En 2019, le Canada compte plus de 19 millions d’employés et d’employées salarié(e)s. De ce nombre, environ 5 millions sont des immigrants et des immigrantes. Ainsi, au Canada, plus du quart des emplois est occupé par de la main-d'oeuvre immigrante. On observe ce phénomène un peu partout sur la planète, notamment en raison de la baisse des naissances dans les pays industrialisés.
Un immigrant ou une immigrante est une personne qui s’installe dans un pays étranger (pays d’accueil) de manière temporaire ou définitive après avoir quitté son pays d’origine.
Dans la plupart des pays développés, on observe, depuis plusieurs années, une diminution marquée du nombre de naissances, ce qui entraine trois principaux problèmes, soit :
Les gouvernements des pays développés décident d’ouvrir leurs frontières afin d’encourager la venue de travailleur(-euse)s immigrant(e)s. Cela s’avère avantageux, tant pour les pays que pour les nouveaux arrivants.
Tout d’abord, la diminution du taux de natalité dans les pays développés entraine un vieillissement de la population, avec une augmentation du nombre de personnes âgées de 65 ans et plus par rapport à celles de moins de 64 ans. En 2018, par exemple, 17,2 % de la population canadienne était âgée de 65 ans et plus.
Ce vieillissement des populations freine l’accroissement démographique, qui n’est plus constant. L’immigration permet de combler l’écart d’âge entre certains groupes (jeunes et personnes âgées) et d’assurer la croissance démographique des pays où les naissances sont en baisse, comme le Canada, la France et la Russie.
L'accroissement démographique est l'augmentation de la population d'une région, d'un pays, d'un continent, etc. pour une période donnée.
Deuxièmement, à cause du vieillissement de la population, il y a davantage de gens qui quittent le marché du travail et prennent leur retraite que de jeunes qui entrent sur le marché du travail. Ainsi, il y a un manque de main-d’oeuvre de plus en plus important dans certains secteurs.
En 2020, selon un sondage réalisé par la Banque de développement du Canada (BDC), près de 40 % des PME (petites et moyennes entreprises de moins de 500 employés) canadiennes ont de la difficulté à recruter de la main-d’oeuvre. Au Québec, 75 % des PME ont ce problème. Au Canada, les secteurs les plus durement touchés sont ceux de la construction et de la restauration, mais aussi les services personnels (coiffure, mécanique, etc.), les services d'hébergement ainsi que les services professionnels (psychologues, optométristes, etc.) et de la santé. En moyenne, 4,1 % des postes liés à ces secteurs sont vacants, ce qui représente plusieurs dizaines de milliers d’emplois. Ainsi, l’immigration est l’une des solutions mises de l’avant pour pallier les problèmes liés au vieillissement de la population.
L’industrie maraichère, qui est le secteur de la production de fruits et légumes, fait face à plusieurs problèmes. D’abord, entre 2014 et 2016, le taux d’emplois vacants en agriculture atteint 7 %, ceci étant le plus élevé par rapport à l’ensemble des industries au Canada. Durant cette période, le manque de main-d’œuvre est alarmant.
Ensuite, ce secteur est fortement dépendant d’une main-d’œuvre saisonnière, c’est-à-dire qu’elle travaille uniquement durant une période déterminée de l’année. En 2015, au Québec, 87 % des emplois dans le domaine étaient saisonniers. C’est surtout dans les périodes de cueillette que les cultivateur(-trice)s ont besoin de cette main-d’œuvre, qui est essentielle pour l’industrie. Le contexte lié à la pandémie de la Covid-19 de 2020 pousse les États à fermer leurs frontières, privant du même coup l’industrie maraichère de sa main-d’œuvre qui est majoritairement immigrante. Cela risque d’ avoir un impact sur la production et sur la quantité et la variété de fruits et légumes disponibles en épicerie.
Finalement, une baisse des naissances entraine une baisse de la population. Lorsque la population d’un pays diminue, sa production a généralement tendance à diminuer, ce qui provoque un ralentissement économique. En effet, les PME qui souffrent d’un manque de main-d’oeuvre refusent souvent de nouveaux contrats, ce qui nuit à leur développement. Pour qu’il y ait une croissance économique, soit un enrichissement, il doit y avoir une croissance démographique. C’est pourquoi la majorité des pays développés a choisi d’ouvrir ses frontières à l’immigration .
