Un procédé d’écriture est un moyen d’expression employé par un auteur ou une autrice dans un but particulier. Il permet, entre autres, de faire ressortir un élément précis du texte (caractéristique d’un personnage, thème, sujet, valeur, etc.) ou de créer un effet (poétique, humoristique, dramatique, etc.). Il s’agit donc d’une manière d’écrire qui contribue à personnaliser un texte et à lui donner du sens. On en retrouve dans tous les types de textes.
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Tu cours à la vitesse de l’éclair.
Dans cet exemple, l’hyperbole est un procédé d’écriture qui amplifie la vitesse de la course. -
Comme tu cours vite!
Dans cet exemple, la phrase exclamative est un procédé d’écriture qui fait ressortir l’étonnement. -
Tu dois courir plus vite.
Dans cet exemple, le verbe dois, un auxiliaire de modalité, est un procédé d’écriture qui démontre le point de vue de l’énonciateur ou de l’énonciatrice.
L’utilisation des procédés d’écriture dans un texte permet de le personnaliser. De plus, le repérage et l’identification des procédés d’écriture ainsi que leur analyse touchent les quatre dimensions de la lecture.
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La réaction
Remarque : Repérer les procédés d’écriture permet aussi de faire une analyse littéraire (notion avancée).
On retrouve des procédés d’écriture dans tous les types de texte. Par contre, certains sont spécifiquement liés à un type de texte particulier. Par exemple, dans un texte poétique, le vers et la rime sont des procédés plus fréquemment utilisés.
Pour en savoir plus sur les particularités propres à chaque type, consulte les fiches suivantes : Textes courants et Textes littéraires.
Comme il existe plusieurs procédés d’écriture, ils sont généralement classés par catégories. Voici les principales.
Les procédés d’énonciation sont des moyens employés pour communiquer un énoncé ou transmettre un message dans une situation de communication. Ils permettent, entre autres, de comprendre qui énonce les propos, à qui le message est destiné, et dans quel but et dans quel contexte il est énoncé.
Voici les principaux procédés d’énonciation.
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La modalisation et les marques énonciatives liées à l’énonciateur ou l’énonciatrice (celui ou celle qui émet le message) : auteur ou autrice, narrateur ou narratrice, ou personnage (par le biais d’un discours rapporté direct ou indirect)
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Les marques énonciatives liées au destinataire (celui ou celle à qui le message est destiné)
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Les marques liées au cadre spatiotemporel du texte et au contexte de production
« Ce que tu peux faire
Tu peux entreprendre plusieurs actions pour aider à protéger la biodiversité à partir de chez toi! Il est entre autres possible de transformer ton jardin en habitat en y plantant des végétaux dont raffolent certains insectes comme les abeilles et les papillons. »
— Peut-on sauver des espèces en péril?, Lina Heckenast[1]
Dans cet extrait d’article, on retrouve des marques énonciatives, soit les pronoms personnels, tu et toi, et le déterminant possessif, ton. Ces procédés d’énonciation permettent d’interpeller un destinataire adolescent.
Les procédés stylistiques sont des moyens employés pour exprimer une réalité de façon imagée. Ils créent divers effets stylistiques.
Les figures de style sont les principaux procédés stylistiques.
« Ma peau est rouge suçon aux cerises, rouge crabe, rouge homard d’Ogunquit. J’ai passé huit heures à siffler dans un sifflet, à me crémer le nez, à crémer le dos des autres, à regarder des enfants se baigner et faire pipi dans l’eau, à désinfecter des bobos de petit gars qui courent autour de la piscine à vagues. Huit heures dans la lune, à cuire. J’étais dans la lune parce que je souhaitais fort qu’il se passe quelque chose et ça m’occupait la tête au complet, quelque chose qui changerait mon moi, mon quotidien, mes jours d’été, mes nuits aussi. »
— Cœur de slush, Sarah-Maude Beauchesne[2]
Dans cet extrait de roman, on retrouve, entre autres, des énumérations et des répétitions. Ces procédés stylistiques amplifient et insistent sur le manque de plaisir qu’éprouve la narratrice dans son travail d’été.
Les procédés musicaux sont des moyens employés pour créer du rythme ou des jeux de sonorités dans un texte. Ils peuvent aussi éveiller des émotions ou créer des images.
Voici les principaux procédés musicaux.
