Les notions abordées dans cette fiche dépassent celles qui sont vues au secondaire. Il s'agit ici d'un complément pour ceux qui sont curieux d'en savoir plus.
L’industrialisation en France s’est effectuée plus lentement que l’industrialisation de l’Angleterre. La France a tout de même profité des mêmes innovations techniques, mais le rythme d’implantation de la mécanisation agricole et industrielle a été plus lent. Par ailleurs, les impacts de la révolution industrielle ont été sensiblement les mêmes qu’en Angleterre : urbanisation, mauvaises conditions de vie des ouvriers, nouvelles classes sociales, etc.
La révolution agricole en France n’a pas été aussi fulgurante qu’ailleurs. Plusieurs causes expliquent cette lente mécanisation de l’agriculture. Contrairement à l’Angleterre, les terres agricoles françaises étaient subdivisées en petites terres. Il n’y avait pas réellement de grande propriété. Il n’y avait que peu d’intérêt face au développement de l’agriculture.
Depuis la Révolution française, la proportion de petites et moyennes terres agricoles a augmenté. Les infrastructures favorisant la mécanisation n’étaient pas présentes : manque de moyens de transport, restrictions sur la circulation des produits agricoles et structures sévèrement réglementées. L’agriculture ne pouvait se spécialiser, chaque agriculteur avait une production variée qui fournissait presqu'uniquement le marché local. D’autre part, les paysans n’étaient pas suffisamment fortunés pour investir dans les nouveaux outils.
Cette situation explique partiellement pourquoi, au début du 19e siècle, le pays est essentiellement agricole. En 1846, alors que la révolution industrielle est déjà bien amorcée en Angleterre, la population rurale française représente encore 75 % de la population totale du pays.
Dans la deuxième moitié du 19e siècle, la situation a quelque peu changé : les agriculteurs français ont adopté la jachère et la rotation des terres, ont augmenté les surfaces cultivables et ont amélioré leurs outillages. De plus, ils ont introduit de nouvelles cultures en provenance de l’Amérique : la pomme de terre et le maïs. Toutes ces modifications ont augmenté la productivité des terres. Toutefois, l’agriculture pratiquée était encore une agriculture de subsistance. La lente croissance de l’agriculture se justifie par les bouleversements sociaux connus par le pays : la Révolution française et l'Empire de Napoléon.
Une agriculture de subsistance produit tout juste assez de nourriture pour nourrir le cultivateur et sa famille. Ce type d'agriculture produit très peu de surplus.
C’est l’arrivée du chemin de fer qui va transformer la vie des paysans. Les campagnes sont devenues plus accessibles, le train transportait les engrais et les denrées, le marché s’élargissait. Devant cette nouvelle situation, les paysans se sont peu à peu spécialisés et la production a pu augmenter.
Bien que les pratiques agricoles aient changé, la France n’a pas rapidement mis de côté sa longue tradition agricole.
Ce sont les secteurs du textile et de la métallurgie qui ont d’abord été touchés par l’industrialisation en France. Dès le milieu du 18e siècle, le secteur textile était en pleine proto-industrialisation : plusieurs ateliers et fabriques réunissaient les artisans. La proto-industrialisation a été accentuée grâce à l’importation des techniques anglaises et à l’arrivée de plusieurs familles britanniques. La France possédait déjà les mêmes moyens techniques que l’Angleterre, mais a connu un développement moins rapide.
Le retard dans le développement de l’industrie métallurgique explique un peu pourquoi l’industrialisation française ne s’est pas propagée rapidement. En effet, dès le 18e siècle, la métallurgie en France était très en retard, ce qui a entraîné le ralentissement du développement du secteur textile et également celui du développement militaire. En 1764, certains patrons vont étudier les méthodes anglaises avant d’implanter les premières usines. Ce n’est qu'en 1777 que les premiers hauts fourneaux ont été installés et en 1784 que la première machine à vapeur rotative a été mise en place. Malgré ces importations, la France est restée en retard : l’approvisionnement en charbon était insuffisant. En effet, la France n’avait pas d’aussi bonnes réserves de charbon que d’autres pays.
La France a pourtant joué un rôle important dans la révolution industrielle, malgré les lents développements. En effet, plusieurs grandes écoles d’ingénieurs ont été créées entre 1747 et 1828. Ces écoles en ont inspiré plusieurs autres pays et les ingénieurs français étaient demandés partout.
Au début du 19e siècle, seule l’industrie textile est largement mécanisée.
