L’hyperbole est une figure de style d’amplification. Elle consiste à exagérer une idée, une réalité, un sentiment, etc. dans le but de l’accentuer et de créer une forte impression. On retrouve cette figure de style dans différents types de textes.
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« Je ne savais même pas qu’elle devait me rendre visite et elle est apparue comme un feu d’artifice, en criant boum et en m’éblouissant de sa robe jaune moutarde et de son sourire d’un kilomètre. »
— Les écrivements, p. 93, Matthieu Simard[1] -
« — Alors cesse de te plaindre que tu es en train de cracher tes poumons. »
— Le deuxième mari, p. 94, Larry Tremblay[2] -
« J’voudrais pleurer toute une rivière
J’voudrais pleurer mais j’ai peur de l’eau »
— Avec l’amour, Paul Piché[3]
Pour repérer une hyperbole, il faut porter une attention particulière aux mots, aux expressions ou aux groupes de mots qui sont exagérés. Voici quelques éléments qui peuvent permettre de former cette figure de style :
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certains adverbes (trop, tant, tellement, tout, rien, jamais, toujours, plus, moins, etc.);
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certains déterminants quantitatifs (tous les, des milliards de, chaque, etc.) ou numéraux (mille, dix-mille, trois-millions, etc.);
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les termes permettant de représenter des images fortes (la mort, l’éternité, l’abondance, etc.);
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les superlatifs (le plus…, le moins…, le mieux…, etc.).
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« J’ai pris un bateau pour quitter la terre
J’ai vu un poisson plus grand que la mer »
— Umami, Klô Pelgag[4]
Dans cet extrait, on retrouve l’adverbe corrélatif plus, qui, avec le mot que, permet de créer l’hyperbole plus grand que la mer, dans laquelle la taille d’un poisson est exagérée. -
« Mille ans. C’est ça que ça allait me prendre pour faire mes quarante heures de travaux communautaires. Mille ans. »
— Rap pour violoncelle seul, p. 25, Maryse Pagé[5]
Dans cet extrait, on retrouve le déterminant numéral Mille, qui permet d’introduire l’hyperbole Mille ans, dans laquelle une durée est exagérée. -
« Je me souviens d’avoir analysé des bouts des Anciens Canadiens de Philipe Aubert de Gaspé — le folklore québécois du dix-neuvième siècle ne m’intéressait pas et je m’ennuyais à mourir —, […]. »
— Un ange cornu avec des ailes de tôle, p. 187, Michel Tremblay[6]
Dans cet extrait, il est question de la mort. Elle représente une image forte, qui, dans ce contexte, est démesurée. Elle permet de créer l’hyperbole je m’ennuyais à mourir, dans laquelle le sentiment d’ennui est exagéré.
Certaines figures de style peuvent aussi être utilisées pour former des hyperboles.
Ex. :
Cette voiture est rapide comme l’éclair!
Dans cette phrase, une comparaison est utilisée pour former l’hyperbole rapide comme l’éclair.
Certaines hyperboles forment des expressions figées utilisées dans le langage courant.
Ex. :
ce n’est pas la mer à boire, avoir les yeux plus grands que le ventre, être fort comme un bœuf, mourir de faim, mourir de soif, n’avoir que la peau sur les os, aimer à mourir…
L’hyperbole crée un effet d’amplification, de multiplication ou de grossissement par l’exagération d’une idée, d’une réalité, d’un sentiment, etc. Elle donne donc plus de force aux propos et peut ainsi permettre, entre autres, de convaincre, d’impressionner, de faire réagir ou de faire rire le lecteur ou la lectrice.
Lorsqu’on interprète une hyperbole, on tente de créer un lien entre l’effet créé par l’exagération et le contexte de l’œuvre. Il faut ainsi émettre une hypothèse sur le sens et l’importance de l’hyperbole dans le texte. Voici des exemples de questions d’interprétation à partir d’extraits de textes et des pistes de réponses possibles.
Dans cet extrait du roman La fille d’elle-même, la narratrice et son frère attendent leur mère pour se rendre à la plage. Selon toi, qu’est-ce que les deux hyperboles qu’on y retrouve démontrent sur l’état psychologique de la narratrice?
« Ma mère nous emmène à la plage. Ça lui prend une éternité à sortir de la maison. Olivier et moi, on l’attend avec nos pelles, nos serviettes multicolores. […] Ça fait dix minutes qu’on poireaute, bientôt nous prendrons racine dans le jardin. »
— La fille d’elle-même, p. 27, Gabrielle Boulianne-Tremblay[7]
Pistes de réponses possibles
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Amplification du temps d’attente
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Démonstration de l’impatience et du sentiment d’excitation de la narratrice
Dans cet extrait, les deux hyperboles présentes amplifient le temps d’attente de la narratrice et de son frère. En effet, il est exagéré de patienter pendant une éternité, soit une durée n’ayant pas de fin, et au point de prendre racine telle une plante dans le jardin. Selon moi, elles permettent ainsi de faire ressortir le sentiment d’impatience et d’excitation de la jeune fille. Cette dernière a terriblement hâte de se rendre à la plage et perçoit donc l’attente d’une façon démesurée.
Dans le récit poétique Des muscles en fer forgé, le narrateur est amoureux d’un garçon nommé Mathieu. Peu à l’aise dans son corps, il se met à s’entrainer pour avoir un corps aussi fort et musclé que lui et pour, espère-t-il, le séduire. Selon toi, qu’est-ce que les hyperboles mises en évidence dans cet extrait permettent de comprendre par rapport à l’état d’esprit du narrateur?
« Je m’efforce de ne pas disparaitre
dans la marée des haltères
à bord
de mon vélo stationnaire
je pédale
à en défaire la route
[…]
désolé je m’ennuage
mes gouttes de sueur
me noient »
— Des muscles en fer forgé, p. 37, Nataël Molaison[8]
Pistes de réponses possibles
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Amplification de l’effort fourni par le narrateur
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Mise en évidence de l’intensité démesurée de l’entrainement du narrateur
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Obsession à l’idée de transformer son corps
Selon moi, dans cet extrait, les hyperboles je pédale à en défaire la route et mes gouttes de sueur me noient amplifient l’effort fourni par le narrateur pendant son entrainement. En effet, il est exagéré de détruire une route tellement on pédale, surtout sur un vélo stationnaire, et de transpirer au point de se noyer dans sa propre sueur. Cette amplification met en évidence l’intensité démesurée de son entrainement, ce qui laisse aussi transparaitre le fait que le narrateur est obsédé à l’idée de transformer son corps.
Il existe d’autres figures d’amplification.
1. Simard, M. (2018). Les écrivements. Éditions Alto.
2. Tremblay, L. (2019). Le deuxième mari. Éditions Alto.
3. Piché, P. (1980). Avec l’amour. [Enregistrement sonore]. L’Escalier, Kébec-Disque.
4. Klô Pelgag. (2020). Umami. [Enregistrement sonore]. Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, Secret City.
5. Pagé, M. (2020). Rap pour violoncelle seul. Leméac Éditeur.
6. Tremblay, M. (1994). Un ange cornu avec des ailes de tôle. Leméac Éditeur.
7. Boulianne-Tremblay, G. (2021). La fille d’elle-même. Éditions Marchand de feuilles.
8. Molaison, N. (2018). Des muscles en fer forgé. Soulières éditeur.