En 1969, le Chili, pays situé près de la grande ceinture de feu et fréquemment secoué par des séismes, abrite 10 millions d’habitants, dont 2 millions habitent Santiago, la capitale. La production de cuivre est la seule production chilienne réellement rentable. Ce cuivre est considéré comme le meilleur au monde. Le Chili produit également beaucoup de vin, mais il ne l’exporte pas.
En 1932, il y a une tentative qui vise à nationaliser la production de cuivre et de charbon. Celle-ci a duré seulement 13 jours, après quoi les dirigeants ont mis l’idée de côté.
Des élections se préparent au Chili à la fin de 1969. Les États-Unis voient la popularité du parti de gauche grimper et ils craignent que l’élection de ce parti n’annonce la mise en place d’un régime communiste en Amérique du Sud. Il faut souligner que les États-Unis observent la situation politique au Chili depuis 1965. Cet espionnage politique permet à Washington de prédire que le parti de gauche de l’Unité populaire, dirigé par Salvador Allende, remportera les élections. Un groupe de militaires chiliens et américains planifie alors de prendre le pouvoir par la force si jamais le Parti de l’Unité populaire remporte les élections. Les Américains sont prêts à encourager les militaires chiliens parce qu’ils représentent mieux les intérêts américains. Plusieurs agences des États-Unis, telles que la CIA, ont participé à la planification du coup d’État.
Le 4 septembre 1970, Salvador Allende est élu. Le plan organisé par les militaires et les États-Unis n’a toutefois pas été mis en œuvre. Une partie de ce plan a été découverte. De plus, certains experts jugent que le plan ne tient pas compte de la situation réelle du Chili.
Le parti de l’Unité populaire manifeste le désir de marquer l’indépendance du pays en politique internationale. Il a également élaboré plusieurs résolutions économiques qui sont appliquées durant leur première année au pouvoir.
Source : Salvador Allende [Photographie], Biblioteca del Congreso Nacional - Chile, entre 1970 et 1973, Wikimedia commons, (URL). CC BY-SA 3.0 CL
Durant la première année au pouvoir, 47 entreprises privées sont nationalisées et l’agriculture est réformée en misant sur la propriété sociale. Allende a ainsi réussi à mettre un frein à l’inflation, à atteindre le plein emploi et à augmenter les salaires de 40 %. Toutes ces réformes sont réalisées au bénéfice de la petite bourgeoisie et des classes sociales intermédiaires et au détriment de la classe financière et des investisseurs étrangers. Comme les réformes sont bénéfiques pour la classe prolétaire (classe ouvrière), cette dernière n’est pas en faveur d’un coup d’État.
Le plein emploi fait référence à la situation du marché du travail d’un pays lorsque toutes les personnes de la population active occupent un emploi.
Le Parti de la démocratie chrétienne n’appuie pas non plus un possible coup d’État. Ce parti mise plutôt sur des moyens démocratiques pour renverser le gouvernement. En ce sens, il mise sur le fait de gagner des sièges à l’élection de mars 1973, de nuire au gouvernement et de destituer le président par une majorité de sièges au parlement. Ce parti est ancré dans toutes les classes sociales, du prolétariat (classe ouvrière) à la bourgeoisie. Le Parti de la démocratie chrétienne s’est allié au Parti national d’extrême droite qui contrôle le Congrès.
Face aux nombreuses expropriations qui nuisent aux intérêts économiques américains, les États-Unis imposent un blocus économique au Chili. Cela fait en sorte que le Chili ne reçoit plus certaines ressources qu’il importait et qui lui sont nécessaires pour subvenir aux besoins de la population. Peu après le début du blocus, le Chili manque de blé et d’autres ressources. Pour aider le Chili, l’Union soviétique envoie du blé en passant par l’Australie. De plus, elle fait des prêts bancaires au Chili en passant par les banques européennes. Cuba collabore également en expédiant du sucre au Chili.
Les envois effectués par les pays alliés ne sont toutefois pas suffisants et la population commence à critiquer le régime de l’Unité populaire. Des manifestations sont organisées. Allende sent que le contrôle lui glisse des mains et qu’il perd des appuis importants.