C’est en 1850, avec l’arrivée du chemin de fer que la situation a changé : l’industrie du fer et de l’acier a connu de grands développements. Les réseaux de chemin de fer avaient besoin de l’acier (utilisé dès 1866 pour fabriquer les rails), de charbon, de fer et de machines à vapeur.
À partir de cette époque, la population rurale a commencé à diminuer au profit des villes.
Grâce au développement du chemin de fer, la France a pu développer son économie, malgré le retard accumulé sur l'Angleterre, l’Allemagne et les États-Unis. La bourgeoisie française préférait les tâches abstraites, les fonctions juridiques et la propriété terrienne à la propriété industrielle. Leurs intérêts visaient également le chemin de fer. C’est pourquoi le réseau s’est rapidement développé, centré sur Paris.
L’implantation des chemins de fer par les propriétaires de réseaux et les propriétaires d’industries, a favorisé le développement de deux nouvelles classes sociales : la grande bourgeoisie d’affaires et le prolétariat. La misère des ouvriers va causer de nombreux mouvements sociaux dans lesquels les ouvriers vont faire connaître leurs revendications. Au même moment, les grandes villes sont réaménagées : amélioration des égouts, aménagement de boulevards. À Paris, les travaux d’embellissement sont dirigés par Haussmann. En 1914, la France est l’un des pays les plus riches au monde. La réputation de Paris est très bonne, surtout depuis l’Exposition universelle de 1900.
Comme partout ailleurs, l’industrialisation en France crée des débats sociaux. Les conditions de vie et de travail des ouvriers sont misérables : salaires maigres et insuffisants, travail dur pour les enfants, ville et logements insalubres, etc. L’industrialisation est alors marquée par la lutte des classes et par les droits du travail. Depuis la Révolution française, c’est la liberté individuelle qui prime. La liberté des industriels brimait ainsi le droit des travailleurs, qui étaient alors sans protection par rapport à leurs patrons.
C’est en 1841 que la première loi sur le travail a été instaurée en France. Cette loi interdisait le travail au moins de 8 ans, limitait à 8 heures la journée de travail aux enfants entre 8 et 12 ans, limitait aussi à 12 heures la journée de travail pour les enfants entre 12 et 16 ans. De plus, les enfants âgés de moins de 13 ans ne pouvaient travailler la nuit. Toutefois, cette loi n’était pas réellement mise en application puisqu’il n’y avait pratiquement pas d’inspection dans les usines. De plus, il faut également préciser que les parents souhaitaient que leurs enfants travaillent, car la famille n’avait pas suffisamment d’argent.
En 1845 et 1846, les mauvaises récoltes ont causé une pénurie alimentaire. Les importations de produits alimentaires ont alors augmenté, tout comme le prix des denrées et le coût de la vie. Les agriculteurs et les ouvriers étaient alors encore plus pauvres qu’ils ne l’étaient déjà. La population, plus pauvre, achetait moins de biens industrialisés. Les industriels se retrouvaient avec une production plus grande, au moment même où les exportations diminuaient. Ne pouvant plus produire autant, les patrons ont congédié plusieurs ouvriers qui se trouvaient sans emploi, alors que tout coûtait plus cher. C’est le début de la crise industrielle.
En janvier 1847, plusieurs banques étaient en difficultés financières, certaines faisaient faillite, dont la Caisse du commerce et de l’industrie. C’est alors que les taux d’intérêts ont augmenté considérablement. Malgré une récolte exceptionnelle au cours de l’été 1847, le prix du blé chute, causant la ruine des paysans et des spéculateurs. Au même moment, les investisseurs des compagnies de chemin de fer ont récolté moins de profits qu’ils ne l’espéraient et se sont retirés. La construction des chemins de fer a dû s’arrêter, mettant ainsi au chômage 800 000 ouvriers. L’ensemble des industries venait de perdre son principal client.
En 1850, l’état intervient en instaurant une politique agricole. Cette politique visait surtout à ce qu’une crise comme celle-là ne se répète pas. En 1852, il y a eu une reprise économique grâce à la découverte de métaux précieux. La production industrielle a repris son cours et la situation financière est revenue à la normale.
En 1871, la France a perdu une guerre menée contre les Prussiens. Par cette défaite, les Parisiens se sont sentis humiliés, même trahis par leur gouvernement. Craignant des mouvements révolutionnaires, le chef de la République et le gouvernement se sont installés à Versailles.
