La nouvelle littéraire est un bref récit fictif qui fait appel à la réalité et qui, la plupart du temps, ne comporte pas de situation finale. Généralement, elle se termine avec un dénouement inattendu qu’on appelle la chute. Comme il s'agit d'un court récit, la nouvelle littéraire comporte peu de personnages, peu d’actions et peu de lieux. L’action est souvent menée par un seul personnage.
On associe certaines caractéristiques à la nouvelle littéraire.
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Elle est brève.
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Elle renferme des éléments vraisemblables (lieux, personnages, objets et évènements dont l'existence est probable).
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L'intrigue repose principalement sur l'évolution psychologique du personnage principal.
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La finale réussit à provoquer une réaction chez le lecteur ou la lectrice en raison de sa nature mystérieuse, surprenante ou inattendue.
Que l'on ait affaire à une nouvelle fantastique, réaliste, policière ou de science-fiction, les états d'âme du personnage principal, ses hésitations, ses réflexions, occupent toujours une large part du récit. L'élément déclencheur est souvent une atteinte à l'une des caractéristiques bien ancrée dans la personnalité du protagoniste. L'intrigue repose principalement sur le cheminement psychologique du personnage principal à la suite de cet élément déclencheur.
Monsieur Tanguay était inquiet. Pourquoi sa femme ne rentrait-elle pas à la maison? Ce n'était pas dans ses habitudes. Lui était-il arrivé quelque chose? Malheur! Il ne saurait vivre sans elle. Il se rongeait les sangs. Il devait se calmer. Elle ne devait tout simplement pas avoir vu l'heure passer. Il se frottait les mains moites en tentant de contrôler sa respiration. Tout allait s'arranger. Il fallait que tout s'arrange...
Dans un texte narratif, pour que les lecteur(-trice)s puissent se faire une représentation appropriée de l’évolution du personnage principal, on le présente souvent sous deux angles complémentaires :
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dans son extériorité (son apparence physique, son âge, ses comportements, ses relations avec les autres, son statut social, ses paroles, etc.);
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dans son intériorité (ses sentiments, ses émotions, ses pensées, ses représentations, son attitude, ses motivations, etc.).
Dans une nouvelle littéraire, un portrait psychologique réussi présente l'essentiel du personnage. Puisqu'il s'agit d'un récit bref, ce sont les caractéristiques psychologiques qui seront principalement mises en valeur. Pour donner corps à un portrait psychologique, le scripteur ou la scriptrice confèrera très souvent une caractéristique prédominante à son personnage principal et fera en sorte qu'elle sera déterminante dans le déroulement de l'intrigue.
Une nouvelle littéraire réussie permettra aux lecteur(-trice)s d'explorer la profondeur et la complexité de la nature humaine. C'est l'univers psychologique révélé par les mots de l'auteur(-trice) qui confère cette dimension supplémentaire à la lecture.
La chute d’une histoire, c’est sa fin inattendue.
Une nouvelle littéraire bien conçue doit se terminer par un évènement inattendu ou mystérieux capable de déclencher une réflexion chez le (la) lecteur(-trice). La fin souvent appelée chute doit être un point fort dans la narration, un coup de fouet soudain, qui serait la raison d'être même de la nouvelle. Selon cette perspective, toute la narration doit converger vers ce dénouement surprise.
Si l'on choisit de construire une nouvelle au dénouement inattendu, il faut s'assurer que la révélation finale ouvre la voie à une réinterprétation de la nouvelle, qu'elle force le (la) lecteur(-trice) à revenir sur le texte pour lui donner un autre sens. Il ne s'agit donc pas seulement de chercher à surprendre pour surprendre.
La finale, bien que surprenante, doit être cohérente avec l'ensemble du texte. Faire mourir un personnage n'est pas la seule finale pouvant créer un effet-choc. Il faut user de créativité, mais surtout s'assurer d'avoir en main un scénario bien construit qui forcera le (la) lecteur(-trice) à revenir sur le texte pour y découvrir des subtilités qui lui avaient échappé à la première lecture.
Il n’y a pas de recette pour créer une chute, mais voici quelques stratégies utiles.
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Choisir un titre qui produit une fausse interprétation des faits ou des actions.
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Mystifier les lecteur(-trice)s en jouant sur le double sens d'un mot important dans le récit.
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Dénouer l'histoire par un retournement de situation qui ne brise pas la cohérence du récit.
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Révéler un élément, à la toute fin, qui apporte un nouvel éclairage sur l'histoire.
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Clore le récit par un élément déroutant et donnant lieu à plusieurs interprétations.
Il est à noter qu'il faut éviter que la chute soit finalement un rêve, une pièce de théâtre, un film, un enfant qui s'amusait avec ses jouets, etc.
Il n'est pas donné à tout le monde d'écrire de bonnes nouvelles. Chaque phrase doit être pesée et minutieusement attachée aux autres. La nouvelle est un texte tricoté serré qui ne laisse pas de place aux éléments inutiles. Elle exige un sens aigu de l'économie et de la pertinence, mais elle demande aussi de savoir raconter de manière à garder l'attention des lecteurs à chaque instant.
Des auteur(-trice)s sont reconnus pour leurs nouvelles littéraires.
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Dino Buzzati, auteur de Le défunt par erreur et de plusieurs autres nouvelles.
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Guy de Maupassant, auteur de La folle, Boule de suif, La parure, Le horla et de plusieurs autres nouvelles.
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Kathrine Kressmann Taylor, autrice de Inconnu à cette adresse.
