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L’Alberta est une province située à l’ouest du Canada. Elle est la quatrième plus grande province du pays, avec une superficie de 661 000 km2. La province a une population de 4,7 millions d’habitants, dont la majorité est concentrée dans les villes d’Edmonton et de Calgary[1].
Les régions productrices d’énergie sont dispersées partout dans la province de l’Alberta. C’est un territoire riche en combustibles fossiles tels que le pétrole liquide, les sables bitumineux et le gaz naturel. Les gisements de pétrole et de sables bitumineux se trouvent surtout dans le nord de la province, tandis que le gaz naturel se trouve un peu partout.
Les principales ressources énergétiques exploitées en Alberta sont les combustibles fossiles. C’est une ressource présente en grande quantité sur le territoire.
Voilà quelques informations à ce sujet.
- Le Canada possède la troisième plus grande réserve de pétrole au monde, dont 97 % se trouve en Alberta[2].
- L’Alberta possède 80 % des réserves de gaz naturel du pays[3].
- La province a près de 50 % des réserves de charbon du pays[4].
En 2021 et 2022, 22 % des revenus du gouvernement de l’Alberta provenaient des ressources de pétrole et de gaz naturel[5].
Les ressources de pétrole
L’Alberta est le plus grand producteur de pétrole du Canada. En 2020, la province était responsable de 80 % de la production pétrolière du pays[6]. Le pétrole exploité sur le territoire est présent sous deux formes : le pétrole liquide et les sables bitumineux.
En 2022, l’Alberta a atteint un record de production de pétrole, avec environ 3,73 millions de barils par jour, pour un total de près de 1,4 milliard pour l’année[7].
Source : Spotmatik Ltd, Shutterstock.com
La réserve de sables bitumineux de l’Alberta est la deuxième plus importante au monde. Les principaux gisements se trouvent à Athabasca, Peace River et Cold Lake. Plus de 75 % de la production de pétrole de la province provient des sables bitumineux[6].
Les gisements de sable bitumineux en surface sont exploités différemment des autres gisements. La section Les infrastructures pour les sables bitumineux explique les 2 méthodes d’extraction.
Source des données : Alberta Energy Regulator. (s.d.). Oil Sands. https://www.aer.ca/providing-information/by-topic/oil-sands
Les ressources de gaz naturel
Le Canada est le cinquième plus grand producteur de gaz naturel au monde. L’Alberta est le plus grand producteur de gaz naturel au Canada. Les ressources de gaz naturel se concentrent majoritairement dans l’Ouest canadien. En 2020, l’Alberta a produit à elle seule 63 % de tout le gaz naturel du Canada[6].
Une partie du gaz naturel produit en Alberta est exportée aux États-Unis grâce au réseau de pipelines. Environ 49 % de ce gaz est consommé à même la province[8], puisque la demande en Alberta représente 56 % de la demande canadienne[6].
| Secteurs | Pourcentage de l’énergie totale consommée |
|---|---|
| Industriel | 87,4 % |
| Résidentiel | 6,9 % |
| Commercial | 5,8 % |
Source des données : Régie de l’énergie du Canada, 2024[6]
Les ressources de charbon
Le charbon a été l’une des premières sources d’énergie exploitées en Alberta. C’est dans les années 1960 que le gaz naturel et le pétrole ont remplacé le charbon comme principale source d’énergie dans la province. De nos jours, l’Alberta continue d’exploiter le charbon. Une partie est utilisée pour produire de l’électricité dans la province, l’autre partie est exportée vers d’autres pays.
En 2021, l’Alberta est responsable de 21 % de la production canadienne de charbon. La même année, le pays a produit 47,6 millions de tonnes de charbon[9]. Les deux tiers de la production de charbon du Canada sont exportés ailleurs dans le monde, principalement en Asie.
Malgré cela, la production de charbon connait une baisse depuis les dernières années. Le gouvernement du Canada et l’Alberta visent à éliminer progressivement le charbon comme source d’énergie utilisée pour la production d’électricité.
Source : BGSmith, Shutterstock.com
En 2022, plus de 80 % de l’électricité produite en Alberta venait des combustibles fossiles[6]. Il y a toutefois une volonté de réduire la dépendance de la province aux énergies fossiles. La production d’électricité à partir du charbon a diminué dans les dernières années et continue de le faire. La province y arrive, entre autres, en misant sur les énergies renouvelables.
Source des données : Gouvernement du Canada, 2023[10].
Depuis plusieurs années, la province de l’Alberta a mis de l’avant la volonté de réduire sa dépendance aux combustibles fossiles et d’augmenter sa production d’énergie à partir de sources d’énergie renouvelable.
