Le territoire des Cris au Québec

Les Cris sont un peuple autochtone qui vient des plaines de l’Ouest canadien. Ils vivent dans la région de la baie James depuis environ 5 000 ans. De nos jours, les Cris représentent la nation autochtone la plus nombreuse, autant au Canada qu’au Québec. On compte environ 317 000 personnes cries au Canada^[1] et 21 000 Cris au Québec^[2].

Les Cris sont traditionnellement une nation autochtone nomade vivant très près de la nature. Ils pratiquent la chasse, la pêche et le piégeage et voyagent sur un grand territoire afin de trouver toutes les ressources nécessaires pour subvenir à leurs besoins.

Vers les années 1600, les Cris de la baie James commencent à faire du troc avec les Européens. Ils échangent des fourrures contre des produits et des outils (chaudrons, miroirs, armes à feu, etc.) qui modifient leur mode de vie traditionnel.

En 1670, la Compagnie de la Baie d’Hudson prend le contrôle du territoire de la baie James sans consulter les Cris. Deux cents ans plus tard, soit en 1870, le Canada prend le contrôle du territoire cri.

En 1876, le gouvernement canadien adopte la Loi sur les Indiens. Celle-ci oblige les Autochtones à s’installer sur des réserves. Cette mesure a pour but d’assimiler les Autochtones. Leurs droits et leur autonomie sont donc très restreints puisque leur mode de vie est profondément modifié. Les Cris passent d’un mode de vie nomade à un mode de vie sédentaire sur un petit territoire.

Même si les Cris ont été forcés de se sédentariser, ils pratiquent encore aujourd’hui des activités traditionnelles comme la chasse. Ils ont aussi développé de nouvelles activités économiques, comme l’exploitation forestière, la construction d’infrastructures, le tourisme et même le transport aérien.

Les membres de la nation parlent la langue crie et utilisent l’anglais ou le français comme langue seconde.
 

L’organisation politique des Cris au Québec a changé au fil des années selon les besoins de la communauté. Le Grand Conseil des Cris a été mis sur pied en 1974 dans le but de négocier avec le gouvernement du Québec concernant le projet hydroélectrique de la baie James.

Aujourd’hui, le Gouvernement de la nation crie travaille de concert avec le Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee). Ils ont les mêmes membres, les mêmes structures et le même conseil d’administration. Le Grand Conseil des Cris joue un rôle politique, alors que le Gouvernement de la nation crie s’occupe davantage de la division administrative.

Le territoire traditionnel des Cris se nomme Eeyou Istchee. Il se trouve sur une partie du Québec et de l’Ontario. Sur la partie du Québec vivent 9 nations cries. Leur territoire se trouve dans une région où le climat connait de grandes variations de température entre l’été et l’hiver, on parle alors de climat continental.

Avec la Convention de la Baie-James et du Nord québécois, le territoire cri est divisé en catégories. Les activités autorisées sur un territoire varient selon sa catégorie.
 
La Convention identifie 3 types de terres. Les terres de catégorie 1 sont réservées uniquement pour l’usage des Cris. Sur les terres de catégorie 2, seuls les Cris peuvent chasser, pêcher et faire du piégeage. Les terres de catégorie 3 sont ouvertes à tous pour la chasse et la pêche, mais certaines espèces ne peuvent être chassées ou pêchées que par les Cris.

Par exemple, si une personne non autochtone veut aller chasser ou pêcher sur des terres de certaines catégories, elle doit demander la permission au conseil de bande de la communauté.

Le territoire des Cris du Québec est vaste et éloigné des grands centres de population de la province, soit Québec et Montréal. Étant donné qu’on y trouve beaucoup de ressources naturelles, de nombreux aménagements sont réalisés au fil des années pour permettre leur exploitation. La construction de centrales hydroélectriques, de barrages, de scieries et de mines est accompagnée par la mise en place de routes et d’aéroports afin d’assurer le déplacement non seulement des biens, mais aussi des travailleurs et travailleuses.

En plus de ces routes principales, les personnes qui travaillent ou qui habitent sur le territoire cri peuvent se déplacer par avion, entre autres par les vols de la compagnie Air Creebec. Cette compagnie dessert plusieurs villages cris, l’Abitibi, le nord de l’Ontario ainsi que Montréal. Elle est la propriété de la nation cri du Québec. Un tiers des personnes employées par cette compagnie sont autochtones.

Le territoire cri contient plusieurs ressources minières comme de l’or, du cuivre, du lithium et des diamants. De nombreuses mines sont aménagées au fil du temps pour exploiter ces ressources et de nouveaux projets miniers sont en développement. Chaque mine nécessite des aménagements, comme des routes et des infrastructures pour l’électricité.

Les forêts situées sur le territoire sont une autre ressource naturelle. L’industrie forestière est présente depuis des dizaines d’années sur le territoire cri pour exploiter cette ressource. La présence de cette industrie se voit par différents aménagements, dont des chemins forestiers et la présence de scieries.

