Le bilan de la Seconde Guerre mondiale est catastrophique : on dénombre pas moins de 60 millions de morts au total. Le bilan des camps faisait aussi frémir : 6 millions de juifs, 800 000 détenus y ont laissé la vie. 300 000 ont succombé pendant l’évacuation des camps. L’Europe était dévastée, les villes avaient grandement souffert des bombardements et des attaques par les chars d’assaut. En Allemagne, 70 % des villes étaient rasées.
Tous les pays sortaient affaiblis, détruits et endettés par la guerre. Les États-Unis étaient le seul pays non endetté. Au contraire, son économie s’était renforcée pendant la guerre. En 1945, les États-Unis possédaient les deux tiers des réserves mondiales d’or, la production industrielle avait doublé et son produit national brut (PNB) avait augmenté de 82 %. La fin de la guerre représente le début du prestige et de la domination américaine dans le monde.
Toute la société est sortie traumatisée des années de guerre, en considérant que tous les accords internationaux, les conventions et les droits de l'homme avaient été violés impunément, en constatant l’emploi généralisé de la torture. Les bombes atomiques et leurs impacts ont frappé toute la population mondiale. La peur du nucléaire était née et n’allait qu’augmenter dans les années qui suivirent avec la guerre froide.
L’humanité était sous le choc en découvrant les horreurs des camps de concentration et d’extermination. Chacun pouvait constater l’organisation systématique de l’élimination massive des citoyens juifs. Pour une grande partie de la population européenne, la fin de la guerre ne constituait pas la fin des soucis. Des migrations massives eurent lieu, permettant aux gens de retourner chez eux : travailleurs exilés en Allemagne, déportés, survivants des camps, soldats, etc.
Dès février 1945, à la Conférence de Yalta, les Alliés planifiaient la réorganisation du monde et en régissaient les principes. Constatant l’échec de la Société des Nations, les pays ont fondé l’Organisation des Nations Unies (ONU), dont le rôle serait plus actif. Son but était d’arbitrer les conflits internationaux. Réunissant des représentants des toutes les nations, l’ONU constitue l’élément visant à éviter qu’une guerre comme celle-là ne se reproduise plus.
L’élément le plus puissant de l’ONU est son conseil de sécurité formé de cinq membres permanents ayant un droit de veto (URSS, États-Unis, Chine, France, Grande-Bretagne) et des représentants des États membres.
Entre le 17 juillet et le 12 août 1945, à la Conférence de Potsdam, les nouvelles frontières européennes furent fixées, malgré quelques désaccords. L’URSS gagnait de nouveaux territoires alors que l’Allemagne en perdait. L’Italie perdait ses colonies alors que le Japon perdait ses territoires extérieurs. C’est pendant cette conférence que les pays établirent les modalités du procès de Nuremberg.
L’Allemagne a connu une période de dénazification pendant laquelle plusieurs procès eurent lieu pour juger ceux qui n’avaient pas été accusés au procès de Nuremberg. L’Europe connaissait encore un vent d’antisémitisme, tandis que les communautés juives réclamaient la création d’un État juif, Israël, qui fut créé en mai 1948. La communauté internationale a longtemps associé l’Allemagne au nazisme.
Après la guerre, la population et les dirigeants réclamaient que justice soit faite. Il était inacceptable de constater les horreurs des camps, de la Shoah, des chambres à gaz sans poser de question aux responsables. C’est au cours du procès de Nuremberg que le concept de crime contre l’humanité fut créé.
Un tribunal spécial fut créé afin que le procès se fasse de manière juste et pour éviter de tomber dans un esprit purement vengeur. Le tribunal interallié était alors formé de quatre juges : un Français, un Britannique, un Américain et un Soviétique.
Le procès eut lieu entre le 20 novembre 1945 et le 10 octobre 1946, dans la ville de Nuremberg, choix symbolique puisque Nuremberg était le lieu de réunion du parti nazi. Au total, 24 accusés allaient y être jugés. Tous étaient des dirigeants du parti nazi ou des chefs militaires importants. Au début du procès, tous les accusés ont plaidé non coupables.
Ils étaient accusés sous trois motifs : crimes contre la paix (violation des traités de paix), crime de guerre (violation des codes) et crime contre l’humanité (pour le système d’extermination mis en place).
Plusieurs Allemands ont critiqué la partialité de ce jury. Ils trouvaient que ce procès n’était rien d’autre que les vaincus jugés par les vainqueurs, que la nation allemande tout entière était accusée. Les arguments des détracteurs étaient que le procès ne prenait pas position par rapport au traitement des massacres par les Soviétiques, ne jugeait pas l’utilisation de la bombe atomique et ne tenait pas compte des Allemands antinazis.
Le procès a permis aux juges et à la population d’entendre les témoignages des accusés, des survivants et des soldats alliés ayant participé à la Libération, de visionner des images prises pendant la libération des camps, etc. Les témoignages des accusés ont suscité de nombreuses questions philosophiques : dans quelle mesure est-on coupable lorsque l’on obéit à un ordre? Dans quelle mesure les accusés étaient réellement au courant de toute la structure dans laquelle ils entraient?
Les accusés, dont aucun n’a affirmé avoir de remords, exposaient clairement leur tâche dans les plans du Parti nazi. Dès le début du procès, quatre organisations nazies sont reconnues comme criminelles. En être membre constituait ainsi un crime : parti nazi, SS, Gestapo, Service de sécurité nazi. Le verdict est tombé le 1er octobre, il y eut 12 condamnés à mort, des peines d’emprisonnement et trois acquittements. Certains accusés se sont suicidés dans leur cellule avant leur sentence.
Le procès de Nuremberg a favorisé l’introduction d’une justice internationale, la reconnaissance du crime contre l’humanité et la définition du génocide. Plusieurs autres procès, de plus petite envergure, eurent lieu par la suite pour juger les nazis et les SS. Plusieurs comités recherchaient les anciens nazis partout dans le monde.