En 2016, le gouvernement provincial NPD vote la loi sur l’électricité renouvelable (Renewable Electricity Act). Cette loi vise à ce que d’ici 2030, 30 % de l’électricité de l’Alberta soit produite à partir d’énergies renouvelables.
La province a un potentiel énergétique assez important en matière d’énergie renouvelable, particulièrement pour l’énergie éolienne et solaire. En effet, le sud de l’Alberta dispose de beaucoup de vents et d’ensoleillement, ce qui en fait une région attrayante pour le développement des énergies renouvelables.
Dans le monde, il y a de plus en plus d’investissements dans l’exploitation des sources d’énergie renouvelable. Les développements technologiques font en sorte que les couts associés à l’exploitation des énergies renouvelables baissent. De plus, le développement de ce secteur crée de nombreux emplois.
Ainsi, depuis la mise en place de cette nouvelle loi, la province a connu un important développement dans l’exploitation des énergies renouvelables.
Source : Wang, Jason et Will Noel, 2023[11] et Statistique Canada, 2024[12].
L’hydroélectricité
En 2022, la production d’électricité de source hydraulique représentait 3 % de la production d’électricité totale de l’Alberta[12]. Selon un rapport sur l’avenir énergétique de la Régie de l’énergie du Canada publié en 2021, ce pourcentage irait en diminuant pour représenter 2 % en 2050[13].
Même si le nord de la province a un potentiel hydroélectrique, le gouvernement considère que les couts associés à la construction d’installations hydroélectriques rendent l’énergie hydroélectrique moins avantageuse que d’autres types d’énergies renouvelables, comme l’énergie solaire et éolienne.
Les projets éoliens et solaires sont souvent moins dispendieux. Ils sont construits plus rapidement et demandent moins de gestion qu’un barrage ou une centrale hydroélectrique.
L’énergie éolienne
L’énergie éolienne est l’énergie renouvelable la plus développée dans la province. C’est en 1990 que les premiers projets éoliens ont vu le jour. Entre 2010 et 2018, la production d’énergie éolienne de la province a doublé. En 2022, ce type d’énergie représentait 9,6 % de l’électricité produite dans la province[12].
L’énergie solaire
L’exploitation de l’énergie solaire est relativement récente en Alberta. La majorité de l’électricité produite par l’énergie solaire vient de projets mis en place entre 2021 et 2022. Le potentiel solaire dans le sud de la province ainsi que la baisse des couts liés à l’exploitation de ce type d’énergie expliquent le développement rapide de cette nouvelle source d’énergie.
En 2023, le plus grand parc solaire du pays se trouve dans le comté de Vulcan au sud de la province. Malgré les nombreux projets solaires, l’énergie solaire représentait seulement 1,1 % de la production d’électricité en Alberta en 2022[12].
Le 3 août 2023, le gouvernement conservateur de l’Alberta a annoncé un moratoire de 6 mois sur les nouveaux projets d’énergie renouvelable. Cela veut dire que tous les projets éoliens et solaires qui étaient en processus d’approbation par la Commission des services publics de l’Alberta (AUC) sont mis sur pause et que de nouveaux projets devront attendre le mois de février avant de possiblement pouvoir être approuvés.
Les autorités de l’Alberta n’ont pas été en mesure de créer des réglementations efficaces au même rythme que le développement des projets d’énergies renouvelables, puisque celui-ci s’est fait extrêmement rapidement. Bien que les projets d’énergies renouvelables ont effectivement besoin de réglementations strictes, cette pause pourrait entrainer des conséquences négatives sur le marché des énergies renouvelables de la province.
Selon le ministre de l’Abordabilité et des Services publics, Nathan Neudorf, cette décision a été prise afin d’évaluer les réglementations quant à l’utilisation des terres agricoles et la remise en état des terrains dans le futur. Le gouvernement conservateur voulait à la fois répondre aux préoccupations présentes dans les régions, étudier l’impact sur les terres agricoles et mieux réglementer le secteur afin d’assurer une répartition équitable des couts et des retombées économiques.
Il y avait plusieurs inquiétudes dans les milieux ruraux concernant les couts futurs et le manque de stratégie pour la remise en état des sites. Il avait aussi des préoccupations en lien avec l’emplacement des projets sur les terres agricoles et leur préservation. Les acteurs des milieux ruraux voient donc cette pause de manière positive, puisque cela permettra de réglementer et de planifier à long terme l’utilisation des terres.
