L’Organisation des Nations Unies (ONU) est généralement celle qui organise ou, du moins, autorise les interventions qui se déroulent dans les États qui sont en situation de tensions ou de conflits. Il est en effet peu commun qu’un État ou des organisations internationales interviennent sans le consentement de l’ONU. Lorsque l’ONU intervient directement dans un État dans l’optique de créer des conditions favorables à la fin d’un conflit, c’est principalement au moyen de missions de paix.
Le but de ces missions est d’assurer la sécurité de la population et de soutenir les États dans leurs démarches de restauration et de maintien de la paix. Les missions de paix sont d’ailleurs souvent nommées « opérations de maintien de la paix ». Pour savoir où se situent les différentes opérations de maintien de la paix de l’ONU, consulte cette carte interactive.
Ces opérations de maintien de la paix se réalisent par l’envoi des Casques bleus de l’ONU sur le terrain. Les Casques bleus ne sont pas des militaires de l’ONU, puisque l’ONU ne possède pas d’armée proprement dite. Ce sont plutôt des soldats que les États membres de l’ONU déploient au nom de l’ONU. Cette force militaire temporaire est dirigée par le Conseil de sécurité.
Concrètement, sur le terrain, les Casques bleus ont pour mission de protéger les civils et les civiles, d’aider au désarmement, d’appuyer l’État de droit, de soutenir l’organisation d’élections libres et de faire la promotion du respect des droits humains fondamentaux.
L’État de droit fait référence au fait que tous les individus, même ceux possédant un pouvoir politique ou militaire (les gouvernements, les dirigeants, etc.) doivent se soumettre à la justice et au droit. En d’autres mots : nul n’est au-dessus de la loi. Les lois et leur application doivent être indépendantes de toute autre instance pour ne pas être influencées ou corrompues. Les lois doivent également être compatibles avec les droits humains internationaux.

Source : Desitriviantie, Christina. « Indonesia's UN Peacekeeper troops », 18 mai 2011.
Les missions de paix réalisées par les Casques bleus de l’ONU s’appuient sur des conditions importantes qui doivent être respectées pour qu’une mission puisse être déployée. En effet, ces conditions se basent sur des principes qui respectent la souveraineté des États et qui mettent de l’avant une implication pacifique.
La souveraineté est le pouvoir absolu d’un État à se gouverner lui-même en faisant ses propres lois et en les faisant respecter sur son territoire. Un État souverain est indépendant, c’est-à-dire qu’il ne peut être soumis à aucun autre État ou institution.
Principes fondamentaux des opérations de paix de l’ONU | |
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Les Casques bleus ne peuvent pas imposer la paix par la force. Ils ne peuvent utiliser la force qu’en cas de légitime défense ou pour accomplir leur mandat (dans ce cas, il faut l’autorisation du Conseil de sécurité). Les opérations de maintien de la paix doivent utiliser la force seulement en dernier recours. |
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Les Casques bleus ne peuvent pas favoriser une partie plus qu’un autre. Si l’impartialité n’est pas respectée, une ou plusieurs partie(s) pourraient retirer leur consentement de la présence de l’opération, la mettant ainsi en péril. |
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Une opération de maintien de la paix se fait avec le consentement des principales parties du conflit. Cela permet à l’opération d’avoir la liberté d’action dont elle a besoin pour accomplir son mandat. Si l’opération n’a pas le consentement de toutes les parties impliquées, sa présence risque d’être interprétée comme favorisant une partie et d’aggraver le conflit. Mais il arrive que l’ONU intervienne sans avoir de consentement, au nom de raisons humanitaires. Il est important de mentionner que ce n’est pas parce que le chef d’État donne son consentement à une intervention sur son territoire que les soldats sur le terrain sont d’accord avec cette décision. |
C’est de ces principes que s’inspirent les critères de sélection des pays qui participent aux missions de paix en apportant de l’aide financière, en envoyant des soldats, etc. Pour qu’un pays puisse y participer, en principe, les belligérants doivent donner leur consentement et le pays en question doit être neutre face aux États qui sont en conflit.
Un belligérant désigne une personne ou un État en guerre.
En 1994, lors du génocide au Rwanda, et entre 1992 et 1995, lors du génocide en Bosnie-Herzégovine, les interventions des Casques bleus ont été très critiquées, puisqu’elles n’ont pas réussi à empêcher les deux génocides. Le Conseil de sécurité n’ayant pas donné l’autorisation d’utiliser la force, les soldats Casques bleus ont assisté à ces massacres, impuissants. Pour éviter que cela se reproduise, l’ONU a apporté des changements à la politique de ses Casques bleus.
