La personnification est une figure de style d’analogie qui consiste à donner un trait ou un comportement humain (une valeur, une caractéristique, une action) à une réalité non humaine (un objet, une plante, un animal). On la retrouve dans différents types de textes.
-
« La lumière du soleil est furieuse et les pluies de l’automne, douloureuses. »
— La voix de la nature, p.6, Gabrielle Boulianne-Tremblay[1]
Dans cet extrait de roman, on retrouve une personnification, car on donne une caractéristique humaine à la lumière. -
« Dans la chambre d’Emily, la plume dort d’un profond sommeil, en rêvant des mots qu’il lui reste à écrire. »
— Les ombres blanches, p.31, Dominique Fortier[2]
Dans cet extrait de roman, on retrouve une personnification, car on donne un comportement humain à la plume. -
« J’espionne les ombres qui te surveillent
Et les mots qui touchent à tes lèvres »
— Chanson de route, Les sœurs Boulay[3]
Dans cet extrait de chanson, on retrouve deux personnifications, car on donne un comportement humain aux ombres et aux mots.
La personnification est une figure d’analogie, car elle rapproche deux éléments pour en démontrer les ressemblances. Cette figure de style comporte un comparé, soit un animal, une plante, une idée abstraite ou un objet à qui on donne une caractéristique ou un comportement d’un être humain. Cette caractéristique ou ce comportement est nommé le comparant. Il peut, entre autres, être exprimé par les classes de mots suivantes.
|
Classe de mot du comparant |
Exemple |
|
« Les fleurs sont courageuses et généreuses. […] Voilà pourquoi elles se fanent si vite, épuisées d’avoir offert leur beauté à qui veut bien la voir. » Dans cette personnification, on attribue des caractéristiques humaines à des fleurs à l’aide des adjectifs courageuses, généreuses et épuisées. |
|
|
« Ce qui lui manquait si fort, c’était la mer, sa grande voisine depuis vingt-cinq ans, la mer avec son air salé, ses colères, sa voix grondeuse, ses souffles puissants […] » |
|
|
« Un éclair d’un vert tendre Dans cette personnification, on attribue une action humaine à un éclair à l’aide du verbe gifle. |
Parfois, le comparé, soit le mot personnifié, commence par une lettre majuscule, comme c’est le cas pour le nom propre d’un être humain.
-
« Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux.
Et je l’ai trouvée amère.
Et je l’ai injuriée. »
— Une saison en enfer, Rimbaud[7] -
« Le Corbeau honteux et confus
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus. »
— Le Corbeau et le Renard, Jean de la Fontaine[8]
La personnification crée plusieurs effets (poétique, humoristique, fantastique). Elle crée une image inattendue et originale, qui s’écarte de la réalité en donnant vie à quelque chose d’inerte ou en donnant des caractéristiques humaines à un animal ou à une plante. Elle permet de rendre l’élément personnifié plus familier ou de lui accorder une plus grande importance.
Lorsqu’on interprète une personnification, on tente de créer un lien entre l’effet créé par cette figure de style et le contexte de l’œuvre pour émettre une hypothèse sur son sens. Voici des exemples de questions d’interprétation portant sur des extraits de textes et des pistes de réponses possibles.
Dans cet extrait de poème, la narratrice emploie la 2e personne du singulier pour s’adresser à un destinataire qui semble ne pas connaitre le territoire où il a grandi et semble ne pas se soucier du sort qu’on réserve à l’environnement. Selon toi, quel effet est créé par la personnification présente dans l’extrait?
« j’ai perdu tes traces
où sont passés
les chemins de portage?
On dévie tes rivières,
les lacs crient et t’invitent
à les secourir »
— Bâtons à message / Tshissinuatshitakana, p.68, Joséphine Bacon[9]
Pistes de réponses possibles
-
Amplification du message
-
Importance de protéger une richesse naturelle
-
Sentiment d’urgence pour le destinataire d’agir et d’écouter les lacs qui l’appellent
Selon moi, la personnification les lacs crient et t’invitent à les secourir rend le message du poème encore plus percutant. En effet, en donnant vie aux lacs, on donne la parole à une richesse naturelle qui est menacée. Il devient alors urgent pour le destinataire d’écouter les lacs qui crient à l’aide et qui demandent d’être secourus en protégeant les ressources naturelles présentes sur son territoire.
Dans cet extrait, tiré du poème un thé venteux, le narrateur décrit en détail une tasse de thé devant lui, un jour de visite chez sa grand-mère. Selon toi, quel effet est créé par les personnifications présentes dans cet extrait?
« il se passe trop de choses tranquilles
dans ma tasse
pour que je puisse toutes les remarquer
le lait dans mon thé présente son numéro d’hypnose
se diffuse en serpentins et évolue en tournoyant
dans mon thé majorette les rubans s’éternisent
pour entretenir mon épatement »
— un thé venteux, p.9, Baron Marc-André Lévesque[10]
Pistes de réponses possibles
-
Amplification du pouvoir d’attraction de la tasse de thé qui interagit avec le destinataire et le divertit
-
Importance d’un objet du quotidien
Selon moi, les personnifications le lait dans mon thé présente son numéro d’hypnose et mon thé majorette illustrent bien le fait que la tasse de thé détient un pouvoir d’attraction sur le narrateur. Ce dernier donne des traits humains au lait en lui attribuant le pouvoir de présenter un numéro d’hypnose et au thé, en lui donnant la capacité de faire des acrobaties comme une majorette. La tasse de thé n’est plus un simple objet du quotidien, mais devient un objet important pour le narrateur, capable d’interagir avec lui et de le divertir.
Il existe d’autres figures d’analogie.
1. Boulianne-Tremblay, G. (2022). La voix de la nature. Éditions Héritage Jeunesse.
2. Fortier, D. (2022). Les ombres blanches. Éditions Alto.
3. Les sœurs Boulay. (2013). Chanson de route. [Enregistrement sonore]. Le poids des confettis. Grosse Boîte.
4. Tremblay, L. (2016). L’orangeraie. Éditions Alto.
5. De Maupassant, G. (1884). Une vie. Éditions Gallimard.
6. Laferrière, D. (2010). L’Énigme du retour. Éditions du Boréal.
7. Rimbaud, A. (1873). Une saison en enfer. Alliance typographique.
8. De la Fontaine, J. (1668). Le Corbeau et le Renard. Éditions Le livre de poche.
9. Bacon, J. (2005). Bâtons à message / Tshissinuatshitakana. Éditions Mémoire D’encrier.
10. Lévesque, M-A B. (2020). J’ai appris ça au cirque. Éditions La courte échelle.