D’autres groupes, comme le Nouveau Parti démocratique de la province (NPD), les acteurs de l’industrie de l’énergie renouvelable et les groupes de défense de l’environnement s’opposent fortement au moratoire. Ils critiquent entre autres l’annonce subite de cette pause, ce qui risque de créer un sentiment d’incertitude pour les entreprises et de faire diminuer la confiance des investisseurs.
Cette pause affecte 15 projets qui étaient en attente d’approbation de l’AUC. L’Institut Pembina, un groupe de réflexion à but non lucratif canadien qui cherche à soutenir la transition vers l’énergie propre au Canada, estime que cette pause pourrait fortement nuire à 91 projets et risquer environ 25 milliards de dollars d’investissements[14].
Ainsi, ce moratoire est perçu comme un frein important pour le domaine des énergies renouvelables en Alberta et pourrait avoir des effets négatifs sur l’avenir énergétique de la province.
La production énergétique de l’Alberta étant beaucoup tournée vers le pétrole et le gaz naturel, on trouve de nombreux aménagements pour leur exploitation, leur transformation et leur transport. Il y a aussi des infrastructures pour le charbon, l’énergie solaire et l’énergie éolienne.
Les 2 formes de pétrole présentes dans le territoire de l’Alberta nécessitent des infrastructures d’extraction différentes. Une fois extrait et traité, le pétrole utilise les mêmes infrastructures de transport.
Les infrastructures pour le pétrole liquide
L’extraction du pétrole liquide nécessite de faire un forage, c’est-à-dire de creuser un puits. Le pétrole est ensuite pompé à la surface.
Les infrastructures pour les sables bitumineux
Les sables bitumineux sont extraits du sol. Certains gisements sont plus près de la surface et peuvent être extraits en aménageant une mine. Toutefois, la majorité des sables bitumineux en Alberta sont enfouis trop profondément dans le sol pour permettre l’aménagement d’une mine. Il est alors nécessaire de faire un forage pour les rejoindre. Le bitume doit ensuite être séparé des grains de sable avant d’être ramené à la surface.
En 2020, 8 mines de sables bitumineux étaient en activité et 29 installations faisaient l’extraction de sables bitumineux à l’aide de forages[6].
Les infrastructures de raffinage du pétrole
La transformation du pétrole en carburant se fait à l’aide de raffineries. Au début des années 2020, l’Alberta en comptait 5. À elles seules, elles représentent près de 30 % de la capacité totale de raffinage au Canada[6].
Source : Bruce Raynor, Shutterstock.com
Les infrastructures de transport du pétrole
Le pétrole peut être transporté de différentes manières. Toutefois, la manière la plus efficace et la moins coûteuse de transporter le pétrole est d’utiliser un oléoduc. Le transport par train est une autre possibilité, mais elle est utilisée seulement s’il n’est pas possible de le faire par oléoduc. Le transport par train et le transport par oléoduc comportent tous deux des risques pour l’environnement et les populations.
L’Alberta peut compter sur un réseau de pipelines et de trains pour transporter son pétrole à travers la province et vers l’extérieur de la province.
Source : Premier meets with Keystone XL workers [Photographie], Government of Alberta, 2020, 7 octobre, Flickr, (URL). CC-BY 2.0[31].
Le réseau de transport existant est toutefois jugé insuffisant pour transporter tout le pétrole que l’Alberta souhaiterait exporter. Différents projets d’expansion sont donc proposés dans le but de transporter plus de pétrole vers les autres provinces canadiennes et vers d’autres pays. C’est le cas, par exemple, du pipeline Trans Mountain qui a pour objectif d’amener plus de pétrole albertain vers la côte ouest du Canada pour qu’il puisse être exporté à travers le monde.
Le territoire albertain compte des centaines de puits pour extraire le gaz naturel. Le gaz est ensuite transporté par gazoduc vers l’une des nombreuses usines de traitement. Il y en a près de 500 à travers la province[6]. Ces usines enlèvent les impuretés du gaz naturel.
Une fois cette opération complétée, le gaz peut être distribué aux consommateurs. Une partie du gaz naturel est consommé en Alberta. Le reste est acheminé vers le reste du Canada et vers les États-Unis principalement à l’aide de gazoducs. Il sert notamment à produire de l’électricité ou encore à chauffer des bâtiments.
Certains puits de gaz naturel sont situés dans des champs. Le reste du champ demeure accessible pour l’agriculture.
Source : Pi-Lens, Shutterstock.com
L’Alberta compte moins de 10 mines de charbon[15]. Certaines sont à ciel ouvert étant donné que le charbon est situé assez près de la surface. Les autres mines sont souterraines pour aller chercher le charbon situé plus profondément sous la terre. Une fois extrait, le charbon est envoyé dans une usine de traitement qui se charge de nettoyer le charbon et de le broyer en morceaux plus petits.