Bref, le Canada ouvre ses frontières à la main-d’oeuvre immigrante afin d'accroitre la population du pays et de combler des dizaines de milliers d’emplois, favorisant du même coup son économie. Selon une étude menée par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), en 2016, 21,9 % de la population canadienne était issue de l’immigration.
En 2017, 35 % des emplois liés aux services d’hébergement, comme l’hôtellerie, et au secteur de la restauration étaient occupés par des immigrants et des immigrantes.
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Les immigrants et les immigrantes font face à plusieurs obstacles lors de la recherche d’emplois, dont :
- la maitrise de la langue de travail,
- la reconnaissance des compétences acquises à l’étranger,
- le peu ou l’absence d’expérience de travail reconnue par le pays d’accueil.
Bien que les immigrant(e)s doivent réussir un test pour prouver qu’ils détiennent un niveau suffisant de compétences linguistiques lorsqu’ils font une demande d’immigration, il arrive que le gouvernement de l’État d’accueil décide d’accélérer le processus d'immigration pour mieux répondre à la situation et aux besoins des entreprises. De ce fait, beaucoup d’immigrants et d'immigrantes ne maitrisent pas la ou les langues officielles de leur pays d’accueil autant qu’il le faudrait. Cela ne favorise pas leur intégration dans le monde du travail. Plusieurs immigrant(e)s ne parviennent pas à occuper un emploi, car leur maitrise de la langue employée dans leur milieu de travail n’est pas totale.
Beaucoup d’immigrants et d’immigrantes ont du mal à faire reconnaitre les compétences et les formations qu’ils ont acquises dans leur pays d’origine. Par exemple, les compétences d’un médecin slovaque pourraient ne pas être reconnues dans son pays d’accueil. Il arrive fréquemment que les immigrant(e)s occupent des emplois qui demandent des qualifications inférieures à celles qu’ils ont obtenues durant leur formation. Ils sont donc surqualifiés par rapport aux tâches exigées par leur travail.
Pour que les compétences des immigrant(e)s soient reconnues, il faut qu’ils aient une expérience de travail pertinente aux yeux du gouvernement du pays d’accueil. Souvent, les normes sont différentes d’un pays à l’autre, ce qui peut désavantager les nouveaux arrivants. Par exemple, à la suite d’une demande de reconnaissance des acquis, une personne détenant 15 ans d’expérience à titre d’ingénieur dans un pays étranger peut se voir accorder uniquement 2 ans d’expérience pertinente par son pays d’accueil. L’un des défis pour les immigrant(e)s est donc d’obtenir une reconnaissance totale de leurs acquis.
Processus d'évaluation qui permet aux demandeurs de s'assurer qu'ils ont suffisamment d'expérience de travail pour occuper un emploi dans le pays d'accueil.
Le taux de chômage de la population native et de la population immigrante des pays ci-dessous, à l’exception des États-Unis, prouve assurément que la main-d’oeuvre étrangère fait face à plusieurs obstacles.
Taux de chômage de la population native et de la population immigrante de quelques pays en 2018 | ||
Pays | Population native | Population immigrante |
Allemagne | 2,9 % | 6 % |
Canada | 5,7 % | 6,4 % |
Danemark | 4,3 % | 9,8 % |
États-Unis | 4,1 % | 3,5 % |
Islande | 2,5 % | 5 % |
Norvège | 2,9 % | 7,9 % |
Les États-Unis sont un des seuls pays où le taux de chômage est plus élevé chez sa population native que chez sa population immigrante. Cela s’explique en partie par le fait que les populations afro-américaines et hispaniques sont plus durement touchées par le chômage que les autres. Pour ces deux groupes, le taux de chômage de la population native est de 6,1 % et celui de la population immigrante est de 4,2 %. Pourquoi ces deux ethnies constituent-elles les groupes les plus touchés par le chômage? Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce phénomène, à savoir la discrimination, l'accessibilité à l'éducation, la distribution géographique (trop de gens au même endroit pour les emplois offerts), etc.
Plusieurs avantages découlent du fait d’occuper un emploi dans le pays d’accueil. Les échanges sur les lieux de travail permettent d’apprendre et de perfectionner la ou les langues officielles du pays d’accueil. De plus, les échanges entre collègues peuvent permettre à l’immigrant(e) de mieux s’intégrer dans sa société d’accueil en élargissant son cercle de contacts.