De Versailles, le gouvernement a imposé plusieurs mesures qui ont fait diminuer la qualité de vie des citoyens : remboursement obligatoire des commerces et des loyers, retrait de l’indemnité versée à la garde nationale. À l’époque, la garde nationale comportait plus de 180 000 hommes qui s'étaient tous retrouvés alors sans source de revenus. La tension grimpait rapidement dans la capitale française.
Au même moment, le gouvernement, toujours à Versailles, souhaitait récupérer 227 canons. Ces canons avaient été installés à Montmartre pendant la guerre contre les Prussiens. Le 18 mars 1871, 4 000 soldats sont partis vers Paris avec l’ordre de ramener les 227 canons. La population parisienne ne les a pas laissé faire : il y a eu une émeute au cours de laquelle deux généraux ont été fait prisonniers.
Quelques heures plus tard, ces deux prisonniers étaient exécutés alors que des émeutes sévissaient partout dans la ville. Les membres de la garde nationale se sont associés en fédération et s’appelaient les fédérés. Suite à ces évènements imprévus, le gouvernement a ordonné aux soldats, dont la fidélité était incertaine, d’évacuer Paris le soir même.
Les militants, les anarchistes, les socialistes et les jacobins ont alors pris le contrôle de la ville. Trente d’entre eux se sont réunis dans la confusion à l’hôtel de ville, avant de former un nouveau comité central. Le 26 mars, ce comité a lancé des élections municipales. Le 28 mars, la Commune de Paris est déclarée : 79 élus contrôlaient la ville, indépendamment du gouvernement.
Ces nouveaux élus ont rédigé une Déclaration au peuple français, dans laquelle ils proposaient aux autres villes de la France de créer une association fédérale. La Commune de Paris a tenté de gouverner la capitale, tout en réprimant les révoltes et les assauts des soldats.
L’armée française a réussi à mettre fin à la Commune de Paris après la Semaine sanglante, qui a débuté le 21 mai 1871. Le gouvernement, après avoir réuni une armée suffisante, a lancé un assaut contre Paris. L’objectif était clair : mettre fin à la Commune et reprendre le contrôle de la capitale.
Pour y parvenir, l’armée a dû conquérir Paris une barricade après l’autre. Au même moment, la Commune a voté en faveur du Décret des otages, qui permettait d’exécuter les otages sans procès. Tout au long de cette semaine de batailles, les Fédérés ont exécutés environ 40 otages en plus de mettre le feu à la ville. Au total, 4 000 personnes ont perdu la vie au cours des affrontements.
Le 28 mai 1871, l’armée a repris le contrôle. Cette journée marque la fin de la Commune de Paris. Quelque 38 000 personnes ont été arrêtées.
En 1889, le 1er mai est devenu une journée officielle de revendications des ouvriers et des travailleurs. Pendant cette journée, les travailleurs faisaient généralement la grève et en profitaient pour manifester, faire valoir leur point de vue et leur valeur, faire connaître leurs revendications, etc. Encore aujourd’hui, le 1er mai souligne la fête des travailleurs, célébrée dans de nombreux pays : c’est la Journée internationale des revendications des travailleurs.
Le 29 avril 1891, les patrons de la ville de Fourmies appréhendaient le 1er mai avec ses grèves, ses manifestations et ses revendications. C’est pourquoi les patrons ont rédigé un texte : Le Manifeste des Industriels contre le 1er mai, dans lequel ils tentaient de convaincre leurs ouvriers de ne pas participer aux activités liées au 1er mai. Selon ces patrons, les mouvements des travailleurs ne pouvaient que mener à la ruine de l’industrie.
De plus, les industriels de Fourmies considéraient que les conditions de travail de leurs ouvriers étaient au-dessus de la moyenne. De plus, les industriels, par ce manifeste, s’étaient engagés à se défendre dans cette lutte injustifiée. Lorsque les industriels ont vu que les ouvriers désiraient tout de même participer aux activités grévistes, ils ont craint les émeutes possibles. C’est pour contrer les possibles émeutes du 1er mai que les patrons ont exigé que des militaires soient envoyés à Fourmies.
Le matin du 1er mai 1891, comme prévu, les ouvriers ne travaillaient pas, sauf quelques-uns. Les ouvriers en grève ont voulu faire cesser les activités de ceux qui travaillaient. Sentant monter la tension, les troupes de soldats ont chargé les grévistes avant d’en arrêter deux d’entre eux. L’agitation ne s’est pas arrêtée là à Fourmies puisqu’en après-midi, de nombreux manifestants se sont rassemblés pour exiger la libération des deux prisonniers. Les soldats ont chargé de nouveau sur les manifestants tandis que ces derniers leur lançaient des pierres. À 18h30, les soldats ont obtenu l’ordre d’ouvrir le feu sur la foule. La fusillade n’a duré que quelques minutes, mais a causé 9 morts et 35 blessés.