Certaines rivières présentes sur le territoire cri ont des qualités permettant la création d’hydroélectricité.

Les 9 villages cris sont dispersés à travers le territoire. Grâce aux compensations financières reçues par les communautés à la suite de différentes ententes, les communautés cries ont pu améliorer les infrastructures dans leurs villages. Cela peut être d’installer des systèmes d’aqueduc pour avoir de l’eau, des systèmes d’égouts pour gérer les eaux usées ou encore la construction d’écoles ou de salles communautaires. Ainsi, malgré leur éloignement, ces communautés ont accès à certains services et moyens de transport.

​​​​​Dans les années 1970, le gouvernement du Québec planifie un grand projet hydroélectrique sur la Grande Rivière qui se trouve sur le territoire cri. Le projet débute sans que les peuples vivant sur le territoire ne soient consultés. Ces peuples sont les Cris, les Inuits et les Naskapis. Ils contestent ce projet et sont soutenus par plusieurs groupes dont des organisations internationales telles que l’Organisation des Nations Unies (ONU).

En raison de cette contestation, les gouvernements du Canada et du Québec entrent en négociation avec les peuples autochtones. La Cour supérieure du Québec ordonne l’arrêt des travaux en 1973.

Les négociations mènent à une entente signée le 11 novembre 1975. Cette entente accorde différents éléments aux Cris, entre autres :

• certains droits politiques visant une plus grande autonomie du peuple,
• des compensations financières pour les parties de territoire perdues ou modifiées.

À la suite de la signature de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois, des désaccords ont lieu entre les Cris et le gouvernement du Québec quant à l’application de la convention. Les Cris considèrent que plusieurs activités sur leur territoire, comme les projets hydroélectriques et l’exploitation forestière excessive, ont endommagé leurs territoires ancestraux. Cela nuit à leurs activités traditionnelles.

Les Cris et le gouvernement du Québec se rencontrent alors pour discuter d’une nouvelle entente visant, entre autres, un développement durable du territoire cri. La paix des braves permet aux Cris d’obtenir des compensations financières qui les aident à développer leurs communautés. Cette entente mènera aussi à la création du Gouvernement de la nation crie en 2014 qui donne aux Cris une plus grande autonomie gouvernementale.

D’autres ententes ont été signées entre les Cris et les différents niveaux de gouvernement. Ces ententes touchent majoritairement l’autonomie des Cris sur leur territoire. C’est le cas des ententes suivantes :

• l’entente pour une nouvelle relation fédérale en 2008,
• l’entente sur la gouvernance dans le territoire de la baie James d’Eeyou Istchee entre les Cris d’Eeyou Istchee et le Gouvernement du Québec en 2012,
• l’entente sur la gouvernance de la Nation Crie entre les Cris d’Eeyou Istchee et le Gouvernement du Canada en 2017.

En 2010, l’Accord sur la région marine des Cris règle des questions entre autres quant à la propriété et la gestion d’iles dans la baie James. Cet accord assure aux Cris la propriété de ces iles et des ressources qui sont dans le sol.

​​​​​En 2016, 49 % de la population crie du territoire d’Eeyou Istchee avait moins de 24 ans^[9]. En raison de leur position géographique éloignée des grands centres, les emplois sur le territoire cri sont rares. L’un des enjeux des Cris est de s’assurer que ces jeunes auront des emplois sur le territoire. Afin de s’assurer que ces jeunes et que la population crie en général aient accès à des emplois, différentes communautés ont signé des ententes avec des entreprises minières ou forestières. L’exploitation minière et forestière peut toutefois entrainer un enjeu concernant le développement durable du territoire.

Le territoire des Cris renferme plusieurs ressources naturelles. Ces ressources sont convoitées par différentes entreprises. L’exploitation de ces ressources par des entreprises extérieures fait en sorte que les besoins et le bienêtre des Cris ne sont pas toujours pris en compte. Cela peut avoir plusieurs impacts négatifs comme la destruction des milieux naturels. Les Cris ne peuvent donc plus pratiquer leurs activités ancestrales.

L’exploitation des ressources naturelles du territoire par les Cris peut toutefois être un élément important pour l’économie des peuples cris de la région Eeyou Istchee. Des ententes avec les gouvernements et les différentes entreprises peuvent amener les Cris à être de plus en plus autonomes dans la gestion de leur territoire.

Une autonomie des Cris dans la gestion et l’exploitation des ressources naturelles leur permet de s’assurer que cette exploitation se fasse selon les valeurs de la communauté, incluant la protection des milieux naturels.

Cette gestion n’est pas simple puisque les Cris doivent trouver un compromis entre l’exploitation des ressources naturelles et la protection de leur territoire. Ils doivent donc miser sur un développement durable de celui-ci.

​​​​​Pour avoir accès au reste du module, tu peux consulter les fiches suivantes.