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La rime et ses dispositions
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La répétition et l’anaphore (figures de style)
« J’ai 12 ans, maman
J’ai pas beaucoup d’temps
J’sais pas si tu comprends
Comment j’me sens
Quand j’vois passer des fusées dans l’firmament
J’me dis qu’on va y goûter avant longtemps »
— J’ai douze ans, Diane Dufresne[3]
Dans cet extrait de chanson, on retrouve une assonance et des rimes continues construites à partir du son an. Ces procédés musicaux créent un rythme répétitif entre les vers. Ainsi, l’accent mis sur le son an, qui évoque les mots an ou année, permet de faire ressortir la thématique principale de cette chanson, soit l’angoisse associée au fait de vieillir.
Les procédés lexicaux correspondent au choix des mots dans un texte. Ils permettent de créer différents effets ou de faire ressortir, par exemple, un thème ou une caractéristique d’un personnage.
Voici les principaux procédés lexicaux.
« Voyons donc, Maurice! Tout le monde dépend peut-être de toé dans le boutte, mais toé aussi tu dépends du monde! Tout le monde tremble devant toé parce que tu peux leur faire du mal, mais des fois, j’me demande si tu trembles pas devant tout le monde pour les mêmes raisons! Moé, par exemple. Si j’décidais de sacrer mon camp pour de bon, pis si j’irais conter à tu sais qui tout c’que je sais, t’arais pas peur, Maurice? »
— Sainte Carmen de la Main, p. 30, Michel Tremblay[4]
Dans cet extrait de pièce de théâtre, on retrouve plusieurs mots et expressions appartenant à la langue populaire. Ce procédé lexical accentue la colère de Carmen et crée un effet de réalisme dans les propos de ce personnage québécois des années 70 issu d’un milieu populaire.
Les procédés grammaticaux et syntaxiques correspondent au choix des classes de mots utilisées et à la construction des phrases dans le but de créer différents effets.
Voici les principaux procédés grammaticaux.
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Le choix des classes de mots et de leurs sortes (déterminants définis, déterminants possessifs, pronoms démonstratifs, pronoms indéfinis, noms, etc.)
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Le choix des sortes de verbes, de leur mode et de leur temps
Voici les principaux procédés syntaxiques.
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Les types de phrases
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La coordination, la juxtaposition et la subordination
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La longueur des phrases (courtes ou longues)
« - Des lésions?
- Et c’est… c’est grave, ça, des lésions au cerveau?
- En fait, le scan révèle une atrophie cérébrale diffuse, principalement, dans la région frontale. Un DMC, ou déficit moteur cérébral.
- C’est quoi ça?
- Eh bien, c’est…
Heu… une paralysie cérébrale. »
— Le petit astronaute, p. 43, Jean-Paul Eid[5]
Dans cet extrait d’album, on retrouve une suite de phrases interrogatives. Ce procédé syntaxique accentue l’incompréhension des parents lors d’une annonce médicale difficile.
Les procédés de ponctuation correspondent aux différents signes de ponctuation que l’on peut retrouver dans un texte. Leur usage peut, entre autres, créer des liens entre les idées ou les termes d’un texte, préciser des intonations, marquer un changement d’interlocuteur ou créer différents effets.
Voici les principaux signes de ponctuation pouvant être employés comme procédés de ponctuation.
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Le point
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Le deux-points
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La virgule
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Les guillemets
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Les parenthèses et les crochets
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Le tiret
« Tu peux prendre ce qui suit comme le journal de mon amour pour toi. Ou l’objet de ta haine pour moi. À ta guise. Tu es libre.
Moi, je suis mort(e). Je ne suis qu’un(e) amoureux(euse) résolument mort(e). »
— L’enfant mascara, p.13, Simon Boulerice[6]
Dans cet extrait de roman, on retrouve des parenthèses qui forment des doublets abrégés. Ce procédé de ponctuation permet d’appuyer le fait que le narrateur est confus par rapport à la manière de s’identifier. Il fait donc ressortir le thème de la transidentité.
Les tons, parfois appelés tonalités, correspondent à l’ensemble des moyens employés pour créer une atmosphère dans un texte. Il faut donc nécessairement employer un ensemble de procédés d’écriture pour former un ton.
Voici les principaux tons que l’on peut retrouver dans un texte.
