Au 19e siècle, la place de la femme dans la société est très limitée. Il en est ainsi tant au Québec qu’au Canada. Elles sont souvent réduites au rôle de fille, d’épouse ou de mère et elles sont peu présentes dans les autres sphères de la vie quotidienne de l’époque (droit de vote, finances personnelles, statut légal, droits aux études supérieures, etc.).
Sous l’Acte constitutionnel de 1791, il est mentionné que toutes les « personnes propriétaires » peuvent être des électeurs. Certaines femmes qui sont propriétaires ont ainsi le droit de vote, même si la majorité d’entre elles ne s’intéressent pas vraiment à la politique.
Constatant qu’elles ont l’opportunité de voter, des politiciens appuyés par le clergé décident de corriger cette situation. C’est en 1849 que le parlement modifie la loi en remplaçant « personne propriétaire » par « hommes propriétaire », retirant ainsi le droit de vote aux quelques femmes auparavant éligibles.
Sur le plan juridique, les femmes sont considérées comme des enfants aux yeux de la loi. Ainsi, leurs droits sont limités.
- Avant le mariage, la femme est sous la responsabilité de son père. Par la suite, elle est sous l’autorité de son mari;
- Après son mariage, elle doit adopter le prénom et le nom de son mari sur les documents officiels. Par exemple, elle devient Madame Marcel Brousseau;
- Elle ne peut pas avoir de compte bancaire à son nom;
- Elle ne peut pas poursuivre quelqu’un en justice;
- C’est le mari qui choisit la maison et le lieu de résidence;
- Si un homme est prouvé coupable d’adultère, il doit payer une amende alors qu’une femme dans la même situation sera incarcérée;
- Elle ne peut pas être la seule personne responsable d’enfants mineurs.

N’ayant pas accès aux études supérieures, leurs possibilités d’emplois sont limitées. Les rares jeunes filles instruites ne peuvent pas accéder à des emplois de haut niveau et leurs choix se limitent souvent à des postes de secrétaire ou d’assistante.
Pour celles qui n’ont pas l’opportunité d’être instruites, plusieurs se tournent vers le travail d’ouvrière, même si cela est souvent mal vu dans la société et que les conditions de travail y sont mauvaises. Le salaire qui est gagné par la femme est plus bas que celui gagné par un homme pour un emploi équivalent. De plus, c’est le mari qui a le droit de gérer le salaire gagné par sa femme. Si elles décident de travailler, les femmes doivent également entretenir la maison et éduquer les enfants.

En plus de ces emplois d’ouvrières, certaines femmes se tournent vers des domaines traditionnellement féminins comme l’enseignement, la vente ou le secrétariat. Les femmes qui demeurent à la maison peuvent également faire de petits travaux comme du repassage ou de la couture pour faire un peu d’argent.
L’Église est très présente à l’époque, ce qui mène à la création de plusieurs communautés religieuses. Ces communautés œuvrent dans le domaine des soins hospitaliers, en enseignement et dans plusieurs autres domaines sociaux. Par exemple, elles sont souvent responsables des soupes populaires, des orphelinats, des garderies, etc.
Le fait d’appartenir à une communauté religieuse est très bien perçu dans la société. Les femmes peuvent ainsi participer à la vie publique. En tant que religieuses, elles ont l’opportunité d’obtenir des postes plus élevés, comme celui de directrice d’école, ou des postes administratifs. Cependant, les femmes qui prennent la décision de joindre une communauté religieuse renoncent à leur droit de se marier.

Graduellement, certaines femmes décident de se regrouper et de former des associations pour faire valoir certains de leurs droits. C’est le début du féminisme. Les fondatrices de ces associations sont fréquemment des bourgeoises anglophones désirant aider la société et promouvoir les droits des femmes. Leurs priorités sont le droit de vote, l’accès aux études supérieures, l’amélioration des conditions de travail et les services sociaux comme la lutte à la pauvreté et la santé.

Ces femmes bourgeoises fondent des organismes cherchant à appuyer, entre autres, les droits et l’éducation des femmes. Par exemple, les YWCA (Young Women's Christian Association) sont des centres qui permettent aux femmes d’avoir accès à des bibliothèques publiques et à des cours du soir afin de s’instruire davantage. Un premier centre voit le jour en 1870 au Nouveau-Brunswick et un autre ouvre ses portes en 1874 à Montréal. De son côté, la MLCW (Montreal Local Council of Women) est créée en 1893 et a pour objectif de défendre les droits des travailleuses. D’autres organismes apparaissent également peu à peu.