Après le contrôle de la colonie par les compagnies, la situation démographique de la Nouvelle-France est plutôt décevante aux yeux du roi, Louis XIV. En 1663, la population de la colonie ne compte que 3000 personnes. Le roi de France nomme alors Jean Talon comme premier intendant de Nouvelle-France et lui donne le mandat de faire augmenter la population et de diversifier l'économie de la colonie.

En 1666, l'une des premières réalisations de Jean Talon est d'effectuer le recensement de la colonie. Les données de ce recensement lui permettent de cibler les faiblesses démographiques de la Nouvelle-France. Voici ses principaux constats:
- La population n'est pas assez nombreuse.
- Il n'y a pas assez de femmes et il y a trop d'hommes célibataires.
- Il manque de gens de métier : menuisiers, cordonniers, artisans, etc.
C'est à partir de ces constats que Jean Talon élaborera ses politiques de peuplement.
Avant l'arrivée de Jean Talon, la grande majorité des immigrants qui font le voyage vers la Nouvelle-France sont des « engagés ». Ceux-ci sont des hommes sans qualification qui n'ont pas assez d'argent pour payer leur traversée, ils s'engagent donc à travailler pour les compagnies de la colonie pour une durée de 36 mois.
Le recensement de Jean Talon mettra en lumière un problème occasionné par le système des « engagés » : celui-ci ne permet pas l'arrivée de gens aux compétences variées (ébénistes, forgerons, menuisiers, etc.). Afin de régler cette pénurie, Jean Talon convient avec Jean-Baptiste Colbert (secrétaire d'État à la Marine) d'imposer aux marchands d'engager des gens de métier pour faire la traversée. De cette manière, la quantité d'immigrants ayant une qualification particulière augmente graduellement dans la colonie.

En 1665, le régiment Carignan-Salières arrive en Nouvelle-France. Les soldats d'expérience qui le forment sont présents dans la colonie pour assurer la défense contre la menace provenant des nations iroquoises. En 1667, après la signature d'un accord de paix avec les Iroquois, les soldats du régiment Carignan-Salières sont libres de retourner en France. Le roi profite de cette situation pour leur proposer de s'établir dans la colonie. Pour se faire convaincant, il offre des terres aux soldats et des seigneuries aux officiers supérieurs. L'impact sera positif : près de 400 d'entre eux décident de demeurer sur place.

Pour remédier au problème du manque de femmes, Louis XIV envoie dans la colonie les Filles du roi. Ces orphelines, pour la plupart âgées de 15 à 25 ans, se font payer le voyage jusqu'en Nouvelle-France pour se marier avec les hommes présents. L'objectif est de faire accroitre la population en augmentant le nombre de naissances. De 1663 à 1673, près de 800 jeunes filles arrivent en Nouvelle-France pour se marier.
Jean Talon veut faire augmenter le nombre de naissances dans la colonie. Il va donc instaurer plusieurs politiques pour inciter les habitants à se marier et à concevoir des enfants :
- Des primes en argent sont données aux familles de 10 enfants vivants et plus.
- Des amendes sont données aux pères, dont le fils de 21 ans et plus, ou la fille de 17 ans et plus n'est pas marié(e).
- Les hommes célibataires perdent leur permis de traite, de pêche ou de chasse s'ils refusent de se marier.
- Le roi remet un montant d'argent aux hommes de 20 ans et moins et aux femmes de 16 ans et moins le jour de leurs noces.

Les résultats de ces politiques ont rapidement des impacts positifs sur la population, en grande partie parce que le nombre de naissances va considérablement augmenter au cours des années qui suivent. De 1666 (date du recensement de Talon) à 1713, la population passe de 3 215 à 18 119 personnes.
L'origine des habitants de la colonie est assez homogène, ils proviennent pour la plupart de France et sont catholiques. Cela s'explique principalement par le fait qu'il faut être catholique pour être autorisé à immigrer en Nouvelle-France.
Socialement, au 18e siècle, la grande majorité des immigrants provient de milieux modestes. Effectivement, 80 % de la population de la Nouvelle-France vit de l'agriculture. Il existe tout de même une haute société, composée de nobles, de bourgeois, d'officiers militaires, de seigneurs et d'administrateurs civils.