Un récit historique est un mélange de fiction et de réalité historique.
En mettant en scène le passé, les auteurs nous livrent leur interprétation personnelle de l'histoire puisqu'ils remplissent les trous laissés par les documents officiels, ce qu'un historien ne peut pas faire.
Les récits historiques sont souvent hybrides, c'est-à-dire qu'ils combinent plusieurs univers narratifs simultanément. Par exemple, le roman Notre-Dame de Paris de Victor Hugo est un roman historique qui comporte sa part de fantastique, d'amour et d'aventures.
Pour qu'un récit soit qualifié d'historique, un certain temps doit s'être écoulé entre les évènements réels et la publication du récit. Certains disent même qu'il ne doit plus rester de survivants aux évènements pour qu'un récit soit considéré comme historique.
Les récits historiques empruntent à l'Histoire une partie plus ou moins grande de son contenu. Ce peut être, par exemple, un personnage, des évènements, des lieux, etc. ou tout cela à la fois. Selon le degré d'emprunt à l'Histoire et la portion de fiction incluse dans le récit, le type de récit historique peut varier.
Une biographie romancée est un récit qui se colle beaucoup à la réalité. On y raconte l'histoire d'une personne ayant réellement vécu, et ce, de sa naissance à sa mort.
L'auteur se permet quelques libertés dans les pensées du personnage et dans ses discussions avec les autres, mais les lieux, les évènements, les discours officiels sont habituellement véridiques.
Une biographie romancée a plus souvent pour but de rappeler un personnage historique important à la mémoire des gens, voire même de révéler un héros oublié.
Sarah Cohen-Scali a publié l'œuvre romancée Arthur Rimbaud, le voleur de feu qui raconte la vie du poète. Cette auteure s'est inspirée d'ouvrages historiques et elle a inventé certains évènements.
Les auteurs de biographies romancées privilégient parfois le côté romanesque à la véracité des évènements. C'est ce qui distingue ce type de récit d'une biographie savante.
Une saga historique est un ensemble de tomes relatant le récit d'une même famille (inventée ou réelle) se déroulant sur plusieurs générations. Elle peut aussi raconter l'histoire de personnages dont les destins s'entrecroisent.
Jean M. Auel a rédigé la saga historique Les Enfants de la Terre qui présente les réalités d'une jeune fille de Cro-Magnon qui se voit prise en charge par une tribu composée d'hommes de Néandertal.
Le roman historique met en scène un personnage réel ou fictif dans des évènements ayant eu lieu dans le passé. L'Histoire est alors vécue à travers les émotions et la vision de ce personnage. Le roman historique est donc plus personnel, plus subjectif et comporte plus d'anachronismes.
Edward Bulwer-Lytton est l'auteur du roman historique Les Derniers Jours de Pompéi racontant l'éruption du Vésuve et la destruction de Pompéi en l'an 79.
Un genre se prête bien au récit historique : le roman.
Un anachronisme est une erreur, voulue ou non, qui consiste à déplacer un élément d'une époque à une autre.
Dans un roman qui se déroule au Moyen Âge, la langue utilisée est le français contemporain et non l'ancien français, ce qui est, en somme, un anachronisme de langage.
L'Histoire est complexe. Par exemple, la Seconde Guerre mondiale a fait environ 60 millions de morts ainsi qu'un nombre incalculable de blessés et de disparus, ce qui fait des possibilités infinies d'histoires à raconter. Les auteurs ne peuvent espérer tout raconter lorsqu'ils écrivent sur un sujet historique. Ils doivent donc faire des choix littéraires, c'est-à-dire qu'ils doivent discriminer, simplifier et réorganiser certains évènements, personnages, lieux et faits historiques qui ne servent pas leur histoire.
De plus, si l'histoire est racontée du point de vue d'un personnage, l'auteur doit tenir compte de ce que celui-ci était susceptible de savoir. Par exemple, si un auteur raconte l'histoire de la Guerre de la Conquête du point de vue de Montcalm, il doit prendre en considération qu'il est impossible que ce dernier ait été au courant des stratégies militaires et des réflexions de Wolfe.
Les choix que l'auteur fait lors de son processus d'écriture l'amènent, parfois, à trahir la réalité historique. C'est le cas, entre autres, lorsque l'Histoire est racontée du point de vue d'un personnage.
Ce qu'un personnage connait peut être loin de la réalité ou ne représenter qu'une portion de celle-ci.
Les notions abordées dans la partie qui suit sont plus complexes que celles qui sont enseignées au secondaire. Il s'agit ici d'un complément pour ceux qui sont curieux d'en savoir plus.
