Avec le commerce local bien implanté, la table est mise pour que des relations s’établissent entre les villes, les villages et les marchés d’Europe. C’est ainsi que se développent les foires et le Grand commerce.
Avec les croisades, l’Europe a goûté aux marchandises de luxe de l’Orient (épices et soieries) et de l’Afrique (or et pierres précieuses). Progressivement, les commerçants et marchands ambulants répandent ces biens du sud vers le nord de l’Europe.
Deux grandes routes s’établissent :
- La première autour de la Méditerranée par l’entremise de Venise et de Gêne en Italie.
- La deuxième autour de la mer du Nord et de la mer Baltique, contrôlées par la ville de Cologne en France et de Dantzig en Europe de l'Est.
Les différentes routes maritimes et terrestres
Pour pouvoir transporter ces marchandises exotiques, les commerçants empruntent les routes maritimes et terrestres. Ces deux types de transports connaissent des améliorations considérables qui leur permettent de s’adapter au commerce grandissant.
- Le gouvernail, la boussole et l’astrolabe facilitent le transport maritime.
- La bande de fer, le harnais, les fers cloués au sabot et l’utilisation du cheval améliorent le transport par les voies terrestres.
Toutefois, les déplacements sur le continent européen demeurent relativement difficiles et longs à cause de la boue et des ponts trop rares qui ralentissent la vitesse des déplacements.
Une foire médiévale
Contrairement aux marchés locaux, les foires sont de grandes réunions de marchands qui se rencontrent à différents endroits à un temps fixe chaque année. Elles peuvent durer des jours ou des semaines entières, on y vient de partout pour échanger des biens qui proviennent d'Europe, d'Afrique ou de l'Orient. Chaque région, royaume, voire même chaque ville se spécialisent dans la production ou la fabrication de certains biens spécifiques à son territoire (draperie, métaux, épices, etc.). C’est pour cette raison qu’il y a une complémentarité entre les villes et les foires impliquées dans le Grand commerce.
Un regroupement de commerçants, une guilde, qui arrivent à bon port
Avec ces nombreux déplacements sur terre et sur mer, la sécurité des cargaisons est un problème majeur pour la bourgeoisie marchande. Les routes maritimes et terrestres débordent de pirates ou de brigands qui profitent de la richesse des cargaisons. Afin de s’assurer une meilleure sécurité lors du transport des marchandises, les marchands s’associent en guildes. En fixant les prix, celles-ci accumulent des richesses qui permettent de sécuriser leurs routes commerciales en y installant des caravanes armées.
Une guilde est un regroupement ou une association de marchands ou de commerçants pratiquant la même activité (le commerce dans ce cas). Chaque guilde établit des règles de fonctionnement et fixe les prix. En retour, elle demande la protection des villes ou des villages où il s'installe pour sa foire.
Une hanse est un regroupement de guildes et de grands marchands qui établit des règles, des privilèges et des monopoles sur certains produits dans les foires d'Europe en plus d'assurer une sécurité pour les marchandises transportées sur mer ou sur terre. Une hanse peut aussi se nommer une ligue hanséatique.
Ensuite, les différentes guildes se regroupent en hanses qui peuvent plus facilement imposer leur volonté sur les seigneurs des villes et s’assurer le monopole sur les produits provenant d’Asie, d’Afrique ou même d’autres villes européennes. Les hanses s'imposent dans le commerce européen et permettent à certains bourgeois d'occuper des postes de plus en plus influents dans la société occidentale d'Europe.
Un changeur et sa femme
Avec le commerce en pleine croissance, les échanges deviennent de plus en plus complexes et difficiles à gérer. Certains métiers, tels le changeur et le banquier, deviennent nécessaires pour faciliter le Grand commerce.
Parce que la monnaie est différente d'une ville à l'autre ou d'une région à l'autre, cela complexifie les échanges. On voit apparaître un nouveau type de métier, celui de changeur. Le changeur devient un acteur important puisqu'il permet aux marchands et commerçants de changer la monnaie et les lettres de change provenant d'une ville ou d'un village extérieur.
Au Moyen Âge, un banquier est un homme ayant des montants d'argent importants qu'il prête en échange d'intérêts. Les marchands, qui sont des clients réguliers, empruntent des montants qui leur permettent d'acheter des marchandises ou de payer le transport de ces marchandises. Ces marchands doivent rembourser à une date fixée d'avance le montant emprunté en plus des intérêts, sinon des pénalités plus importantes peuvent s'en suivre.
Une lettre de change est un document écrit par une personne (le tireur ou le fournisseur) à une autre personne (le tiré ou le client) lui demandant de payer un montant d'argent déterminé à une troisième personne (le bénéficiaire). Il faut respecter une échéance (date fixée à ne pas dépasser). À noter, la lettre de change est l'ancêtre du chèque.
Une lettre de change datant du 2 septembre 1398
Un marchand qui habite Venise souhaite se rendre à la foire de Champagne avec 1 000 pièces d'or de Venise. Il a peur de se faire voler en route par des bandits, il va donc utiliser les services d'un changeur.
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Le marchand visite un premier changeur à Venise et lui remet ses 1 000 pièces d'or en échange d'une lettre de change de la même valeur.
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Le marchand fait le voyage jusqu'à Champagne avec sa lettre de change qu'il est le seul à pouvoir utiliser.
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À la foire de Champagne, il visite un deuxième changeur et lui remet sa lettre de change. Celui-ci lui remet l'équivalent de 1 000 pièces d'or en différentes devises qu'il pourra utiliser à Champagne.
Le marchand a donc fait le voyage entre Venise et Champagne sécuritairement et peut maintenant utiliser son argent pour commercer à la foire.