À l'époque de la Renaissance, à la suite de quelques écarts des autorités religieuses, le pouvoir de l'Église est remis en question. C'est aussi durant cette période de transition que le christianisme va considérablement se transformer en plus de se diviser.
Martin Luther brûlant publiquement un document religieux
Life of Martin Luther and heroes of the reformation!, H. Brückner, Library of Congress LC-DIG-pga-00297. Domaine public.
Source : Library of Congress
Alors qu'au Moyen Âge personne n'osait remettre en question les agissements de certains membres du clergé chrétien, plusieurs humanistes, et même quelques religieux, le font durant la Renaissance. On reproche à l'Église de mettre plus d'efforts à afficher sa supériorité qu'à aider véritablement les fidèles. En fait, plusieurs comportements des autorités religieuses sont remis en question.
Entre autres, la vente d'indulgences est l'élément le plus critiqué. Selon cette pratique, un fidèle peut acheter son pardon et effacer ses péchés face à Dieu en échange d'argent donné à un membre du clergé. La vente d'indulgences est contraire aux fondements mêmes de la religion catholique qui est une religion où le pardon est une valeur importante et est censé être gratuit.
D'autres comportements sont lourdement critiqués par les intellectuels dont le non-respect des vœux et la simonie (vente ou achat de biens spirituels ou de postes au sein de l'Église).
L'image représente un membre de l'Église catholique en train de vendre des indulgences.
A Question to a Mintmaker, Jörg Breu the Elder, vers 1530. Domaine public.
Source : Pvasiliadis, Wikimedia Commons
À l'époque, les personnes qui veulent faire partie du clergé chrétien font la promesse de respecter certains vœux. Par exemple, elles font les vœux de chasteté et de célibat. Cependant, on constate que plusieurs ne les respectent pas, car il n'est pas rare de voir des prêtres ayant une famille (une femme et des enfants). Aussi, les membres du clergé font un vœu de pauvreté. Par contre, plusieurs parmi ceux-ci ont accumulé une fortune énorme. Ce sont des exemples qui expliquent les critiques par rapport aux vœux des autorités cléricales qui sont de moins en moins respectées durant la Renaissance.
Représentation de la richesse du clergé
St Lawrence Distributing Alms (détail), Fra Angelico, entre 1447 et 1450, Musées du Vatican. Domaine public
Source : Sailko, Wikimedia Commons
La simonie est une autre critique qui est faite par rapport à L'Église chrétienne de l'époque. Elle a lieu entre autres lorsqu'un membre du clergé exige de l'argent en échange d'un sacrement. Cette pratique va à l'encontre des valeurs de base du christianisme, car les sacrements sont censés être gratuits.
Abbé pratiquant la simonie
Source : Racconish, Wikimedia Commons
Les comportements de l'Église chrétienne étant jugés inadéquats, certains humanistes vont se révolter socialement. C'est le cas de Martin Luther (1483-1546), père du mouvement protestant. Le fait que l'Église vende des indulgences est la goutte qui fait déborder le vase pour Luther. En 1517, il rédige alors un document intitulé les 95 thèses dans lequel il critique la vente d'indulgences et il affirme son souhait de réformer l'Église. Malgré le fait que le pape l'excommunie en 1520, Luther continue sa rébellion en traduisant des textes religieux dans la langue du peuple afin que tous puissent les lire et les comprendre. Il crée sa propre Église, l'Église luthérienne. Le protestantisme est ainsi né.
Martin Luther affichant ses 95 thèses
Luther hammers his 95 theses to the door, Ferdinand Pauwels, 1872, Fondation Wartburg Eisenach. Domaine public
Source : Lomojo, Wikimedia Commons
À la suite de la réforme amorcée par Martin Luther, plusieurs Églises protestantes voient le jour. C'est le cas de l'Église anglicane et de l'Église calviniste. Malgré le fait que toutes ces Églises soient différentes, elles partagent tout de même des valeurs communes : l'égalité des membres, la foi et l'accessibilité.
Catholiques | Protestants | |
Qui doit-on prier? | Dieu, Marie, les saints et Jésus | Dieu et Jésus |
Comment accède-t-on au paradis? | Par la prière et les œuvres (dons à l'Église) | Par la prière |
Qui dirige? | Le pouvoir est hiérarchique (pape, évêque, prêtres). | Le pouvoir est égal entre les croyants et les pasteurs peuvent se marier. |
Qui a accès à la Bible? | La Bible est en latin et seuls certains membres peuvent interpréter la Bible. | La Bible est traduite dans la langue de la population et tous les croyants peuvent la lire. |
Quels sont les sacrements? | Le baptême, l'eucharistie, la confirmation, le mariage, l'extrême-onction, l'ordination et la pénitence | Le baptême et la communion |
Évidemment, c'est Martin Luther (1483-1546) qui est à l'origine de l'Église luthérienne. Cette dernière est considérée comme la première Église protestante. Les différences avec l'Église catholique visent à rapprocher le croyant de Dieu, à simplifier la pratique et à se dissocier de l'autorité du pape. Pour ce faire, Luther souhaite que la messe et les textes religieux soient traduits dans la langue du peuple. Également, il retire le culte de la Vierge Marie. Finalement, il donne moins de pouvoir aux célébrants de la messe.
