Les Arméniens étaient l’un des peuples de l’Empire ottoman. La majorité d’entre eux vivait près du Caucase et en Cilicie. Certains vivaient à Istanbul alors que d’autres s’étaient établis dans les villes libanaises ou à Jérusalem. À la fin du 19e siècle, ce peuple chrétien comptait 2 millions d’individus, alors que la population totale de l’Empire ottoman comptait 36 millions d’habitants.
Avant la Première Guerre mondiale, l’Empire ottoman était en pleine décadence. Les dirigeants n’arrivaient plus à assurer la cohésion du vaste territoire. Le sultan stimulait les haines religieuses entre les différentes cultures pour assurer la stabilité de son pouvoir. La population réclamait de plus en plus la modernisation de l’empire, afin de le rendre plus fonctionnel.
Entre 1894 et 1896, la population arménienne réclamait elle aussi plusieurs réformes ainsi que la modernisation des institutions de l’empire. En guise de réponse, le sultan a ordonné le massacre de ces contestataires.
Entre 200 000 et 250 000 Arméniens ont été assassinés tandis qu’un million d’autres étaient dépouillés de leurs biens. Des milliers ont été convertis de force à l’islam, les églises étaient brulées ou transformées en mosquées et plusieurs centaines de villages furent vidés et pillés.
Les pays occidentaux ont immédiatement réagi en émettant leurs protestations, mais aucune sanction n’a été appliquée.
En 1909, le sultan perdait le pouvoir après la Révolte des Jeunes-Turcs. Le nouveau sultan voulait apporter les changements et la modernisation refusés par les anciens dirigeants. Le nouveau sultan dotait l’empire d’une nouvelle constitution et d’une devise similaire à celle de la France. Les nouveaux dirigeants ont alors laissé entrevoir qu’ils laisseraient plus de libertés aux minorités de l’empire en instaurant une nouvelle société dont les bases seraient laïques.
Les Jeunes-Turcs ont plutôt misé sur un nationalisme de plus en plus fort. L’Empire ottoman évoluait et se dirigeait vers l’Asie, en prenant ses distances face à l’Europe.
Une nouvelle idéologie naissait, le touranisme, qui visait l’union de tous les peuples de langue turque. C’est ainsi qu’est née la volonté de créer une nation turque racialement homogène. Cette volonté a suscité de nouvelles attaques sur le peuple arménien, causant 20 000 à 30 000 morts en Asie Mineure.
Dans tout l’empire, les Jeunes-Turcs ont mis en application des politiques nationalistes discriminatoires : boycottage des commerces tenus par des citoyens grecs, juifs ou arméniens et réécriture de l’Histoire en diminuant la place et l’influence de l’époque ottomane.
Le 8 février 1914, la Russie envoyait une commission internationale qui devait s’assurer que les relations entre les différentes populations de l’Empire ottoman étaient bonnes. Les Turcs se sont sentis humiliés par une telle démarche. Le 1er novembre 1914, l’Empire ottoman déclarait la guerre et s’alliait aux empires germanique et austro-hongrois. Le 29 décembre 1914, l’armée turque perdait en Russie alors qu’elle tentait de rallier les Arméniens russes à sa cause.
Par la suite, l’Empire ottoman a été envahi, causant la perte de 100 000 hommes et provoquant la retraite. La fuite a intensifié les attaques contre les Arméniens, attaqués dans toutes les régions traversées par l’armée en fuite. Ces attaques violentes ont fait en sorte que le peuple arménien de la Turquie s’est allié aux Russes. Le 7 avril 1915, la population se soulevait et proclamait son nouveau gouvernement arménien autonome.
Après cette déclaration, les Jeunes-Turcs ont mis en branle l’élimination du peuple arménien de l’Asie Mineure, région considérée comme le foyer national exclusif des Turcs. Talaat Pacha, ministre de l’Intérieur, a donné l’ordre d’exécuter les citoyens arméniens d’Istanbul. Le 24 avril 1915 marque le début du génocide alors que 600 notables arméniens sont assassinés à Istanbul.
Après ce massacre, Talaat Pacha a ensuite ordonné l’assassinat des Arméniens de l’armée, même s’ils avaient amplement prouvé leur fidélité à l’armée turque. Par la suite, l’ordre d’élimination visait tous les Arméniens des 7 provinces de l’est de l’empire. Les dirigeants donnaient aussi l’ordre d’employer tous les moyens, criminels ou pas, de ne pas tenir compte du sexe ou de l’âge des individus et de ne pas avoir de scrupules dans l’exécution des ordres. Tous les fonctionnaires qui n’adhéraient pas à l’idée furent destitués.
Les premières actions du génocide ont consisté à déporter tous les hommes de moins de 20 ans et de plus de 45 ans. Soumis aux travaux forcés, plusieurs d’entre eux ont été assassinés ou sont morts au travail. Le 27 mai 1915, la Loi provisoire de déportation prévoyait la déportation des survivants et la dépossession des biens des victimes. Cette loi a été appliquée au nom de la sécurité nationale.
Un génocide est l’extermination intentionnelle et organisée d’un groupe ethnique, religieux ou social. C’est un crime contre l’humanité tel que défini par le droit international.

Carte de la déportation des Arméniens
La déportation concernait également les femmes et les enfants. Parmi les femmes, les plus jeunes et les plus jolies furent vendues comme esclaves ou encore converties de force à l’islam avant d’être mariées à des Turcs.
Les déportés furent souvent menés vers des régions désertiques où ils succombaient aux conditions météorologiques. Au total, pendant l’été 1915, les deux tiers de la population arménienne ont disparu.
Dès le début du génocide, les dirigeants des pays occidentaux ont entendu parler du sort réservé au peuple arménien. Par contre, le sultan répondait aux accusations de génocide en affirmant que les déplacements de population étaient uniquement effectués au nom des opérations militaires. Allié à l’Empire ottoman, le gouvernement allemand censurait les informations sur le génocide. D’ailleurs, après la guerre, les responsables du génocide se sont réfugiés en Allemagne, dont Talaat Pacha qui fut assassiné à Berlin.
Le 10 août 1920, le Traité de Sèvres marquait l’entente entre les pays occidentaux et l’Empire ottoman par rapport au jugement des responsables. Ce procès n’a jamais eu lieu puisqu’un général turc a proclamé l’amnistie générale en 1923. Le génocide arménien a été pratiquement oublié par les pays occidentaux jusqu’en 1980, période à laquelle de nouvelles recherches et de nouveaux témoignages ont été faits. Depuis, la Turquie n’a jamais reconnu le rôle que le gouvernement a joué dans le génocide. Le pays reconnait les morts et les déportations, mais ne reconnait pas la nature génocidaire de ces évènements.