C’est en 2013 que la première mission de maintien de la paix à caractère offensif a été mise sur pied en République démocratique du Congo (RDC), pour combattre des groupes rebelles qui étaient présents à l’est du pays. Ce genre d’opération est considéré comme ayant un mandat robuste émis par le Conseil de sécurité. Cela autorise les Casques bleus à utiliser tous les moyens nécessaires (y compris la force armée) pour protéger les civil(e)s, maintenir l’ordre public et instaurer la paix. Pour en savoir plus, consulte ce site : L'ONU crée une brigade offensive de Casques bleus en RDC.
Il y a deux types de missions de paix qui utilisent la force : les missions de maintien de la paix robuste et les missions d’imposition de la paix. En théorie, elles sont différentes et n’utilisent pas la force de la même manière mais, en pratique, il est difficile de les différencier. Si tu veux en savoir plus, consulte ce site : Principes du maintien de la paix | Nations Unies Maintien de la paix.
Certains affirment que l’utilisation de la force pour imposer la paix par les Casques bleus est une bonne chose, puisqu’ils peuvent enfin réellement intervenir et se protéger de manière adéquate, alors que d’autres affirment que c’est dangereux autant pour les Casques bleus que pour les populations.
Malgré que les Casques bleus soient impartiaux et ne soient donc pas impliqués dans les conflits, cela ne les protège pas des attaques de la part de divers acteurs participant aux conflits. C’est d’ailleurs ce qui est arrivé en décembre 2017, en République démocratique du Congo (RDC). 15 Casques bleus ont été tués par le groupe armé ougandais musulman nommé ADF (Allied Democratic Forces ou Forces démocratiques alliées). C’était la pire attaque contre les Casques bleus depuis 1993, en Somalie, ou 24 soldats avaient été tués.
Les opérations de maintien de la paix organisées par l’ONU n’ont pas un pouvoir absolu et ne sont pas toujours aussi efficaces que ce que l’ONU aurait souhaité. Certaines sont des réussites, alors que d’autres peuvent aussi conduire à l’échec. Cette efficacité moindre peut s’expliquer, entre autres, par deux facteurs importants : les désaccords entre les membres de l’ONU et les capacités financières limitées de l’ONU.
Ce sont surtout les désaccords entre les membres permanents faisant partie du Conseil de sécurité de l’ONU qui nuisent à l’organisation même d’opérations de maintien de la paix. Ceux-ci ont un droit de veto qui leur permet de bloquer n’importe quelle décision, dont le déploiement d’une mission de paix ou une des étapes d’un processus de paix.
En septembre 2019, la Russie et la Chine ont utilisé leur droit de veto sur une résolution qui visait à imposer un cessez-le-feu à Idleb, en Syrie. En décembre 2019, la Russie et la Chine recommencent en utilisant leur droit de veto sur une proposition d’envoie d’aide humanitaire aux civil(e)s syrien(ne)s. Depuis le début du conflit en Syrie en 2011, la Russie a utilisé 14 fois son droit de veto sur ce dossier. En effet, la Russie et la Chine appuient le régime syrien, donc lorsque des résolutions contre ce régime sont mises sur la table (ex : des sanctions contre la Syrie pour l’utilisation d’armes chimiques), elles utilisent leur droit de veto pour bloquer le projet. En 2012, lorsque le duo avait appliqué son droit de veto contre une résolution condamnant la répression violente exercée par le régime de Bachar al-Assad (président de la Syrie), le Conseil national syrien (CNS) avait qualifié ce geste de « permis de tuer ».
Ensuite, l’ONU n’a pas des ressources financières illimitées. En effet, le financement des opérations de maintien de la paix est fait par l’ensemble des États membres de l’ONU. Cependant, le budget ainsi récolté n’est pas des plus élevés. Le budget accordé aux opérations de maintien de la paix entre le 1er juillet 2019 et le 30 juin 2020 était de 6,5 milliards de dollars. En comparaison, pour l’année 2019, le Canada avait dépensé environ 29,5 milliards de dollars en dépenses militaires, et les États-Unis, environ 731,5 milliards de dollars.
Les missions de paix sont souvent déployées pour faciliter la mise en oeuvre et s’assurer du respect des différentes étapes d’un processus de paix. Dans ce processus de paix, l’ONU intervient conjointement avec le ou les États qui sont impliqués dans le conflit et, parfois, avec d’autres États (qui peuvent assurer des rôles de médiateurs, par exemple).
