage a enrichi les propriétaires de plantations jusqu'au 19e siècle, époque où la traite a été officiellement abolie. Pendant toutes ces années pourtant, les pratiques esclavagistes ont freiné le développement technique. En effet, comme les maîtres profitaient d'une main-d'œuvre pratiquement illimitée, ils ne cherchaient pas nécessairement les moyens de rentabiliser les récoltes en fournissant moins de travail. Malgré les leçons de l'histoire, l'esclavage a encore cours dans certains pays de nos jours.