Cette perte de popularité n’a pas été suffisamment forte pour empêcher Allende d’être réélu avec une majorité écrasante en mars 1973. Après cette élection, le Parti de la démocratie chrétienne réalise que la voie légale n’est pas suffisante pour changer la situation politique du Chili. L’opposition, pour prendre des forces, s’allie avec tous les mouvements de contestation intérieurs et extérieurs. Le gouvernement, alors sans ressources, est tiraillé, hésite et, surtout, craint l’éclatement d’une guerre civile.
Une grève des camionneurs paralyse tout le pays. Recevant du financement de l’extérieur du pays (dont une partie provenant de la CIA), les camionneurs maintiennent la grève suffisamment longtemps pour provoquer l’effondrement de l’économie chilienne. Dans tout le pays, il n’y a plus de pain, de lait ou d’huile.
Le coup d’État de 1973 se prépare et pour cela, l’opposition met en place de nouveaux officiers dans la direction militaire. Ces officiers sont ceux qui ont participé à la préparation du coup d’État en 1969. La tension est de plus en plus forte entre le gouvernement qui craint de perdre le contrôle et l’armée. On accuse Allende de limiter le pouvoir de la démocratie.
Une junte militaire, commandée par Augusto Pinochet, attaque le palais présidentiel le 11 septembre 1973. Salvador Allende décède pendant cette attaque. Plusieurs personnes croient qu’il a été assassiné alors que les officiers militaires affirment qu’il s’est suicidé. C’est 39 ans plus tard que la Cour d’appel de Santiago confirme officiellement la thèse voulant que Salvador Allende se soit enlevé la vie le 11 septembre 1973 (Agence France-Presse, 2012).
Une junte militaire est un groupe militaire qui prend le pouvoir par la force et dirige un pays de manière autoritaire.
Après l’attaque du palais présidentiel, l’état d’urgence est proclamé. Cette décision implique la fermeture du Congrès, l’interdiction des syndicats, la censure de la presse, l’abolition de la constitution et l’instauration d’un couvre-feu. Tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains de l’armée et du nouveau président, Pinochet, qui contrôle à la fois la justice et l’armée.
Aussitôt le nouveau gouvernement en place, toutes les entreprises qui étaient nationalisées sont privatisées à nouveau. Les exportations reprennent et les capitaux étrangers sont en hausse. Ces décisions mettent fin à l’inflation, croissante depuis le blocus américain. La croissance économique du Chili reprend. La politique économique mise en place est libérale.
Le régime d'Augusto Pinochet est considéré comme une dictature militaire. Il instaure, entre autres, une forte censure de la littérature et des arts.
Source : Augusto Pinochet Ugarte [Photographie], autour de 1974, Ministerio de Relaciones Exteriores de Chile, Wikimedia commons, (URL). CC BY 2.0 CL
En 1982, une forte crise économique ébranle le pays. Sentant augmenter les critiques face à son régime, Pinochet autorise les autres partis politiques en 1987. Il autorise également les exilés à revenir et il diminue la censure exercée.
En 1988, Pinochet organise un vote dans lequel il demande à la population de lui octroyer le droit d’étendre sa présidence jusqu’en 1997. La population vote « non » à 55 %. Ne pouvant étirer sa présidence, Pinochet accepte de tenir de nouvelles élections présidentielles en 1989. Lors de ces élections, c’est le démocrate-chrétien Patricio Alywin Azocar qui prend le pouvoir. Pinochet reste tout de même commandant de l’armée de terre jusqu’en 1998. Il est arrêté en 1998 afin d’être jugé pour les injustices et les exécutions perpétrées pendant son règne. Toutefois, pour différentes raisons, il ne sera jamais jugé pour ces crimes.
Si tu veux en savoir plus sur les évènements qui ont suivi l’arrestation d’Augusto Pinochet, consulte l’article Les rebondissements de l’affaire Pinochet (1998-2006).
Agence France-Presse. (2012, 11 septembre). Mort d’Allende : une enquête qui aura duré 39 ans. La Presse. https://www.lapresse.ca/international/amerique-latine/201209/11/01-4573036-mort-dallende-une-enquete-qui-aura-dure-39-ans.php
Biblioteca del Congreso Nacional - Chile. (Entre 1970 et 1973). Salvador Allende [Photographie]. Wikimedia commons. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Allende_1970-1973.jpg
Ministerio de Relaciones Exteriores de Chile. (Environ 1974). Augusto Pinochet Ugarte [Photographie]. Wikimedia commons. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Augusto_Pinochet_foto_oficial.jpg