Le territoire des Naskapis du Québec

Les Naskapis forment un peuple autrefois nomade qui vivait alors principalement de la chasse au caribou. Dans les années 1600, ce peuple vivait plus au nord, près de l’emplacement actuel de Kuujjuaq dans le Nord-du-Québec. Ils se sont déplacés pour aller près d’un poste de traite européen au début des années 1800. Au milieu des années 1900, ils se sont rapprochés de Schefferville où des emplois dans les mines étaient disponibles. C’est à la suite de la signature de la Convention du Nord-Est québécois, qui a eu lieu en 1978, que le village de Kawawachikamach est aménagé en 1981. En 2016, la population de Kawawachikamach est de 601 habitants et habitantes^[1].

La seule communauté naskapie au monde se trouve sur le territoire actuel du Québec. Elle est établie dans le village de Kawawachikamach qui se trouve dans la région administrative de la Côte-Nord. Des terres sont réservées à l’usage de la communauté pour la pratique d’activités traditionnelles. L’ensemble du territoire naskapi s’étend alors jusqu’à la région administrative du Nord-du-Québec.

La région où se situe le village naskapi est accessible uniquement par train ou par avion. Le prix du trajet en avion entre Sept-Îles et Schefferville est très élevé. Le transport par train est donc plus populaire. 

Depuis 2004, les Innus de Uashat mak Mani-Utenam et Matimekoch-Lac John ainsi que les Naskapis de Kawawachikamach sont propriétaires de l’entreprise Transport Ferroviaire Tshiuetin Inc. qui opère une ligne ferroviaire entre Sept-Îles et Schefferville en passant par le Labrador. C’est la première fois dans l’histoire du Canada que des peuples autochtones sont propriétaires d’une compagnie de transport par train.

Le développement de cette compagnie entraine une fierté chez les peuples propriétaires.

Si tu veux en savoir plus, tu peux lire l’article Un train nommé Tshiuetin.

Au début des années 1970, le gouvernement du Québec commence la construction d’un projet hydroélectrique sur la Grande Rivière. Dans les plans, un des réservoirs sera construit sur des terres ancestrales naskapies. Cela incite la nation à entamer des négociations avec le gouvernement du Québec et du Canada.

Ces négociations mènent à la signature de la Convention du Nord-Est québécois en 1978. Avec cette entente, la nation naskapie obtient : 

• un territoire de 41 km² où se situe aujourd’hui le village de Kawawachikamach;
• un deuxième territoire de 326 km² à quelques dizaines de kilomètres au nord;
• des droits exclusifs de chasse et de pêche sur un territoire de plus de 4 000 km²;
• des compensations financières^[4]. 

En échange, les Naskapis renoncent à leurs revendications territoriales sur leur territoire ancestral. 

La signature de la Convention du Nord-Est québécois a permis de mettre en place les structures et les ressources nécessaires pour le développement de la Nation. Toutefois, ces mesures sont parfois insuffisantes. 

La réalité et les besoins de la communauté naskapie ont changé dans les 45 années suivant la signature de la convention. De plus, certains membres de la communauté remettent en question la capacité des Naskapis de faire des choix éclairés au moment de la signature de la Convention en 1978. En effet, la majorité des Naskapis de l’époque ne parlaient ni français ni anglais et ne savaient pas lire et écrire. Les termes économiques n’étaient probablement pas bien compris non plus et ils ne connaissaient pas la véritable valeur monétaire du territoire auquel ils renonçaient. C’est pour cette raison que des membres de la communauté aimeraient entamer des discussions afin de renégocier cette entente.

En 1984, le gouvernement du Canada a adopté la Loi sur les Cris et les Naskapis du Québec. Cette loi spéciale était prévue dans la Convention du Nord-Est québécois et donnait une plus grande autonomie gouvernementale à la nation naskapie en ce qui concerne l’administration et la gestion de ses territoires. Cette loi remplace la Loi sur les Indiens sauf pour ce qui est du Statut d’Indien. 

En 2009, la nation naskapie de Kawawachikamach et le gouvernement du Québec signent L’entente de partenariat sur le développement économique et communautaire entre les Naskapis et le Québec. Cette entente vise à favoriser le développement économique de la Nation et à lui donner une plus grande autonomie. Selon les dispositions de l’entente, le Québec s’engage à verser 73 millions de dollars sur une période de 25 ans à la communauté naskapie de Kawawachikamach^[5]. 

L’argent sera utilisé pour le développement économique de la Nation, mais aussi pour son développement communautaire. En effet, une partie de l’argent sera investie dans la formation et l’éducation des jeunes. Afin de garder les jeunes dans la communauté, le conseil de bande désire, par exemple, construire un aréna.

La mise en place de ce protocole vient du désir de la communauté naskapie de revoir la convention signée en 1978. Entre le début de l’année 2019 et le début de l’année 2020, des discussions ont eu lieu entre les représentants de la communauté naskapie et les représentants du gouvernement canadien. La signature de ce protocole établit les bases des futures négociations entre ces deux groupes afin que les droits des Naskapis soient mieux reconnus et que ce peuple puisse de plus en plus assurer sa propre gestion (autodétermination).

Les Cris, les Inuits et les Naskapis sont trois peuples distincts et chacun possède sa propre culture. Ils doivent tout de même faire face à des défis communs. Le but de ce forum est de faciliter la coopération lorsqu’il est question des droits ancestraux et des droits qui proviennent de différents traités. Cette coopération leur permet de travailler ensemble afin d’augmenter leur autonomie et d’améliorer les conditions de vie sur leurs territoires.

La communauté naskapie agit depuis plusieurs années pour assurer son développement économique, entre autres avec la Société de développement des Naskapis. 

Le territoire des Naskapis est composé de plusieurs ressources, dont des ressources minières et des rivières pour l’hydroélectricité. Des projets visent à exploiter ces ressources par la construction de mines ou de barrages. Ainsi, les travailleurs et les travailleuses de la communauté auraient accès à plus d’emplois et ils n’auraient pas à quitter la communauté pour trouver de l’emploi ailleurs.

Par contre, le développement économique entraine souvent de la pollution ou endommage le territoire. Cela peut mettre en danger la faune et la flore dont la communauté se nourrit. Ainsi, le développement du territoire soulève plusieurs questions à travers la communauté, plus spécifiquement sur la protection du territoire et le respect de la nature. La communauté veut que le développement économique respecte sa vision du monde. 

Le développement économique en lien avec les mines représente un enjeu supplémentaire puisque l’industrie minière est instable. Donc, lorsque les mines ferment, pour différentes raisons, les membres de la communauté qui y travaillaient perdent leur emploi.
 

Le village de la communauté naskapie est relativement isolé puisqu’il est accessible uniquement par train ou par avion. Malgré cela, la communauté bénéficie de plusieurs services grâce à différentes initiatives et ententes. On y trouve entre autres une école, la seule qui offre une immersion en langue naskapie à ses élèves. Un centre local de services communautaires (CLSC) est également implanté sur le territoire afin de fournir des soins à la communauté et ainsi d’éviter un certain nombre d’évacuations hors de la communauté pour des raisons médicales.

Pour avoir accès au reste du module, tu peux consulter les fiches suivantes.