D’ici 2030, l’Alberta prévoit éliminer la production d’électricité à l’aide du charbon. Déjà, les compagnies propriétaires des centrales thermiques au charbon ont commencé à les convertir pour qu’elles utilisent du gaz naturel comme énergie de remplacement. De plus, en 2022, le gouvernement de la province a suspendu toutes les nouvelles demandes pour des projets d’exploration minière liés au charbon dans certaines parties de la province.
Le territoire de l’Alberta comptait, en 2020, près de 900 éoliennes[16]. Les éoliennes sont installées principalement dans le sud et dans le centre est de la province.
Source : Ramon Cliff, Shutterstock.com
Plusieurs autres projets de parcs éoliens sont en préparation. Une fois réalisés, ces projets augmenteront beaucoup la capacité de production d’énergie éolienne de l’Alberta.
La capacité de production d’électricité à partir de l’énergie solaire a beaucoup augmenté dans les années 2021 et 2022 et devrait continuer d’augmenter avec les années.
Des entreprises mettent en place de grands projets pour fournir de l’électricité à des milliers de maisons. Il est aussi possible pour les personnes d’installer des panneaux solaires chez elles.
De grands projets d’énergie solaire se développent en Alberta. L’un d’entre eux est le projet Travers, situé dans le comté de Vulcan, dans le sud de la province. Construit en 2021-2022, ce projet compte plus de 1,3 million de panneaux solaires[17]. Ensemble, ils peuvent fournir l’équivalent de près de 150 000 maisons en électricité. À sa construction, ce projet était la plus grande ferme solaire au Canada.
Le comté de Vulcan compte plusieurs panneaux solaires. D’autres projets feront augmenter ce nombre au fil des ans.
Source : Butler Stock Photography, Shutterstock.com
Les personnes résidant en Alberta peuvent installer des systèmes pour produire de l’électricité sur leur propriété.
L’électricité est produite à partir de sources d’énergie renouvelables et sert à répondre aux besoins de la personne. S’il y a des surplus, la personne peut également les vendre à une compagnie de distribution d’électricité et ainsi contribuer à répondre aux besoins en énergie de la province.
Source : oasisamuel, Shutterstock.com
Au début des années 1950, près de la moitié de l’électricité de l’Alberta était produite à l’aide de l’énergie hydraulique. Avec le temps, la part de l’hydroélectricité a beaucoup diminué. De nos jours, il n’y a qu’une vingtaine d’installations hydroélectriques sur le territoire albertain[32]. Aucun nouveau projet hydroélectrique n’est prévu dans les prochaines années.
Cette installation hydroélectrique a été mise en service en 1965. Elle sert surtout à répondre aux périodes de forte demande électrique ou encore à aider le réseau lorsqu’il y a des pannes.
Source : Brazeau Reservoir, Alberta [Photographie], Wheateater, 2010, juin, Wikimedia Commons, (URL).[33]
L’Alberta produit une grande quantité de pétrole et de gaz naturel. C’est aussi le plus grand consommateur d’énergie du Canada. En 2019, l’Alberta avait la plus forte demande d’énergie de tout le Canada. La population de l’Alberta a consommé 27 % de pétrole de plus par habitant que la moyenne nationale. En 2020, 56 % de la demande pour le gaz naturel provient de l’Alberta, et ce, en grande partie à cause de la consommation de gaz pour l’extraction et la transformation de pétrole et de sables bitumineux[6].
Toutefois, l’extraction, la transformation et la consommation des combustibles fossiles entrainent de nombreux enjeux environnementaux, sociaux et économiques.
L’exploitation du gaz naturel, mais surtout des sables bitumineux entraine plusieurs conséquences négatives, comme la pollution de l’air, de l’eau et des sols.
La pollution de l’air
Les émissions des gaz à effet de serre
Les secteurs de l’exploitation de gaz naturel et du pétrole sont la cause principale de l’augmentation de gaz à effet de serre en Alberta.
Les taux d’émissions de gaz à effet de serre en Alberta sont parmi les plus élevés au Canada. L’Alberta se classe au 2e rang parmi les autres provinces et territoires, atteignant 58,02 tonnes de CO2 par habitant, ce qui est 3 fois plus que la moyenne canadienne[6]. De plus, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 55 % de 1990 à 2005, et encore de 19 % depuis 2005[6].
Les raffineries sont l’une des sources de gaz à effet de serre dans la province.
Source : Bruce Raynor, Shutterstock.com
De récentes études ont toutefois démontré que les estimations des émissions de gaz à effet de serre pourraient en fait être grandement sous-estimées.