L’ONU intervient donc à différents moments d’un conflit. Elle fait de la prévention grâce à des interventions diplomatiques, c’est-à-dire des dialogues entre des représentants de différents groupes et États. Les opérations de maintien de la paix sont également envoyées en prévention dans des pays où il y a de fortes tensions. Lorsque le conflit éclate, les opérations ont pour but de mettre en place un contexte idéal pour le retour à la paix. Lorsqu’un conflit se termine, le rôle de l’ONU, lui, se poursuit, puisque l’ONU a également un mandat de consolidation de la paix. Cela vise à aider les pays qui sortent d’un conflit. On tente alors de diminuer les risques de retomber dans le conflit et on tente de bâtir les fondations d’une paix durable. Cela se fait, entre autres, en s’assurant que les acteurs impliqués dans un conflit respectent les termes de l’accord de paix qui ont été décidés.
Mais lorsqu’un conflit éclate, avant d’en venir à un accord de paix, d’autres étapes sont nécessaires et elles incluent des moyens autres que l’utilisation des Casques bleus. Il est important de retenir que toutes ces étapes ne sont pas toujours utilisées pour résoudre un conflit. Elles peuvent également ne pas suivre exactement cet ordre. Des allers-retours entre certaines étapes peuvent également survenir.
En premier lieu, l’ONU tente toujours de régler les tensions et les conflits par la diplomatie. Cela veut dire qu’on fait entrer en dialogue des représentants des différents groupes et États qui sont en conflit, pour tenter de parvenir à une solution avec des mots. Cela permet d’éviter, ou du moins de réduire, les souffrances et les couts énormes engendrés par les conflits. Si l'intervention diplomatique ne fonctionne pas, l’ONU a la possibilité de mettre en place des mesures plus restrictives.
Une de ces mesures peut être la rupture des liens diplomatiques. En effet, lorsqu’on considère qu’un État est une menace à la sécurité et à la paix internationale, il est possible que les autres États coupent leurs communications diplomatiques avec le fautif. Par exemple, il est possible que certaines ambassades sur le territoire de l’État qui menace la paix et la sécurité soient fermées et que les ambassadeurs soient rapatriés par leur pays d’origine. Le but est, entre autres, d’envoyer un fort message de désapprobation.
Il est également possible de mettre en place un embargo commercial. Cela veut dire que les pays cessent de faire des échanges commerciaux avec l’État qui représente une menace à la sécurité et à la paix. Il va de soi que plus le nombre de pays participant à l’embargo est élevé, plus celui-ci a de l’impact. Si un embargo est appuyé par le Conseil de sécurité, cela veut dire que tous les pays membres de l’ONU doivent le mettre à exécution. Un embargo ayant l’appui du Conseil de sécurité peut donc s'avérer très efficace.
Si les interventions diplomatiques et les sanctions non militaires ne fonctionnent pas, le Conseil de sécurité peut approuver une intervention militaire contre l’État qui menace la paix et la sécurité internationale. Il pourrait arriver, bien que ce soit très rare, qu’une intervention militaire ait quand même lieu sans avoir reçu l’approbation officielle de tous les membres du Conseil de sécurité.
Lorsqu’un des trois moyens précédents fonctionne, cela mène à l’arrêt des combats. Les violences doivent alors cesser de la part de toutes les parties impliquées dans le conflit.
Il arrive quelquefois que l’arrêt des combats soit décrété en tant que cessez-le feu. Ces arrêts sont temporaires et si les parties ne sont pas parvenues à un accord avant la fin de celui-ci et qu’il n’est pas renouvelé, il y a la possibilité que les hostilités reprennent. Il faut alors parfois revenir à des sanctions non militaires ou à un usage de la force militaire pour tenter de mettre sur pied un second arrêt des combats afin de permettre un dialogue diplomatique et une conférence de paix.
Face à la pandémie du coronavirus, l’ONU a lancé un appel à un cessez-le-feu mondial le 23 mars 2020. Pour découvrir les répercussions de cet appel, consulte :
Coronavirus : des cessez-le-feu dans le monde et des résolutions en projet à l'ONU et COVID-19 : les effets de l'appel de l'ONU au « cessez-le-feu mondial » | Nations Unies.
Après l’arrêt des combats, on choisit un lieu et un moment pour organiser une conférence de paix. Là se rencontreront les représentants des États ou des groupes importants impliqués dans le conflit et des négociations auront lieu. La plupart du temps, ces conférences se déroulent dans un lieu neutre (souvent un autre État qui n’a aucun lien et pas de parti pris dans le conflit).
Une conférence de paix se conclut souvent par la signature d’un traité, un accord officiel dans lequel sont inscrites les conditions à respecter pour maintenir la paix. Les pays impliqués doivent faire des concessions et des compromis pour en arriver à mettre au point un traité qui sera signé, c’est-à-dire approuvé par chacun des partis.
Pour en savoir plus sur ce sujet, consulte :