Dès le début du 19e siècle, le commerce du bois prend de l’expansion au Bas-Canada, si bien qu’il devient, au cours de cette période, le principal produit exporté au Royaume-Uni, devançant l’exportation des fourrures. Le commerce du bois contribue grandement à la croissance économique de la colonie. En effet, il favorise la colonisation de plusieurs régions du Bas-Canada, génère de nombreux emplois et augmente l’influence de la bourgeoisie d’affaires britannique.
Source des données : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social, s.d.
Étant donné que le Royaume-Uni est composé d’iles et qu’il a misé, avec le temps, sur ses capacités maritimes, il lui faut assurer le bon état de sa marine de guerre et de sa marine marchande. Le bois est nécessaire à la construction des navires, mais le Royaume-Uni n’est pas en mesure de répondre à ses besoins seulement avec les ressources de son propre territoire. De ce fait, il importe du bois, notamment du nord de l’Europe. Or, lors du blocus continental de Napoléon, le Royaume-Uni ne peut plus commercer avec l’Europe. Il se tourne donc vers le Bas-Canada où les forêts sont abondantes.
Également, le Royaume-Uni met en place des tarifs préférentiels sur le bois. Le bois provenant du Bas-Canada est alors moins couteux que le bois provenant d’autres pays européens pour les commerçants qui veulent en acheter. Ainsi, le blocus continental et les tarifs préférentiels ont pour effet de favoriser l’importation du bois provenant du Bas-Canada.
Source : Dépôt de bois près de Québec, au Bas-Canada [Peinture], Henry, W., 1850, Bibliothèque et Archives Canada, (URL).
Voyant l’intérêt que suscite cette ressource, de riches marchands investissent des capitaux afin de développer l’industrie forestière au Bas-Canada. La plupart de ces investisseurs sont au Royaume-Uni, mais certains sont des marchands anglophones de la colonie. Les autorités coloniales leur concèdent des territoires près de Québec et de Montréal, en Outaouais, en Mauricie et au Saguenay, là où ils pourront installer des chantiers forestiers.
Les capitaux sont les biens ou les sommes d’argent que possèdent une personne, une entreprise ou un État. Les capitaux peuvent notamment servir à effectuer des investissements.
La majorité du bois exploité au Bas-Canada, surtout le pin blanc et le chêne, est exportée au Royaume-Uni. Au début, le bois est expédié sous forme de bois équarri (billes de bois taillées à la hache). Puis, avec les progrès technologiques, les scieries permettent de transformer les troncs d’arbres en bois de construction comme des madriers, des planches, ou encore des douves (planches servant à la construction de tonneaux). Cependant, une partie des produits transformés du bois est utilisée au Bas-Canada, notamment dans les nombreux chantiers navals qui se développent sur les rives du fleuve Saint-Laurent. Les navires qui y sont construits sont ensuite expédiés au Royaume-Uni.
Source : Butting square timber, Quebec City, QC, 1872 [Photographie], Notman, W., 1872, Musée McCord, (URL). CC BY-NC-ND
Le commerce du bois, qui nécessite une importante main-d’œuvre, crée de nouveaux emplois dans la colonie. Dans les scieries ou les chantiers, les employés sont, pour la plupart, des Canadiens ou des immigrants venus du Royaume-Uni, notamment des Irlandais. Ils sont, par exemple, bucherons, scieurs, équarrisseurs et charretiers. La plupart d’entre eux sont des agriculteurs qui augmentent leur revenu en travaillant l’hiver dans les chantiers forestiers. Des draveurs et des cageux sont aussi engagés durant la saison douce. Leur tâche principale est d’acheminer le bois par les cours d’eau dans les scieries ou les chantiers maritimes. Or, les conditions de travail sont difficiles, voire dangereuses, et le salaire de ces employés est bas.
Source : Lumbermen’s camp [Photographie], Notman, W., vers 1870, Bibliothèque et Archives Canada, (URL). PA-112117
Par ailleurs, les scieries et les chantiers maritimes engagent des artisans, des équarrisseurs, des charpentiers, des tonneliers, des scieurs, des menuisiers et des débardeurs (qui chargent et déchargent les bateaux). Ces ouvriers sont souvent plus spécialisés et travaillent à l’année, comparativement à ceux qui travaillent dans les chantiers forestiers.
L’installation des chantiers forestiers dans certaines régions, notamment la Mauricie, le Saguenay et l’Outaouais, contribue grandement au développement de ces territoires dès le début du 19e siècle. Étant donné que le territoire est rapidement défriché par la coupe de bois massive, la colonisation de ces régions se fait en peu de temps.
Source des données : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social, s.d.
Henry, W. (1850). Dépôt de bois près de Québec, au Bas-Canada [Peinture]. Bibliothèque et Archives Canada. https://www.bac-lac.gc.ca/eng/CollectionSearch/Pages/record.aspx?app=FonAndCol&IdNumber=2878048
Notman, W. (Vers 1870). Lumbermen’s camp [Photographie]. Bibliothèque et Archives Canada. https://www.bac-lac.gc.ca/eng/CollectionSearch/Pages/record.aspx?app=FonAndCol&IdNumber=3192505
Notman, W. (1872). Butting square timber, Quebec City, QC, 1872 [Photographie]. Musée McCord. http://collections.musee-mccord.qc.ca/en/collection/artifacts/I-76312§ion=196
Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. (s.d.). Document 10 : William Price et le commerce du bois au Saguenay-Lac-Saint-Jean. https://documents.recitus.qc.ca/documents/liste/categorie/1791-a-1840
Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. (s.d.). Document 2 : le bois exporté du port de Québec [Graphique]. https://documents.recitus.qc.ca/documents/liste/categorie/1791-a-1840