Au début des années 1830, le Bas-Canada vit des difficultés sur les plans politique, social et économique. De ce fait, les protestations se font de plus en plus nombreuses chez les Canadiens, ce qui mènera aux rébellions de 1837-1838.
Au début des années 1830, plusieurs débats font rage à la Chambre d'assemblée et opposent les députés canadiens et britanniques. Ces débats concernent principalement le financement des canaux, les droits de douane et l'utilisation des subsides.
Les subsides sont des subventions (des fonds) que l'État accorde à des entreprises ou à des personnes afin de les soutenir. Ces montants proviennent de taxes imposées par la Chambre d'assemblée.
De plus, certains membres du gouvernement, appelés la Clique du Château, sont corrompus et profitent du jugement favorable du gouverneur à leur endroit. Le gouverneur, quant à lui, en plus de pouvoir utiliser son droit de véto pour annuler les décisions prises par les députés, ne consent toujours pas à accorder la responsabilité ministérielle. Le Parti patriote dénonce également la composition du Conseil législatif, car ses membres sont directement nommés par le gouverneur et non pas élus. Dans ce contexte, la colère des membres du Parti patriote ne fait que grandir.
En 1826, le Parti canadien prend le nom de Parti patriote et adopte une voie plus radicale.
Plusieurs évènements attisent les tensions entre les Canadiens français et la population d'origine britannique du Bas-Canada.
En 1832, une émeute survient lors d'une élection partielle opposant un membre du Parti patriote et un membre du British Party. Des soldats de l'armée britannique ouvrent le feu sur la foule et tuent trois Canadiens. Après l'évènement, le gouverneur refuse l'enquête publique demandée par les députés du Parti patriote; les soldats impliqués ne subissent alors aucunes représailles, ce qui suscite l'indignation chez les Canadiens.
L'immigration britannique s'intensifie également dans les années 1830. Conséquemment, les Canadiens craignent l'assimilation. De plus, ces nouveaux arrivants sont à l'origine de l'épidémie de choléra, qui fera des milliers de morts de 1832 à 1834.
Au Bas-Canada, les années 1830 sont marquées par une crise agricole et une surpopulation des seigneuries. Conséquemment, plusieurs Canadiens sont touchés par la famine. Or, les autorités britanniques, en plus d'attribuer les nouveaux cantons aux Britanniques, refusent de créer de nouvelles seigneuries. Tout cela rend les Canadiens de plus en plus insatisfaits.
En 1834, les membres du Parti patriote rédigent les 92 Résolutions, document officiel qui sera envoyé à Londres. Ce document dénonce, entre autres, la corruption présente dans le système politique, qui privilégie une minorité britannique, ainsi que le manque d'efficacité de l'administration et du système de justice de la colonie. Les revendications du Parti patriote y sont également présentées.
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La même année, la population du Bas-Canada, qui comprend de nombreux anglophones, accorde son appui au Parti patriote en l'élisant de façon majoritaire à la Chambre d'assemblée.
En 1835, Lord Aylmer est remplacé par un nouveau gouverneur. En 1837, Londres répond finalement aux 92 Résolutions et fait parvenir les 10 Résolutions Russell. Toutes les revendications du Parti patriote y sont rejetées. Le gouverneur est même désormais autorisé à prélever de l'argent du budget de la Chambre d'assemblée, et ce, même s'il n'a pas son accord. Les députés de la Chambre d'assemblée perdent alors le seul moyen de pression qu'ils avaient envers le gouverneur. De ce fait, les 10 Résolutions Russell sont très mal reçues par le Parti patriote.
En 1837, les membres du Parti patriote organisent plusieurs assemblées populaires au Bas-Canada. Lors de ces assemblées, les Patriotes prennent la parole devant des centaines, voire des milliers de personnes, et dénoncent les 10 Résolutions Russell et les politiques du gouvernement.
Louis-Joseph Papineau, chef du Parti patriote, incite la population à boycotter les produits britanniques. Cette mesure a pour but de nuire aux marchands britanniques, mais aussi de priver les gouvernements de la colonie et de la métropole des revenus des taxes et des droits de douane.
Les 23 et 24 octobre 1837, l'Assemblée des Six-Comtés, organisée à St-Charles-sur-Richelieu, attire plus de 5000 personnes. Devant la foule, Papineau prône une approche pacifique. Cependant, certains députés du Parti patriote sont d'avis qu'il est temps de prendre les armes, comme le proclame d'ailleurs Wolfred Nelson au cours de cette même assemblée.
Craignant un soulèvement, le gouverneur Gosford interdit les assemblées populaires en juin 1837, ce qui fera augmenter considérablement les tensions entre le Parti patriote et les autorités britanniques. La tenue de l'Assemblée des Six-Comtés et une violente bagarre qui éclatera deux semaines plus tard à Montréal mèneront à l'arrestation de 26 leadeurs patriotes accusés de haute trahison.
En ce qui concerne le clergé catholique, le haut clergé et le bas clergé ne partagent pas la même opinion par rapport à la rébellion.
Le haut clergé, constitué de membres influents tels que l'évêque, s'oppose ouvertement aux revendications du Parti patriote et aux idées libérales. L'évêque de Montréal, avec l'aide des curés, appelle la population à respecter les autorités britanniques ainsi que la métropole, et menace d'excommunication tous ceux qui prendraient part aux rébellions.
Les curés et les autres membres du bas clergé, eux, présentent un point de vue plus nuancé. En effet, certains curés appuient le Parti patriote et participent même à des assemblées populaires.