Les notions abordées dans cette fiche dépassent celles qui sont vues au secondaire. Il s'agit ici d'un complément pour ceux qui sont curieux d'en savoir plus.
Plusieurs concepts importants sont reliés aux notions de classes sociales et de lutte des classes. Plusieurs de ces concepts ont d’ailleurs influencé les doctrines politiques, économiques et philosophiques qui se sont développées après la révolution industrielle.
Une bonne partie de ces concepts et de ces doctrines ont été développées ou influencées par Karl Marx. Fils d’un avocat, Karl Marx a étudié la philosophie, le droit et l’histoire. Très tôt dans sa vie, il a affiché des tendances et des idées radicales. C’est pourquoi, tout au long de sa vie, il a dû s’exiler à plusieurs reprises.
Rapidement, Marx s’est posé en faveur du communisme. Il a développé sa conception du monde autour des classes sociales. En 1844, Karl Marx a rencontré Friedrich Engels avec qui il a collaboré toute sa vie. Pour eux, le communisme apparaissait comme la solution aux difficultés vécues par les ouvriers.
Issu d’une famille bourgeoise, Friedrich Engels a étudié l’économie politique. Son père était propriétaire d’une usine, c’est pourquoi Friedrich Engels était conscient de la condition difficile des travailleurs. D'ailleurs, Engels a longtemps travaillé dans l’entreprise familiale. Ce travail lui permettait d’assurer des revenus plus stables. Outre son travail à l’usine, Engels participait activement dans des journaux et dans les études en économie politique. Selon lui, la politique et l’histoire s’étudiaient mieux en établissant les liens avec le développement économique et social.
Les maux sociaux seraient ainsi causés par les conséquences de l’institution de la propriété privée. Ces maux sociaux pourraient être éradiqués par la lutte des classes. Avant même de rencontrer Karl Marx, Engels partageait plusieurs idées avec lui. C’est pourquoi, dès leur première rencontre, leur collaboration a duré jusqu'à la mort de Marx en 1883.
Tout au long de leur collaboration, Marx et Engels ont tenté d’expliquer les principes du communisme scientifique et ont également organisé un mouvement international dans la classe ouvrière. Ce mouvement visait l’atteinte des principes du communisme scientifique. Marx et Engels ont rédigé plusieurs ouvrages, dont le Manifeste communisme. À la base, ce manifeste devait constituer le programme de la Ligue communiste, fondée en 1847. L’une des phrases les plus citées de ce manifeste est sans doute : Prolétaires de tous les pays, unissez-vous.
Dans ce texte, Marx et Engels établissent les idées qui marqueront tous les textes et toutes les organisations à venir. Ils y expliquent la domination du système économique de la société moderne. Cette domination qui a mis en place les classes sociales. Le projet visé par le manifeste était le renversement de la classe capitaliste grâce à la révolution des ouvriers. L’idéal souhaité par Marx et Engels aurait alors été l’instauration d’une société sans classe dans laquelle le capital serait la propriété de tous.
Avant l’industrialisation, la société pouvait se diviser en différents groupes hiérarchisés. Ces groupes étaient bien définis comme les ordres dans la société française avant la Révolution française. Avec l’industrialisation, une nouvelle définition s’imposait puisqu’il n’y avait plus de définition légale des différents groupes sociaux. Pourtant, des groupes sociaux homogènes subsistaient encore dans la société.
Chaque groupe pouvait ainsi se caractériser par un statut social, un mode de vie, des conditions matérielles, des comportements, des intérêts, des actions, une vision du monde, etc. C’est pour définir cette nouvelle réalité que le concept de classe sociale a été créé. Toutefois, ces classes sociales ne sont pas statiques, il est possible de changer de classe sociale au cours d’une vie. Les principales classes sociales des sociétés industrialisées sont la classe ouvrière (prolétariat), la classe moyenne et la bourgeoisie.
Marx définit plutôt les classes sociales selon leur rôle dans le processus de fabrication. La classe dominante, les bourgeois, est celle qui contrôle et possède les moyens de productions. La classe dominée, le prolétariat, est exploitée par la classe dominante. Cette classe ne possède pas les moyens de production et doit donc offrir sa force de travail aux bourgeois. La définition de Marx insiste donc plus sur le rapport d’opposition qui existe entre les classes sociales.
