Au 16e siècle, le roi de France, François 1er, s'intéresse au nouveau continent (aujourd'hui nommé Amérique) découvert par les explorateurs du 15e siècle. Il s'intéresse surtout au potentiel commercial de ce territoire, soit à ses ressources naturelles et à la possibilité d'y découvrir un nouveau passage menant vers l'Asie. Pour ce faire, il désigne Jacques Cartier comme responsable d'une importante expédition. Celui-ci sera chargé d'établir les bases de l'exploration et du commerce sur le nouveau continent.
Financé par la France, Cartier quitte avec deux bateaux en 1534. À son arrivée dans la région de Gaspé, il rencontre des Iroquois originaires du village de Stadaconé (aujourd'hui Québec). Avec eux, il développe des relations amicales, ce qui lui permet de faire quelques échanges. Cartier procède aussi à la prise formelle du territoire de Gaspé par la France en érigeant une croix. Donnacona, le chef iroquoien, proteste contre cette idée, mais Cartier le convainc en lui mentionnant que la croix n'est en réalité qu'un simple point de repère (ce qui est faux). Accompagné des deux fils de Donnacona, le navigateur repartira pour la France après plusieurs semaines d'exploration.
Trajet du premier voyage de Jacques Cartier
En 1535, c'est plutôt avec trois bateaux que Cartier effectue la traversée. Aidé des fils de Donnacona, qui joueront à la fois les rôles de guide et d'interprète, il se rend jusqu'à Stadaconé (aujourd'hui Québec) et y dépose les deux hommes. Cartier remonte ensuite le fleuve jusqu'à Hochelaga (aujourd'hui Montréal) malgré les contrindications de Donnacona. Des semaines plus tard, en repassant par Stadaconé, de fortes tensions divisent les villageois et les membres de l'expédition. Avant de quitter, Cartier capture 10 Iroquoiens, dont Donnacona et ses fils, pour les montrer au roi. Pendant ce deuxième voyage, Cartier et son équipage passent leur premier hiver en Amérique du Nord et seront aidés par les Autochtones pour vaincre le scorbut.
Trajet du deuxième voyage de Jacques Cartier
En 1541, Cartier est placé sous le commandement de Jean-François de la Roque de Roberval, nommé par le roi « lieutenant-général du pays de Canada », pour mettre en œuvre un premier projet de colonie permettant l'installation durable sur le territoire et l'évangélisation des Autochtones.
Cartier dirige le premier groupe de l'expédition, alors que Roberval quitte un an plus tard avec le deuxième. Cartier décide d'installer la colonie, nommée Charlesbourg-Royal, sur une falaise à l'embouchure de la rivière du Cap Rouge, située non loin de Stadaconé. Les relations avec les Iroquois de la région se dégradent davantage alors que l'on constate qu'aucun des dix capturés du voyage précédent n'est de retour. Les Iroquois attaquent même la colonie fortifiée et font trente-cinq morts. Finalement, Cartier quitte avec tous ses hommes et retourne rapidement en France avec des minéraux qu'il pense, à tort, être de l'or et des diamants.
Trajet du troisième voyage de Jacques Cartier
Roberval croise Cartier en chemin, près de Terre-Neuve, et lui ordonne de retourner sur ses pas. Désobéissant, Cartier navigue vers la France en pleine nuit. Maintenant seul avec ses hommes, Roberval reprend possession de la colonie fortifiée laissée par le premier groupe et la renomme France-Roy. Pendant l'hiver, une grande partie des 250 colons l'accompagnant meurt du scorbut. Roberval quitte alors et, ainsi, signe l'échec de cette première tentative de colonisation française.
La déception provoquée par cette première tentative de colonisation est grande. L'installation n'a pas réussi, les relations avec les Autochtones sont plutôt difficiles et les minéraux de Cartier, de la pyrite de fer et du quartz, se révèlent sans valeur.
Près de cinquante ans plus tard, vers la fin du 16e siècle, la valeur croissante de la fourrure en Europe et le prestige accordé aux puissances coloniales poussent le roi de France, Henri IV, à envisager de nouvelles tentatives de colonisation sur la côte est de l'Amérique.
Le roi offre alors à différentes compagnies de marchands le monopole du commerce des fourrures en Nouvelle-France ou dans l'une de ses régions. Cette idée est intéressante pour qui veut s'enrichir, car l'exploitation et la vente des fourrures seraient exclusivement contrôlées par une seule et même compagnie. En échange, cette dernière doit toutefois financer l'installation d'une population sur le territoire. En d'autres mots, les marchands peuvent utiliser le territoire comme comptoir commercial, mais ils sont, en contrepartie, responsables du financement permettant la fondation d'une colonie.
Cependant, l'installation de colons s'avère être une tâche ardue. Malgré l'effort des compagnies, les colonies mises en place sont davantage des colonies-comptoirs que des colonies de peuplement.
Année | Lieu | Type de colonie | Responsable | Condition | Résultat |
1598 | Île de Sable (sud de la Nouvelle-Écosse) |
Colonie-comptoir | Troilus de La Roche de Mesgouez (marchand) | Installation de colons sur le territoire en échange du monopole de la traite des fourrures |
Échec dû à un manque de ressources. |
1600 | Tadoussac (rive nord du fleuve Saint-Laurent) |
Colonie-comptoir | Pierre de Chauvin de Tonnetuit (marchand) | Échec dû au climat. Devient un poste de traite utilisé tous les étés. |
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1604 | Île Sainte-Croix (en Acadie) |
Colonie-comptoir | Pierre Dugua de Mons (marchand) | Échec dû au climat. | |
1605 | Port-Royal (côte nord de la Nouvelle-Écosse |
Colonie-comptoir | Pierre Dugua de Mons et Samuel de Champain (marchands) | L'installation est un succès. Le projet est arrêté, car trop dispendieux. |
Dès 1605, l'installation coloniale de Port-Royal, sous la tutelle de De Mons, fonctionne relativement bien. Grâce à des animaux d'élevage venus de France, à des réserves de légumes et d'excellentes relations avec les Autochtones, l'hiver et le scorbut font moins de victimes. Toutefois, le roi retire à De Mons le monopole du commerce des fourrures de la Nouvelle-France, ce qui engendre une chute de ses revenus. De Mons renonce alors à financer la colonie qu'il abandonne en 1607.