Sous l’Acte constitutionnel adopté en 1791, la population du Bas-Canada demeure en très grande majorité francophone et catholique. Durant cette même période, la population du Haut-Canada demeure essentiellement anglophone et protestante.
Au Bas-Canada, la population passe d’environ 160 000 habitants en 1791 à 600 000 habitants en 1840. Cela représente une augmentation de 440 000 personnes en près de 50 ans. L’immigration française ayant cessé depuis la Conquête, l’accroissement naturel est la cause de cette importante augmentation de la population.
Voici un tableau présentant l’évolution de la population au Bas-Canada entre 1791 et 1840. Malgré des données manquantes, il est tout de même possible de voir un grand accroissement de population.
1791 | 1806 | 1814 | 1822 | 1825 | 1827 | 1831 | 1840 |
160 000 | 250 000 | 335 000 | 427 465 | 479 288 | 473 475 | 553 134 | 600 000 |
Source des données : Statistique Canada, 2015, et Campeau, Fortin, Lavoie, Parent, 2017. |
La hausse de la population anglophone des deux Canadas est due à l’accroissement naturel et à l’immigration.
De 1791 à 1812, la plupart des immigrants anglophones viennent des États-Unis. Plusieurs arrivent au Bas-Canada parce qu’ils sont attirés par les terres gratuites qui y sont offertes par la métropole. C’est donc 15 000 habitants anglophones qui s’ajoutent à la population du Bas-Canada durant cette période. Les anglophones élisent domicile surtout dans les régions des Cantons-de-l’Est, de Montréal, de Québec, de Gaspé et de William-Henry (Sorel).
Source des données : Leclerc, J., 2015.
En 1815, la provenance des immigrants anglophones change en raison de la guerre de 1812 qui a opposé le Royaume-Uni et les États-Unis. Au lieu de venir des États-Unis, les immigrants viennent des iles Britanniques (Angleterre, Écosse et Irlande). Ces nouveaux habitants s’installent d’abord au Bas-Canada, y faisant ainsi augmenter la proportion d’anglophones. Par la suite, cette immigration se déplace vers le Haut-Canada, dont la population passe de 10 000 habitants en 1791 à environ 450 000 en 1840.
En 1801, les royaumes de Grande-Bretagne (Angleterre et Écosse) et d’Irlande s’unissent. Ce nouveau royaume se nomme Royaume-Uni.
À cette époque, la société du Bas-Canada est très hiérarchisée.
Administrateurs coloniaux (forte majorité anglophone) |
Gouverneur et lieutenant-gouverneur Hauts fonctionnaires (membres du Conseil législatif et du Conseil exécutif, juges, évêque anglican) Officiers militaires |
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Bourgeoisie d’affaires (majorité anglophone) |
Marchands britanniques Quelques marchands canadiens (francophones) |
Seigneurs nobles | Seigneurs |
Clergé catholique | Évêques Prêtres Curés Communautés religieuses masculines et féminines |
Bourgeoisie professionnelle (majorité francophone) |
Notaires Avocats Médecins Journalistes Arpenteurs Etc. |
Peuple (majorité francophone, immigrants anglo-américains, anglais, écossais et irlandais) |
Artisans Agriculteurs Soldats Ouvriers Petits marchands Etc. |
Les administrateurs coloniaux, choisis par le Parlement britannique, dirigent la société du Bas-Canada. Ce sont eux qui contrôlent toutes les institutions de l’État, à l’exception de la Chambre d’assemblée.
La bourgeoisie d’affaires est très influente dans l’économie de la colonie. En politique, contrairement à la classe dirigeante, la bourgeoisie d’affaires est en faveur de la Chambre d’assemblée puisque cela lui permet d’intervenir dans la sphère politique. Cependant, étant peu nombreux, les membres de la bourgeoisie d’affaires ne réussissent pas à occuper la majorité des sièges de la Chambre. Il est alors difficile pour eux d’exercer leur influence dans la colonie comme ils le souhaiteraient.
La bourgeoisie professionnelle gagne en influence dès la fin du 18e siècle puisque ses membres peuvent se faire élire à la Chambre d’assemblée et ainsi participer à la vie politique de la colonie. Cela lui permet de défendre les intérêts des Canadiens.
Débat sur les langues lors de la première Assemblée législative du Bas-Canada le 21 janvier 1793
Source : Étude pour « Le Débat des langues » [Toile], Huot, C., 1910-1913, MNBAQ (URL).*
Le clergé catholique conserve son rôle d’intermédiaire entre la population catholique et les dirigeants coloniaux, ne prenant généralement pas part aux questions politiques. Il ne le fait que pour des dossiers qui le concernent, comme l’éducation.
De leur côté, les seigneurs perdent en influence depuis la Conquête au profit de la bourgeoisie d’affaires et de la bourgeoisie professionnelle.
Les classes populaires forment la majorité de la population, tant dans le Bas-Canada que dans le Haut-Canada. Elles sont formées de Canadiens, d’immigrants britanniques et d’Autochtones dans les deux Canadas.
En 1793, le Haut-Canada met en place une loi visant l’abolition graduelle de l’esclavage sur son territoire. C’est en 1833 que le Royaume-Uni adopte une loi qui entraine l’abolition de l’esclavage sur son territoire ainsi que dans toutes les colonies britanniques, incluant les deux Canadas. Représentant la liberté, les Canadas deviennent le refuge de milliers d’esclaves noirs des États-Unis entre 1815 et 1860 (Encyclopédie canadienne, 2015).
« Am I not a man and a brother? » (« Ne suis-je pas un homme et un frère? » [Traduction libre])
Source : Antislavery Medallion [photographie], Wedgwood, J., après 1787, National museum of American history, (URL). Droits réservés*
Campeau, F., Fortin, S., Lavoie, R. et Parent, A. (2017). Mémoire.qc.ca : des origines à 1840 - 2e cycle (1re année) [Manuel de l’élève]. Chenelière éducation.
Huot, C. (1910-1913). Étude pour « Le Débat des langues » [Toile]. MNBAQ. https://collections.mnbaq.org/fr/oeuvre/600003329 *Extrait employé par Alloprof conformément à la Loi sur le droit d’auteur dans le cadre d’une utilisation équitable aux fins d’éducation [https://laws-lois.justice.gc.ca/fra/lois/c-42/page-9.html]
L. Henry, N. (2015, 29 janvier). Abolition de l’esclavage, loi de 1833. Encyclopédie canadienne. https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/abolition-de-lesclavage-loi-de-1833
Leclerc, J. (2015). Vers 1840 [Carte]. CEFAN Université Laval. http://www.axl.cefan.ulaval.ca/francophonie/HISTfrQC_s3_Union.htm
Statistique Canada. (2015, 26 aout). Les années 1800 (1806 à 1871). https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/98-187-x/4064809-fra.htm
Wedgwood, J. (Après 1787). Antislavery Medallion [photographie]. National museum of American history. https://americanhistory.si.edu/collections/search/object/nmah_596365 *Extrait employé par Alloprof conformément à la Loi sur le droit d’auteur dans le cadre d’une utilisation équitable aux fins d’éducation [https://laws-lois.justice.gc.ca/fra/lois/c-42/page-9.html].