Toutefois, toujours selon Marx, pour qu’un groupe soit réellement une classe sociale, il faut qu’il soit conscient de ce rapport d’opposition. C’est ce qu’il appelle la conscience de classe. C’est cette conscience qui pousse la classe opprimée à se révolter et à s’organiser en partis ou en syndicats. C’est également la conscience de classe qui pousse à la lutte des classes.
À la fin du Moyen Âge, la bourgeoisie était la classe intermédiaire entre la noblesse et les paysans. Les bourgeois occupaient principalement des métiers reliés au commerce, à la finance et à l’artisanat. Au sortir de la Révolution française, les bourgeois étaient des hommes libres ayant des droits et ayant également accès à la propriété privée. Ces nouveaux droits ont fait de la bourgeoisie la classe dirigeante, position qui s’est accentuée avec le développement industriel.
Dans la théorie de Karl Marx, les bourgeois des pays capitalistes détiennent tous les moyens de production (argent, matériel, machine, moyens d’investir, profits). La bourgeoisie est donc en situation d’exploiter le prolétariat. En effet, les bourgeois tentent de toujours maintenir le coût de la main d’œuvre le plus bas possible. De plus, cette classe dirigeante ne domine pas seulement la classe ouvrière, mais domine également la société, grâce à la formation intellectuelle reçue, à l’influence politique et au poids économique.
Il est possible de séparer la classe bourgeoise en trois catégories :
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La haute bourgeoisie : section la plus riche, contrôle tous les moyens de production;
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La moyenne bourgeoisie : formée de cadres supérieurs et les gens de profession libérale ayant des revenus importants;
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La petite bourgeoisie : formée de cadres moyens et inférieurs, de petits commerçants et de petits propriétaires agricoles.
La moyenne et la petite bourgeoisie forment ensemble la classe moyenne.
Cette classe regroupe les citoyens de la plus basse classe. Selon Marx, c’est la classe sociale des travailleurs qui n’ont que leur force de travail. Ils louent leur force de travail à ceux qui ont un capital de production. Cette classe inclut autant les salariés que les chômeurs. Le but du prolétariat est d’obtenir la meilleure rémunération possible. Ce but est complètement en opposition avec le but des bourgeois, d’où les tensions entre les classes et la lutte des classes.
La notion lutte des classes est issue des théories de Marx. Cette lutte s’exprime par une opposition forte entre les classes. Parfois, cette opposition peut s’exprimer par la violence, mais pas systématiquement. La lutte est causée par les intérêts contradictoires de chacune des classes : chaque classe veut obtenir le pouvoir. La classe au pouvoir veut empêcher les autres classes de prendre le pouvoir.
Les enjeux de la lutte des classes sont : le pouvoir, la répartition de la richesse, la propriété, l’autorité. En général, elle oppose les ouvriers et les bourgeois. Toutefois, il est possible de considérer la lutte des classes comme un reflet de l’histoire de l’humanité. Marx affirmait d’ailleurs qu’il y a toujours eu lutte de classes dans l’histoire, dans les sociétés esclavagistes, féodales ou capitalistes. Toujours selon Marx, la lutte des classes permet de réaliser l’objectif final : la société communiste et sans classe.
L’amélioration de la classe opprimée ne peut s’obtenir que par la lutte. Pour qu’il y ait lutte il faut que les classes soient organisées en groupes (politiques, syndicats ou associations) et il faut que les liens sociaux entre les membres d’une classe soient très forts (forte solidarité collective). Seule une classe solidaire et organisée peut réellement se doter des moyens d’agir collectivement. Il n’y a pas réellement eu d’aboutissement réel d’une lutte de classes tel que souhaitée par Marx.
Cette expression employée principalement par Marx désigne la première étape de l’évolution de la société vers le communisme, en remplacement du régime capitaliste (qui constitue la dictature de la bourgeoisie). Le but de la dictature du prolétariat est donc de renverser la classe dominante qui détient tous les pouvoirs économiques et politiques. Pour atteindre ce but, la classe des travailleurs doit s’emparer de tous les pouvoirs. Selon Marx, le prolétariat constitue donc un moyen de transformation de la société, puisque l’économie repose essentiellement sur cette classe sociale.
Si les ouvriers prennent le pouvoir, ils doivent alors instaurer un état qui prend toutes les mesures nécessaires afin de transférer les moyens de production de la bourgeoisie au prolétariat. La dictature du prolétariat, dans la théorie de Marx, est présentée comme la phase transitoire entre la société capitaliste et la société sans classe (communisme).