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Le ton ironique
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Le ton poétique
« Voilà maintenant un mois que Binette vit chez moi. Elle ne me quitte plus d’un pas ni d’un doigt. Tellement que j’ai dû taper cette dernière phrase deux fois, parce que ses pattes l’ont effacée, en pianotant sur mon clavier. Juré craché. Elle ronronne comme un petit moteur d’avion. Un avion qui ne décolle pas, mais qui se colle dans mes bras. Elle s’inclut dans toutes les activités : les dîners, les soupers, les Zoom, et tente d’attraper la rondelle durant les matchs de hockey. Bref, bientôt, ce ne sera plus chez moi, ce sera chez elle. Je crois même que ce l’est déjà. »
— Le nouveau chat (qui est une chatte), Stéphane Laporte[7]
Dans cet extrait de chronique, on retrouve un ton humoristique qui fait sourire le lectorat par rapport aux comportements d’un nouvel animal de compagnie. Pour le créer, le journaliste a, entre autres, employé des procédés stylistiques (hyperbole, comparaison, antithèse, énumération), des procédés lexicaux (expression familière) et des procédés liés à l’énonciation (marques énonciatives de l’énonciateur).
Les procédés d’écriture permettent de créer différents effets ou de faire ressortir des éléments précis d’un texte. Il est alors utile de les interpréter pour en tirer du sens. Pour ce faire, il faut lier le procédé d’écriture utilisé au contenu du texte. En d’autres mots, il faut interpréter le texte en associant la façon dont il est écrit (la forme) aux propos qui y sont dits (le fond).
Dans cet extrait de roman, on emploie des procédés d’écriture. On peut constater que plusieurs sont liés au thème de la détresse et permettent de mettre l’accent sur les émotions vécues par le personnage principal qui se retrouve sans domicile fixe.
« Notre première nuit dehors, le centre-ville était si désert qu’on aurait dit que mon braillage résonnait dans tout Montréal, qu’il rebondissait d’immeuble en immeuble, de porte barrée en fenêtre fermée... p’têt’ jusqu’à elle.
Sam m’a donné sa patte et elle m’a regardé. Dans le noir, je voyais juste ses yeux orange qui réflétaient la lumière d’un lampadaire.
J’ai mis ma tête dans son cou et je l’ai tenue comme quand j’étais flo et que je m’endormais en pleurant sans vraiment savoir la raison, en serrant mon toutou. On pourrait croire que rendu adulte j’aurais su pourquoi je pleurais, mais non. Y avait trop de choses, beaucoup trop de choses. Tellement qu’il a fallu que j’en choisisse une.
“J’ai plus de maison.”
Je sanglotais vraiment, pour la première fois depuis trop longtemps. C’était du sérieux laisser-aller. Y avait personne pour me dire de me ressaisir et qu’y avait pire que moi. Y avait personne pour me dire qu’il était là, alors que je filais tellement seul que j’étais rendu vide et sec en dedans. J’ai répété pourquoi moi? dans ma tête tant de fois que je crois que j’ai fini par le demander tout haut. »
— Chercher Sam, p. 22-23, Sophie Bienvenu[8]
Catégorie de procédé d’écriture |
Principal procédé employé et son effet |
Procédé lié à l’énonciation |
Les marques énonciatives du narrateur (personnage principal) donnent accès aux pensées et aux émotions du personnage. |
Procédé stylistique |
Les hyperboles amplifient le fait que le narrateur pleure énormément. |
Procédé de ponctuation |
Les points de suspension laissent penser que les pleurs du narrateur pourraient résonner encore plus loin, au point qu’il s’imagine qu’ils puissent aller jusqu’à elle. |
Procédé lexical |
Le champ lexical de la tristesse appuie le thème de la détresse vécue par le narrateur. |
Procédé grammatical et syntaxique |
La phrase interrogative met en valeur l’incompréhension et l’impuissance du narrateur par rapport à sa situation. |
Ton |
Le ton dramatique, créé par l’ensemble des procédés d’écriture, amplifie la détresse du narrateur. |
Remarque : Cet extrait contient plusieurs autres procédés d’écriture qui auraient pu être interprétés.
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Heckenast, L. (2023, 2 mars). Peut-on sauver des espèces en péril? Radio-Canada. https://ici.radio-canada.ca/jeunesse/maj/1960211/animaux-plantes-extinction-menace-biodiversite
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Beauchesne, S.-M. (2014). Cœur de slush. Éditions Hurtubise.
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Dufresne, D. (1979). J’ai douze ans. [Enregistrement sonore]. Strip Tease, Barclay.
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Tremblay, M. (1989). Sainte Carmen de la Main. Éditions Leméac.
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Eid, J.-P. (2021). Le petit astronaute. Éditions de La Pastèque.
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Boulerice, S. (2016). L’enfant mascara. Éditions Leméac.
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Laporte, S. (2023, 21 janvier). Le nouveau chat (qui est une chatte). La Presse. https://www.lapresse.ca/actualites/chroniques/2023-01-21/le-nouveau-chat-qui-est-une-chatte.php
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Bienvenu, S. (2015). Chercher Sam. Éditions Le Cheval d’août.