Une étude a été réalisée par le laboratoire de recherche sur l’énergie et les émissions de l’Université Carleton. Elle démontre que les émissions de méthane qui proviennent du secteur de l’énergie seraient en fait 50 % plus élevées que les estimations officielles du gouvernement et de l’industrie[18]. Cela peut avoir un grand impact, puisque le méthane est un des plus puissants gaz à effet de serre.
L’étude utilise de nouvelles méthodes qui mesurent à la fois les émissions depuis la surface, depuis un avion et grâce à des données satellites. Cette nouvelle façon de faire est utilisée entre autres par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement.
Les chercheurs d’Environnement et Changement climatique Canada réévaluaient leurs statistiques sur le méthane. À l’aide de cette nouvelle méthode d’analyse, ils ont aussi mesuré les émissions de gaz à effet de serre des sables bitumineux en Alberta.
Les résultats de l’étude fédérale sont semblables à ceux concernant les émissions de méthane. Ils démontrent que les émissions de dioxyde de carbone (CO2) seraient plus élevées de 65 % comparées aux estimations de l’industrie pétrolière. Environ 31 millions de tonnes de CO2 non déclarées seraient relâchées chaque année[19].
Les pluies acides
Une autre problématique en lien avec la pollution de l’air est la présence de pluies acides causées par l’exploitation des sables bitumineux. Des analyses de la qualité de l’air dans les régions où on exploite les sables bitumineux ont démontré la présence d’une quantité dangereuse de dioxyde de soufre et d’azote. Ces polluants sont responsables des pluies acides.
Les pluies acides menacent une grande partie du territoire au nord de l’Alberta, mais aussi au nord de la Saskatchewan. Elles auront plusieurs conséquences négatives sur les écosystèmes dans les prochaines années si la situation ne s’améliore pas. En effet, les pluies acides détruisent les nutriments dans le sol, ce qui nuit à la croissance des arbres et d’autres plantes. Elles contaminent aussi les cours d’eau, ce qui met en danger plusieurs espèces aquatiques.
Un écosystème est l’ensemble des relations entre un milieu physique et tous les êtres vivants qui s’y trouvent.
La pollution de l’eau
Pour produire un baril de pétrole, il faut trois barils d’eau. L’eau est utilisée pour séparer le pétrole des grains de sable. Seule une partie de l’eau utilisée lors de ce processus peut être recyclée. Le reste de l’eau est acheminé vers un bassin de décantation, qui sert à retenir les eaux usées et d’autres résidus. L’eau dans les bassins de décantation contient des résidus très toxiques tels que des métaux lourds et des produits chimiques.
Les bassins de décantation sont l’une des sources de gaz à effet de serre.
Source : Spotmatik Ltd, Shutterstock.com
Les bassins de décantation ont de graves conséquences pour l’environnement. Le problème est empiré par le fait que la taille de ces bassins augmente afin d’entreposer toujours plus d’eau contaminée. La superficie totale des bassins qu’on trouve à travers la province est aussi grande que la ville de Vancouver[20]. L’eau contenue dans les bassins de décantation libère des substances toxiques, qui peuvent contaminer les cours d’eau. Ils émettent aussi des gaz à effet de serre.
De plus, les bassins de décantation présentent un risque élevé de déversement. Cette situation est problématique pour les populations qui vivent à proximité. Tout d’abord, le déversement des eaux toxiques contamine le sol autour de la zone, ce qui affecte la faune et la flore. Cela impacte à leur tour les populations autochtones. Le contenu des bassins de décantation est si toxique que les populations vivant à proximité remarquent des changements dans les cours d’eau. À cause de cela, ils hésitent à consommer cette eau. En 2014, il a été constaté que les bassins de décantation exposent les populations au risque de développer des maladies graves telles que le cancer[20].
Le gouvernement de l’Alberta et le Tailings Management Framework travaillent à l’élaboration de lignes directrices pour la gestion des bassins de décantation. L’objectif est de minimiser l’impact sur l’environnement en libérant l’eau de manière sécuritaire et en veillant à ce que les bassins de décantation puissent être remis en état tous les dix ans. Le programme prévoit des critères stricts pour traiter l’eau utilisée afin d’en éliminer les substances nocives.
Les bassins de décantation sont également un risque direct pour les animaux. Il arrive que des oiseaux se posent dans des bassins de décantation et y boivent, ce qui peut entrainer leur mort. Les compagnies ont l’obligation d’installer des systèmes pour faire peur aux oiseaux et ainsi éviter qu’ils ne s’approchent des bassins de décantation. Ces systèmes ne fonctionnent pas toujours.