Cauchemar en jaune est un bon exemple de concision, de portrait psychologique développé et de finale surprenante.
Cauchemar en jaune
Il fut tiré du sommeil par la sonnerie du réveil, mais resta couché un bon moment après l'avoir fait taire, à repasser une dernière fois les plans qu'il avait établis pour une escroquerie dans la journée et un assassinat le soir.
Il n'avait négligé aucun détail, c'était une simple récapitulation finale. À vingt heures quarante-six, il serait libre, dans tous les sens du mot. Il avait fixé le moment parce que c'était son quarantième anniversaire et que c'était l'heure exacte où il était né. Sa mère, passionnée d'astrologie, lui avait souvent rappelé la minute précise de sa naissance. Lui-même n'était pas superstitieux, mais cela flattait son sens de l'humour de commencer sa vie nouvelle à quarante ans, à une minute près.
De toute façon, le temps travaillait contre lui. Homme de loi spécialisé dans les affaires immobilières, il voyait de très grosses sommes passer entre ses mains; une partie de ces sommes y restait. Un an auparavant, il avait « emprunté » cinq-mille dollars, pour les placer dans une affaire sure, qui allait doubler ou tripler la mise, mais où il en perdit la totalité. Il « emprunta » un nouveau capital, pour diverses spéculations, et pour rattraper sa perte initiale. Il avait maintenant trente-mille dollars de retard, le trou ne pouvait guère être dissimulé désormais plus de quelques mois et il n'y avait pas le moindre espoir de le combler en si peu de temps. Il avait donc résolu de réaliser le maximum en argent liquide sans éveiller les soupçons, en vendant diverses propriétés. Dans l'après-midi, il disposerait de plus de cent-mille dollars, plus qu'il ne lui en fallait jusqu'à la fin de ses jours.
Et jamais il ne serait pris. Son départ, sa destination, sa nouvelle identité, tout était prévu et fignolé, il n'avait négligé aucun détail. Il y travaillait depuis des mois.
Sa décision de tuer sa femme, il l'avait prise un peu après coup. Le mobile était simple : il la détestait. Mais c'est seulement après avoir pris la résolution de ne jamais aller en prison, de se suicider s'il était pris, que l'idée lui était venue : puisque de toute façon il mourrait s'il était pris, il n'avait rien à perdre en laissant derrière lui une femme morte au lieu d'une femme en vie.
Il avait eu beaucoup de mal à ne pas éclater de rire devant l'opportunité du cadeau d'anniversaire qu'elle lui avait fait (la veille, avec vingt-quatre heures d'avance) : une belle valise neuve. Elle l'avait aussi amené à accepter de fêter son anniversaire en allant diner en ville, à sept heures. Elle ne se doutait pas de ce qu'il avait préparé pour continuer la soirée de fête. Il la ramènerait à la maison avant vingt heures quarante-six et satisferait son gout pour les choses bien faites en se rendant veuf à la minute précise. Il y avait aussi un avantage pratique à la laisser morte : s'il l'abandonnait vivante et endormie, elle comprendrait ce qui s'était passé et alerterait la police en constatant, au matin, qu'il était parti. S'il la laissait morte, le cadavre ne serait pas trouvé avant deux ou peut-être trois jours, ce qui lui assurait une avance confortable.
À son bureau, tout se passa à merveille; quand l'heure fut venue d'aller retrouver sa femme, tout était paré. Mais elle traina devant les cocktails et traina encore au restaurant; il en vint à se demander avec inquiétude s'il arriverait à la ramener à la maison avant vingt heures quarante-six. C'était ridicule, il le savait bien, mais il avait fini par attacher une grande importance au fait qu'il voulait être libre à ce moment-là et non une minute avant ou une minute après. Il gardait l'œil sur sa montre.
Attendre d'être entrés dans la maison l'aurait mis en retard de trente secondes. Mais sur le porche, dans l'obscurité, il n'y avait aucun danger; il ne risquait rien, pas plus qu'à l'intérieur de la maison. Il abattit la matraque de toutes ses forces, pendant qu'elle attendait qu'il sorte sa clé pour ouvrir la porte. Il la rattrapa avant qu'elle ne tombe et parvint à la maintenir debout, tout en ouvrant la porte de l'autre main et en la refermant de l'intérieur.
Il posa alors le doigt sur l'interrupteur et une lumière jaunâtre envahit la pièce. Avant qu'ils aient pu voir que sa femme était morte et qu'il maintenait le cadavre d'un bras, tous les invités à la soirée d'anniversaire hurlèrent d'une seule voix :
— Surprise!
Fredric Brown
La nouvelle littéraire se divise en quatre ou cinq étapes.
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La situation initiale : Elle présente habituellement les personnages, le lieu, le temps et l'action de départ. Elle décrit l'état d'équilibre.
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L'élément déclencheur : Cette étape vient bouleverser l'ordre normal des choses. Le personnage principal se retrouve dans une situation fâcheuse.
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Les péripéties : Ce sont les actions qu'entreprend le personnage pour résoudre sa situation.
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Le dénouement : Il s'agit de la chute du récit qui doit provoquer un effet de surprise.
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La situation finale : Il n'y a souvent aucune situation finale. Toutefois, elle peut être brève et place le personnage dans une nouvelle situation.
Il ne faut pas confondre la nouvelle littéraire avec la nouvelle journalistique.
Pour valider ta compréhension à propos de l'écriture d'une nouvelle littéraire de façon interactive, consulte la MiniRécup suivante.