La première phase d’industrialisation se met en place au cours des années 1850 au Canada-Uni. La majorité des premières industries s’installent près des cours d’eau et dans les grandes villes comme Montréal et Québec (au Bas-Canada) et Toronto (au Haut-Canada). En effet, cette situation géographique est idéale pour le transport par bateau des différentes ressources et produits fabriqués dans les industries.
De nouvelles machines sont développées, permettant d’augmenter la rapidité de production des ouvriers. En conséquence, plus de produits peuvent être fabriqués plus rapidement. De plus, les ouvriers n’ont plus vraiment besoin d’être qualifiés; ils doivent seulement comprendre le fonctionnement de la machine afin d’exécuter une tâche. C’est ce qu'on appelle la mécanisation de la production.
Un nouveau système économique, soit le capitalisme industriel, se développe avec cette phase d’industrialisation. Les investisseurs ont besoin de capitaux puisqu’il faut construire des usines, payer les travailleurs et acheter des machines afin de pouvoir commencer à produire. Ces investisseurs sont des bourgeois qui se sont enrichis avec le commerce du bois. Leur origine est autant britannique que canadienne.
Dans un système de capitalisme industriel, les investisseurs contrôlent la production et vendent les produits dans le but de générer des profits. Avec ces profits, ils peuvent réinvestir en construisant de nouvelles usines ou en achetant de nouvelles machines pour générer encore plus de profits. L’objectif principal des investisseurs est de faire toujours plus de revenus que l’argent qui avait été investi initialement. Il est important de noter que dans le capitalisme industriel, les propriétaires sont les seuls à profiter de la rentabilité de l’industrie, alors que les ouvriers obtiennent un très petit salaire en échange du travail accompli. Les conditions des travailleurs sont généralement misérables. Les journées sont très longues et les accidents au travail sont réguliers.
Source : Drehen zu Beginn [Illustration], Leipziger Illustrierte Zeitung, 1849, Wikimedia Commons, (URL). CC0 1.0
Plusieurs banques sont créées au cours des années 1850 et 1860 afin de prêter de l’argent aux investisseurs. La Bourse de Montréal est aussi créée au cours de ces mêmes années, celle-ci permettant l’arrivée de nouveaux capitaux pour des industries.
La première phase d’industrialisation apporte de grands changements dans la fabrication des biens. Avant cette période, l’artisan était un ouvrier spécialisé dans son domaine qui fabriquait ses produits à la main avec ses outils.
Avec l’industrialisation, les biens sont produits beaucoup plus rapidement. La fabrication des biens se fait en plusieurs étapes et chaque ouvrier s’occupe d’une étape. C’est ce qu'on appelle une chaine de production.
Source : La nouvelle façon : 300 paires par jour, 1880 [Encre sur papier et gravure sur bois], Walker, J. H., 1880, Musée McCord, (URL). CC BY-NC-ND
Deux types d’industries se développent au cours de cette période d’industrialisation. La première est l’industrie légère. Les secteurs de production de cette industrie sont l’alimentation, le cuir, le textile et le bois. Il y a donc beaucoup de boulangeries, d'usines à chaussures, à cigares et à cigarettes ainsi que d'usines où le coton est travaillé. Le nom « industrie légère » est employé parce que les produits conçus sont prêts à être utilisés ou consommés par des individus.
Nécessitant des ouvriers peu formés qui sont donc facilement remplaçables, ces derniers ont droit à un salaire très bas. En plus des hommes, on recrute souvent des femmes et des enfants pour travailler dans ces usines.
Source : Salle de peigneuses Heilmann pour la laine [Illustration], Barclay, A. K., 1889, Wikimedia Commons, (URL). CC0 1.0
Le deuxième type d’industrie, l’industrie lourde, engage des travailleurs spécialisés qui gagnent un meilleur salaire. Le fer et l’acier sont les principales matières premières qui sont utilisées, puisqu’on s’en sert pour fabriquer des wagons, des rails et des locomotives, dont la demande est forte en raison du développement du réseau de chemins de fer. Dans le cas de l’industrie lourde, les produits ne sont pas conçus dans le but d’être utilisés par des individus, mais plutôt par des entreprises ou des gouvernements.
Les industries produisent beaucoup de marchandises. Celles-ci doivent être transportées dans les villes de la Province du Canada, mais aussi aux États-Unis pour être vendues. Grâce au Traité de réciprocité, la Province du Canada vend énormément de marchandises et de ressources aux États-Unis. Afin de transporter ces produits, plusieurs canaux et écluses sont construits pour développer le transport maritime. Ces moyens de transport ne peuvent pas être utilisés durant l’hiver en raison du climat. D’autres moyens sont alors envisagés, dont la construction d’un grand réseau de chemin de fer. Celui-ci permettrait à la Province du Canada de transporter les marchandises d’une manière particulièrement efficace.
Source : Locomotive et ravitailleur du chemin de fer du Grand Tronc, QC, vers 1870 [Photographie], Notman, W., 1860-1880, Musée McCord, (URL). CC BY-NC-ND
Cependant, ce projet ne peut être réalisé par n’importe qui, puisqu’il s’annonce très couteux. Étant capable d’investir les capitaux nécessaires, la compagnie du Grand Tronc s’en charge. Ainsi, les Grands Lacs et Rivière-du-Loup sont reliés grâce à une ligne de chemin de fer qui passe par Montréal. Cette ligne de chemin de fer permet aux industries de Toronto et de Montréal de se développer encore plus rapidement. Vers la fin des années 1870, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick se joignent au grand réseau de transport du Grand Tronc pour former l’Intercolonial.
La construction du réseau de chemin de fer permet de transporter rapidement les matières premières vers les industries. Ensuite, on fabrique les produits en usine et on les transporte vers les marchés où ils sont vendus.
En plus de l’amélioration du réseau de navigation et de la construction des lignes de chemin de fer, de nombreuses routes et des ponts sont construits pour relier plusieurs régions aux grandes villes. Les régions forestières bénéficient grandement de ces projets.
Barclay, A. K. (1889). Salle de peigneuses Heilmann pour la laine [Illustration]. Wikimedia Commons. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Armand_Kohl48.jpg?uselang=fr
Leipziger Illustrierte Zeitung. (1849). Drehen zu Beginn [Illustration]. Wikimedia Commons. https://de.wikipedia.org/wiki/Datei:1849_%E2%80%9EDrehen_zu_Beginn%E2%80%9C_am_Beispiel_der_Maschinenbauanstalt_Maffei..jpg
Notman, W. (1860-1880). Locomotive et ravitailleur du chemin de fer du Grand Tronc, QC, vers 1870 [Photographie]. Musée McCord. http://collections.musee-mccord.qc.ca/scripts/large.php?Lang=2&accessnumber=VIEW-1211.1&idImage=156256#description
Walker, J. H. (1880). La nouvelle façon : 300 paires par jour, 1880 [Encre sur papier et gravure sur bois]. Musée McCord. http://collections.musee-mccord.qc.ca/scripts/viewobject.php?Lang=2§ion=196&accessnumber=M930.50.5.142&imageID=303037&pageMulti=1