En mai 2020, une soixantaine d’oiseaux ont été repêchés après s’être posés dans des bassins de décantation de la compagnie pétrolière Impérial. De ces oiseaux, 50 étaient déjà morts[21]. Ceux toujours vivants ont été envoyés à une société qui se consacre au secours des animaux sauvages. Même si les lieux étaient équipés d’un système de dissuasion des oiseaux, différents facteurs pourraient expliquer pourquoi les oiseaux se sont quand même posés dans les bassins de décantation. Selon la compagnie, le fait que l’hiver s’était prolongé et que la migration a été plus soudaine sont des facteurs d’explication. De plus, les lacs de la région étaient encore gelés pour la plupart et des pluies verglaçantes auraient forcé les oiseaux à se poser.
L’impact sur les forêts
L’exploitation des combustibles fossiles, principalement l’exploitation des sables bitumineux, entraine le déboisement d’une partie de la forêt boréale. Certaines portions de forêt sont déboisées afin de créer des routes, des pipelines et d’autres types d’infrastructures nécessaires à l’exploitation des combustibles fossiles. Deux pratiques ressortent comme étant particulièrement dommageables pour les écosystèmes forestiers.
Source des données : Alberta Energy Regulator, (s.d.).[34]
La majeure partie des sables bitumineux de l’Alberta sont enfouis très profondément dans le sol et on y accède par forage. Par contre, à certains endroits, les sables bitumineux se trouvent assez près de la surface, ce qui permet de l’exploiter grâce à des mines à ciel ouvert. Dans ces situations, le couvert forestier est complètement rasé afin d’aménager la mine et d’exploiter la ressource.
Environ 20 % des sables bitumineux de la province peuvent être exploités à ciel ouvert et ils se trouvent uniquement dans la vallée de la rivière Athabasca[22].
Source : La mine de Syncrude, près de Fort McMurray, en Alberta. [Photographie], Todd Korol, Reuters, (s.d.), La Presse, (URL). Droits réservés*[35]
Toutefois, avant même de pouvoir exploiter les ressources pétrolières, il a fallu les trouver. C’est à ça qu’ont servi les longs corridors d’arbres défrichés qu’on trouve à plusieurs endroits dans la forêt boréale. On les appelle des lignes sismiques et elles permettaient à la machinerie de se déplacer.
Source : Lignes sismiques coupées près de Fort McMurray [Photographie], Liam Harrap, CBC, (s.d.), MAJ, (URL). Droits réservés*[36]
Même si la superficie de cette déforestation n’est pas si grande, cela a quand même plusieurs impacts négatifs sur l’environnement et la biodiversité. Tous ces exemples de déforestation ont perturbé et déplacé plusieurs espèces sauvages qui habitent dans la forêt boréale, comme l’ours, l’orignal, le caribou et le loup. Les lignes sismiques, par exemple, modifient le type de végétation de la forêt, ce qui impacte les animaux qui y vivent. Certains experts croient que les lignes sismiques sont une des principales causes de la diminution de la population de caribou de la province. On remarque aussi que certaines espèces d’oiseaux ne traversent pas ces corridors.
Les forêts au Canada couvrent 3,47 millions de km2 et représentent 9 % des forêts dans le monde[23]. Ce sont des écosystèmes extrêmement importants. En effet, les forêts canadiennes font partie des endroits les plus riches en biodiversité sur la planète.
De plus, les forêts boréales du pays, qui représentent environ 75 % du couvert forestier au Canada[24], stockent deux fois plus de CO2 que les forêts tropicales[25]. Elles sont donc essentielles pour contrôler la quantité de gaz à effet de serre.
C’est pour cela que la protection et la préservation des forêts au Canada sont des enjeux extrêmement importants. Entre 1990 et 2015, la superficie des forêts du Canada a diminué de seulement 0,3 %. Environ 24 % de cette diminution est attribuée à l’exploitation de ressources naturelles comme le pétrole, le gaz naturel et les mines[23].
La remise en état des sites
De nombreux sites sont utilisés pour l’exploitation, la transformation et le transport des ressources énergétiques. Des infrastructures sont nécessaires pour réaliser chacune de ces activités.
Ces infrastructures ont des impacts négatifs sur l’environnement pendant et après leur utilisation. C’est le cas, par exemple :
- des puits utilisés pour extraire le pétrole ou le gaz naturel,
- des bassins de décantation.