Depuis, cet évènement est gravé dans les mémoires de tous les militants socialistes.
Les arts du 19e siècle en France sont marqués par les transformations sociales. En effet, plusieurs auteurs et artistes désiraient représenter la dure réalité des ouvriers et des citadins. Les oeuvres d’art ne visaient plus seulement un embellissement de la réalité, elles tentent de la représenter le plus fidèlement possible. Plusieurs romans et peintures issues du 19e siècle mettent ainsi en scène des personnages populaires : ouvriers, travailleurs des mines, voyageurs dans le train, paysans, petits commerçants, etc.
Dans son recueil de poèmes, Victor Hugo a rassemblé plusieurs poèmes, certains racontent même des moments de sa vie. Publié en 1856, le recueil Les Contemplations réunit des textes écrits entre 1846 et 1855.
Au moment où Victor Hugo rédige ces poèmes, il est en exil en Angleterre. Il faut ici préciser que Victor Hugo ne s’est pas seulement contenter d’écrire des poèmes, des romans, des pièces de théâtre et des textes revendicateurs. Il s’est grandement impliqué dans la vie politique avant de s’impliquer activement dans les mouvements révolutionnaires, ce pourquoi il a dû s’exiler.
D’ailleurs, la plupart des textes de Victor Hugo visent à sensibiliser ses lecteurs à certains problèmes sociaux, comme dans Les Misérables ou Le dernier jour d’un condamné. Divisé en 6 livres, le recueil Les Contemplations partage les poèmes selon certains thèmes : le jeunesse de l’auteur, ses amours, la mort de sa fille, la méditation et l’espoir. Toutefois, le troisième livre s’attarde à la pitié. C’est dans ce livre que Victor Hugo dépeint, avec sensibilité, la misère dans les villes et dans la société moderne.
Pendant la Commune de Paris, les Fédérés sentaient la pression que le gouvernement de Versailles exerçait. Le poète Eugène Pottier rédige alors un texte visant à stimuler la force des insurgés. Quelques années plus tard, en 1888, Pierre Degeyter met ce poème en musique. Véritable chant révolutionnaire, cette chanson est devenue officiellement, en 1904, l’hymne du mouvement ouvrier mondial. Depuis ce temps, L’Internationale a été traduite en de très nombreuses langues. De nombreux partis communistes l’ont également choisie comme chant officiel.
Le roman Germinal a été publié en 1885. Ce texte de Zola s’inscrit dans le vaste projet d’écriture de l’auteur. En effet, Émile Zola désirait créer un nouveau genre de roman, plus adapté à la société : le roman naturaliste. Le but de Zola était surtout d’interpréter de comprendre les phénomènes de la nature, grâce à l’écriture.
En fait, Zola visait surtout à s’inspirer de la méthode scientifique de l’expérimentation afin de vérifier comment et par quoi les personnages sont conditionnés : milieu social, travail, famille, etc. Il recherchait ainsi les causes du vice dans l’hérédité. Pour y parvenir, il était essentiel que l’écrivain conserve une vision objective et réaliste de son sujet. La plupart des personnages de Zola sont issus du peuple urbain.
Germinal s’inscrit dans cette visée, tout comme l’ensemble des romans de la série des Rougon-Macquart et montre un exemple de la lutte des classes et de la révolte sociale. Le point de vue de Zola, bien qu’objectif, tente de démontrer la misère dans laquelle les ouvriers doivent vivre. Dans Germinal, Zola met en scène un jeune chômeur, Étienne Lantier. L’histoire se déroule en pleine crise industrielle : les emplois sont rares et les conditions de vie sont misérables.
Le protagoniste réussit tout de même à se trouver un emploi dans une mine. La narration de Zola donne une image réaliste forte et frappante du monde ouvrier. Très tôt, le jeune héros est révolté par l’injustice sociale et les conditions de vie des mineurs. Il propage rapidement ses idées révolutionnaires au sein de ses collègues miniers, tandis que la compagnie diminue le salaire des ouvriers. Étienne Lantier pousse les mineurs à la grève. Les patrons sont intraitables et les ouvriers sont de plus en plus affamés.