Selon Engels, la première dictature du prolétariat s’est instaurée lors de la Commune de Paris. Par la suite, une autre dictature du prolétariat a été déclarée officiellement dans la nouvelle constitution russe de 1918, et ce, jusqu’en 1936.
Aujourd’hui, on nomme marxisme la philosophie élaborée par Marx. Il ne s’agit pas vraiment d’une structure politique, mais plutôt d’une vaste théorie qui présente des concepts, des idées et un idéal. Le marxisme regroupe ainsi toutes les idées sur les classes sociales, la lutte des classes, le communisme, la dictature du prolétariat, etc.
La révolution industrielle s’est implantée rapidement dans plusieurs pays. Peu importe la région, cet essor industriel est principalement marqué par des conditions de vie misérables. Le développement économique sans limite a été remis en question par des considérations humaines et éthiques. Plusieurs nouvelles pensées politiques se sont d’ailleurs développées dans ce contexte moderne : socialisme, anarchisme et communisme. Avant de présenter ces nouvelles doctrines, il est important de présenter la doctrine économique qui prévalait tout au long de la révolution industrielle : le libéralisme.
Le libéralisme n’est pas une doctrine économique, mais bien une doctrine liée au droit. Les préceptes les plus fondamentaux dans le libéralisme sont surtout en lien avec le respect des droits naturels imprescriptibles (vie, action, propriété). Les individus sont alors responsables des conséquences liées à leurs choix. Toutefois, comme ce sont d’abord les libertés qui priment, il ne faut pas imposer des comportements ou des choix, tout comme il ne faut pas priver les gens de certains comportements ou de certains choix. Cette idéologie est directement issue de la Révolution française et a été largement inspirée par John Locke.
Le capitalisme est donc une conséquence de l’application du libéralisme de droit. Les principes économiques liés au libéralisme exigent une totale liberté d’entreprise et une totale liberté du marché. L’équilibre devrait alors être établi par l’ordre naturel comme la loi de l’offre et de la demande. Le libéralisme économique est donc contre le contrôle des moyens de productions par l’État, sauf pour garantir un marché équitable et pour coordonner des entreprises.
Doctrine économique et politique, le socialisme vise à réformer le système de propriété privée des moyens de production, afin que la collectivité se les approprie.
Les valeurs associées au socialisme sont :
- Absence de classe;
- Égalité des chances;
- Justice sociale;
- Répartition équitable des ressources;
- Solidarité;
- Lutte contre l’individualisme;
- Prévalence des intérêts généraux sur les intérêts particuliers.
Dans un système politique socialiste, les décisions sont prises par les citoyens. L’État sert alors à coordonner, à planifier, à mettre en œuvre et à diriger les opérations. Dans la théorie marxiste, le socialisme représente la période de transition, la dictature du prolétariat. Par contre, pour les non marxistes, le socialisme regroupe tous les partis de gauche visant à réorganiser la société dans le but d’augmenter la justice sociale.
Mouvement politique et philosophique, l’anarchisme privilégie l’absence de commandement, d’autorité, de pouvoir et de hiérarchie. L’anarchisme critique toutes les institutions dont le capitalisme, l’armée, la police, la famille patriarcale, la religion et surtout l’État. Cette doctrine se positionne également contre toute forme de discrimination (morale, sociale, politique, économique). Concrètement, l’anarchisme souhaite instaurer une société aux valeurs libertaires, sans domination et dans laquelle les hommes émancipés et égaux coopèrent librement.
Le communisme représente un mode d’organisation sociale basé sur l’abolition de la propriété privée des moyens de production et d’échange. Le communisme est une vision inspirée du socialisme et des théories de Marx et Engels. Cette doctrine se pose comme une alternative au capitalisme. Une véritable société communiste est une société sans classe et sans État, à l’intérieur de laquelle les moyens de production appartiennent à la collectivité.
Toutes les tentatives réalisées pour instaurer un régime communiste ont été des échecs. L’une des causes de ces échecs pourrait être que cette doctrine a des principes qui négligent toute notion d’individu. Peu importe la situation, c’est toujours la collectivité qui l’emporte, ce qui explique pourquoi le communisme tel qu’imaginé par Marx n’est encore qu’une théorie.