Martin Luther
Martin Luther (détail), Lucas Cranach the Elder, 1529, Lutherstiege Museum. Domaine public
Source : Wow, Wikimedia Commons
Henri VIII
Portrait of Henry VIII of England, Hans Holbein le jeune, vers 1537, Musée national Thyssen-Bornemisza. Domaine public
Source : DcoetzeeBot, Wikimedia Commons
Henri VIII (1491-1547) est le fondateur de l'Église anglicane. Au 16e siècle, alors qu'il était roi d'Angleterre, Henri VIII souhaite divorcer de sa femme, Catherine d'Aragon, car celle-ci ne lui donne pas de fils pour lui succéder. Il en fait donc la demande au pape de l'époque, Clément VII. À la suite du refus de ce dernier, Henri VIII décide de créer sa propre Église qu'il nommera l'Église anglicane. Dans cette branche du christianisme, le souverain d'Angleterre est le chef religieux suprême et non le pape.
Jean Calvin (1509-1564) est, avec Martin Luther, l'un des premiers humanistes à avoir remis en question les agissements de l'Église chrétienne. Il fonde lui aussi sa propre Église, l'Église calviniste. En fait, Jean Calvin reprend majoritairement les idées de Luther, mais en y ajoutant la notion de prédestination, c'est-à-dire que le fait que Dieu ait déjà choisi à l'avance qui irait le rejoindre au paradis.
Jean Calvin
La création de toutes ces nouvelles Églises protestantes vient modifier la carte religieuse de l'Europe, qui devient plus diversifiée. On peut y remarquer la présence des trois premières Églises protestantes.
Carte présentant les différentes religions présentes en Europe vers 1789
Après les vives critiques de Martin Luther et des autres acteurs du mouvement protestant, l'Église catholique sent le besoin de réagir. Elle le fait principalement de deux façons. D'une part, elle tente de freiner l'expansion du protestantisme en Europe en utilisant des moyens radicaux. D'autre part, elle a aussi une réelle volonté de s'améliorer et de modifier ses agissements.
Les autorités religieuses utilisent différents moyens pour arrêter la diffusion du protestantisme en Europe. Le tribunal de l'Inquisition et l'Index en font partie.
L'Inquisition est un tribunal religieux condamnant les hérésies, c'est-à-dire les croyances qui sont contraires à celles de la religion catholique. Les gens qui sont déclarés coupables d'hérésie, les hérétiques, peuvent être arrêtés, torturés et même exécutés. Ce tribunal existait déjà durant le Moyen Âge, mais il est renforcé à la suite de l'avènement du protestantisme.
Peinture représentant l'Inquisition
Saint Dominic Presiding over an Auto-da-fe, Pedro Berruguete, entre 1493 et 1499 environ, Musée du Prado. Domaine public
Source : GDK, Wikimedia Commons
Peinture représentant l'Inquisition
The Inquisition Tribunal, Francisco Goya, entre 1812 et 1819, Académie royale des Beaux-Arts de San Fernando. Domaine public
Source : Adam Faanes, Wikimedia Commons
Cette liste indiquant les livres qui sont interdits par l'Église catholique est mise en place en 1559. La lecture d'un livre de L'Index mène directement en enfer selon la croyance catholique. Évidemment, on y retrouve plusieurs œuvres des humanistes de l'époque.
Page titre de L'Index, édition de 1564
Source : Ajvol, Wikimedia Commons
Les autorités catholiques créent des ordres religieux ayant comme objectif la diffusion de leur foi. Les membres des ordres parcourent l'Europe et le monde afin de convertir les non-catholiques et pour rallier les protestants à leurs croyances. Un des ordres les plus populaires se nomme la Compagnie de Jésus.
Oeuvre représentant la volonté de l'Église catholique de convertir
Père Marquette, Wilhelm Lamprecht, 1869, Université Marquette. Domaine public
Source : Petfalcon, Wikimedia Commons
Les membres du clergé catholique n'y vont pas que de mesures radicales pour protéger leur religion. Ils tentent également de s'améliorer. Ils se réunissent, lors du concile de Trente, afin de discuter des changements à apporter.
C'est le pape de l'époque qui convoque un concile à Trente, une ville près de Venise. Le but d'une telle rencontre est de discuter des changements possiblement applicables dans la religion catholique afin de s'améliorer et de ne pas disparaître au profit du protestantisme. On y décide, entre autres, de resserrer la discipline des membres du clergé et d'uniformiser la formation des prêtres.
Réunion du concile de Trente
Le concile de Trente, artiste inconnu, fin 17e siècle, Musée diocésain tridentin. Domaine public
Source : Alesvp, Wikimedia Commons
Tous ces changements amorcés par l'Église catholique sont des conséquences directes de la Réforme mise en place par Martin Luther au 16e siècle.