On estime que le récit historique nait au Moyen Âge, vers le XIIe siècle, avec Le roman d'Alexandre et Le roman de Thèbes. À cette époque, on écrit surtout à propos de l'Antiquité, du monde des Francs ou de l'histoire d'Angleterre. Le récit historique est alors un roman épique mettant de l'avant les valeurs chevaleresques (courage, courtoisie, honneur, gloire, prouesse, engagement, valeurs chrétiennes, etc.) supposées d'un personnage célèbre. Il s'adresse de prime abord à la petite et à la moyenne noblesse.
En 1453, la chute de Constantinople amène les intellectuels de l'Empire romain d'Orient à migrer vers l'Europe. Amenant avec eux quantité de livres et de savoirs liés à l'Antiquité, ils auront une influence notable sur les grands esprits européens de l'époque. C'est suite à cela que prennent naissance les courants de la Renaissance et de l'Humanisme au cours des siècles subséquents. Ces courants culturels auront une influence sur la littérature et sur la société de l'époque. Ainsi, le récit historique évolue en même temps que la société. En effet, les auteurs se collent davantage aux faits réels et le récit historique, qui parait dans une forme plus courte, n'a plus pour but de promouvoir les faits d'armes d'un seigneur en particulier. C'est le cas, entre autres, de La princesse de Clèves (1678).
Le genre du roman historique nait vers le XIXe siècle avec Sir Walter Scott qui écrit Ivanhoé (1819). Le genre aborde alors davantage des sujets comme le peuple, les mœurs, les croyances, la confrontation des classes sociales, la nation, etc.
Le roman historique est très populaire jusqu'en 1950, puis sa popularité décline avant de reprendre du poil de la bête vers 1980.
Le récit historique apparait souvent lors de la naissance d'une nation, on l'appelle alors le récit fondateur. Le peuple se dote alors de héros, pose les bases de son histoire, de ses valeurs, etc. Le récit historique sert à jeter les bases de l'identité nationale.
Au Québec, il faut attendre le rapport Durham, dans lequel ce dernier explique que les Canadiens français forment « un peuple sans histoire et sans littérature », avant que les récits historiques fassent leur apparition. Offusqués, les Canadiens français se sont alors mis à écrire pour prouver à Lord Durham qu'il avait tort. On retient surtout les œuvres de François-Xavier Garneau qui a écrit L'Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours (1845) et de Philippe Aubert de Gaspé qui a rédigé Les anciens Canadiens (1863).
De plus en plus, les auteurs de récits historiques se permettent de distordre le passé afin d'en offrir une nouvelle vision, plus actuelle. Les femmes sont aussi plus souvent représentées (comme personnage principal ou secondaire), mais leur personnalité et leurs valeurs sont souvent anachroniques. Ainsi, l'influence du présent sur la vision que l'on a du passé a pour but de susciter une réflexion chez les lecteurs contemporains.
Alexandre Dumas père (1802-1870) : Acté, Le Chevalier d'Harmental, Les Trois Mousquetaires, Le Comte de Moret, Vingt ans après, Le Vicomte de Bragelonne, La Reine Margot
Alfred Victor Vigny (1797-1863) : Cinq-Mars, Stello
Arthur Conan Doyle (1859-1930) : La Compagnie blanche, La Grande Ombre, L'Oncle Bernac
Charles Dikens (1812-1870) : Barnabé Rudge, Le Conte de deux cités
Eugène Sue (1804-1857) : Les mystères du peuple, Latréaumont, Jean Cavalier, La Faucille d'or
François-René de Chateaubriand (1768-1848) : Les Martyrs
François-Xavier Garneau (1809-1866) : L'Histoire du Canada
Honoré de Balzac (1799-1850) : Les Chouans, Le Réquisitionnaire
Ken Follet (1949- ) : Les Piliers de la Terre, La Chute des géants, L'Hiver du monde, Aux portes de l'éternité, Un monde sans fin, etc.
Louis Aragon (1897-1982) : La Semaine Sainte
Madeleine de Scudéry (1607-1701) : Clélie, histoire romaine
Marguerite Yourcenar (1903-1987) : Mémoires d'Hadrien
Maurice Druon (1918-2009) : Les Rois maudits, Les Mémoires de Zeus
Philippe Aubert de Gaspé (1786-1871) : Les anciens Canadiens
Stendhal (1783-1842) : La Chartreuse de Parme
Umberto Eco (1932-2016) : Le nom de la rose, Baudolino
Victor Hugo (1802-1885) : Notre-Dame de Paris, L'Homme qui rit, Quatrevingt-treize
Walter Scott (1771-1832) : Waverly, Rob Roy, Ivanhoé, Quentin Durward