Les puits de pétrole ou de gaz naturel
À la fin de leur utilisation, les puits de pétrole ou de gaz naturel doivent être correctement gérés et scellés pour réduire au minimum les risques de contamination des sols et d’émanation de différents gaz, comme le méthane. En Alberta, un ensemble de règles ont été mises en place pour gérer les puits qui ne sont plus utilisés pour l’extraction. Ils sont très nombreux. En 2021, plus de la moitié des puits de l’Alberta n’étaient plus utilisés, mais n’avaient pas été nettoyés correctement. On estimait que 97 000 puits n’avaient pas été fermés correctement et que 71 000 avaient été fermés, mais pas remis en état[26].
Les compagnies doivent fermer et sceller les puits qu’elles abandonnent. Par la suite, elles doivent remettre le site en état le plus près de ce qu’il était à l’origine en enlevant tout ce qu’elles ont installé en surface. Toutefois, il arrive que les compagnies propriétaires des puits ne les ferment pas correctement et ne remettent pas le site en état. Ce peut être parce qu’elles n’existent plus ou parce qu’elles n’ont plus les moyens financiers. Ces puits deviennent alors orphelins. Le nombre de puits orphelins augmente beaucoup chaque année. Un organisme, la Orphan Well Association (OWA), est chargé de la gestion de ces puits et reçoit chaque année un certain montant d’argent pour procéder à leur fermeture.
Les puits peuvent être à l’origine de fuites qui polluent le sol ou l’air. On estime qu’environ 10 % des puits inactifs et 7 % des puits abandonnés ont des fuites[26]. Ces fuites peuvent relâcher du méthane dans l’atmosphère.
En 2017, la Orphan Well Association a scellé 2 puits de gaz situés sur le territoire de la ville de Calgary. Ils étaient situés près de quartiers résidentiels. La décision avait été prise en raison de risques pour la santé si des fuites de gaz survenaient.
Des ouvriers travaillent à l’abandon d’un des 2 puits.
Source : A Sweet End for Sour Wells [Photographie], Alberta Energy Regulator, 2017, 5 novembre, (URL). Droits réservés*[27]
Le secteur de l’énergie est très important dans l’économie albertaine. L’exploitation du gaz naturel et du pétrole a rapporté près de 24,4 millions de dollars en redevances au gouvernement de l’Alberta en 2022-2023[28].
L’Alberta produit assez d’énergie pour assurer son autonomie énergétique, c’est-à-dire pour répondre à ses besoins en énergie. Elle produit même plus d’énergie que ce dont elle a besoin et peut donc exporter ses surplus.
- Une redevance est un montant d’argent qui doit être payé à des moments précis.
- L’exportation est la vente de produits à des pays étrangers.
Les revenus tirés de l’exploitation et de l’exportation des ressources énergétiques, surtout du pétrole, soutiennent la croissance économique de l’Alberta. Ils assurent aussi une partie du financement de certains services publics, comme la santé et l’éducation. De plus, le secteur de l’énergie crée de nombreux emplois à travers la province. Ceux-ci sont souvent bien rémunérés. Le secteur de l’énergie, et plus spécifiquement l’exploitation des sables bitumineux, est devenu essentiel pour le développement économique et social de la province.
Comme l’économie de l’Alberta repose en grande partie sur l’exploitation et les exportations de pétrole, elle est vulnérable aux variations du prix de vente du baril de pétrole. Donc, plus le prix du pétrole est élevé, plus les revenus seront élevés. Ces revenus stimulent l’économie de la province et créent de nombreux emplois.
À l’inverse, si le prix de vente du baril de pétrole est trop bas, l’économie de l’Alberta vit des difficultés. Des personnes perdent leur emploi et des projets ainsi que des investissements sont reportés ou annulés.
De plus, comme les revenus du gouvernement baissent, certains services (écoles, hôpitaux) reçoivent moins de financement. Les difficultés économiques vécues dans le secteur de l’énergie entrainent donc des impacts sur l’ensemble de l’économie de la province.
Le contexte économique étant plus difficile, les personnes et les entreprises ont tendance à reporter des projets et des investissements, ce qui fait en sorte que le ralentissement vécu par l’industrie pétrolière a des impacts sur l’ensemble de l’économie de la province.
Au fil des ans, la province a connu plusieurs cycles de hauts et de bas économiques liés à l’exploitation du pétrole.
Dans les années 1970, le prix du pétrole dans le monde augmente très rapidement, ce qui amène une grande croissance de l’économie albertaine. Durant une dizaine d’années, les revenus tirés de l’exploitation du pétrole soutiennent l’économie de la province.
Source : Construction of Gulf Oil Refinery, Alberta, 1970 [Photographie], Provincial Archives of Alberta, 2023, 17 novembre, Flickr, (URL).[29]
La situation change dans les années 1980. Une récession économique frappe le Canada et l’économie de l’Alberta est durement touchée. Beaucoup de personnes perdent leur emploi. L’augmentation du prix du pétrole et du gaz naturel au début des années 1990 permet de stimuler à nouveau l’économie de la province.
Une récession économique est lorsqu’il y a une baisse de la croissance économique pendant plusieurs mois.
Les effets négatifs de l’exploitation des sables bitumineux sur l’environnement impactent directement les communautés autochtones qui habitent ces régions. En effet, ce type d’exploitation pose énormément de risques pour leur santé, leur culture et leur mode de vie.
La pollution importante causée par les sables bitumineux impacte la santé des populations autochtones, entre autres par la pollution de l’air.
Ces communautés autochtones se fient beaucoup à la chasse et la pêche afin de subvenir à leurs besoins alimentaires. Toutefois, les conséquences de l’exploitation des sables bitumineux sur la faune et la flore limitent leur capacité à chasser, pêcher et récolter cette nourriture. Cela est dû entre autres à :
- la diminution de certaines espèces en raison des lignes sismiques;
- l’apparition de plus en plus de maladies chez les orignaux par exemple;
- les poissons qui ne peuvent plus être pêchés parce qu’ils sont contaminés.
Tous ces changements obligent les communautés autochtones à changer profondément leur mode de vie. Comme les Autochtones n’arrivent plus à répondre eux-mêmes à leurs besoins alimentaires, ils doivent acheter une portion de leur nourriture dans les épiceries. Or, à cause de l’éloignement, les prix sont souvent très élevés.
Ils ont aussi beaucoup de difficulté à faire respecter leurs droits et leurs revendications. Plusieurs projets d’exploitation des sables bitumineux sont approuvés par les gouvernements malgré l’opposition des communautés autochtones de la région.
En 2022, le gouvernement fédéral prévoyait modifier la Loi sur les pêches dans le but de permettre aux industries de rejeter l’eau toxique des bassins de décantation dans les cours d’eau après l’avoir traitée. Les communautés autochtones, de même que les experts environnementaux, se sont fortement opposées à ce projet.
D’une part, les impacts du rejet de ces résidus toxiques, même s’ils sont traités, sur l’environnement et les populations de la région sont inconnus.
D’autre part, cette demande de la part des industries de sables bitumineux ne viendrait pas d’une volonté de remettre en état les bassins de décantation, ce qui est réclamé par les communautés autochtones depuis plusieurs années. Le but des industries est de déverser les résidus des mines de sables bitumineux dans les cours d’eau afin de pouvoir remplir à nouveau les bassins.
La mine de Kearl a connu 2 fuites de résidus toxiques en 2022 et 2023. Environ 5,3 millions de litres d’eaux usées se sont échappés lors de la deuxième fuite, contaminant les eaux souterraines près de la mine[30].
Les territoires touchés par ces déversements comprennent une zone boisée et des plans d’eau qui alimentent 2 rivières.
Des analyses de l’eau contaminée de la première fuite ont démontré que les niveaux des contaminants toxiques, comme de l’arsenic, des sulfates, des sulfures, etc., dépassent les normes environnementales.
La mine de Kearl est située dans la région de l’Athabasca, au nord de la ville de Fort McMurray.
Source : Rejet d’eau contaminée sur le site d’exploitation des sables bitumineux de Kearl [Photographie], Première Nation Athabasca Chipewyan/Nick Vardy, (s.d.), Regard sur l’Arctique, (URL). Droits réservés*[37]
Les communautés autochtones qui vivent dans la région où les fuites ont eu lieu ont été informées de ces incidents seulement 9 mois plus tard. Comme ils ont découvert des traces d’animaux dans la zone touchée, ils s’inquiètent de la possibilité que les animaux qu’ils ont chassés ou pêchés soient contaminés, ce qui pourrait être dangereux pour leur santé.
Des lacunes importantes concernant la façon dont l’Alberta et la Canada protègent l’environnement et les communautés autochtones ont été mises en lumière à la suite de ces fuites.
Pour avoir accès au reste du module, tu peux consulter les fiches suivantes.
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Première Nation Athabasca Chipewyan/Nick Vardy. (s.d.). Rejet d’eau contaminée sur le site d’exploitation des sables bitumineux de Kearl [Photographie]. Regard sur l’Arctique, (URL).*
*Extrait employé par Alloprof conformément à la Loi sur le droit d'auteur dans le cadre d'une utilisation équitable aux fins d’éducation [https://laws-lois.justice.gc.ca/fra/lois/c-42/page-9.html].