L’Afrique et une partie de l’Asie connaissent d’importants mouvements de colonisation au 19e siècle. Les puissances européennes forment alors de grands empires, ce qui contribue à leur enrichissement. Au 20e siècle, l’heure est plutôt aux mouvements de décolonisation.
La décolonisation désigne le processus politique durant lequel une colonie obtient son indépendance et sa souveraineté face à sa métropole.
Après avoir combattu aux côtés de leur métropole durant les deux guerres mondiales, les colonies réclament en grand nombre leur autonomie. Sur ce point, les années 1950 à 1970 sont déterminantes.
Les colonies désirent acquérir une identité qui leur est propre. Elles veulent pouvoir contrôler elles-mêmes l’exploitation des ressources sur leur territoire au lieu que ce soit la métropole qui le fasse. Cette demande est surtout formulée par les élites dans les colonies (les personnes qui ont pu poursuivre des études avancées). Ces élites souhaitent participer au développement du territoire, notamment sur le plan économique, en contrôlant ses ressources.
Plusieurs voix se font entendre durant le 20e siècle pour dénoncer les abus du colonialisme, comme :
- la prise de terres par la métropole pour ses propres besoins,
- l’exploitation de la main-d’oeuvre locale,
- l’acculturation, c’est-à-dire la perte de la culture locale au profit de la culture européenne,
- l’absence d’autonomie politique.
Par exemple, dans plusieurs colonies, les administrateurs (venant de la métropole) ont éliminé l’agriculture locale pour la remplacer par des cultures d’exportation comme le café ou l’hévéa (pour le caoutchouc). Ces dernières répondent aux besoins de la métropole, mais pas à ceux de la population, qui n’a plus les cultures nécessaires pour se nourrir. Résultat : les colonies dépendent de plus en plus de la métropole lorsque vient le temps de nourrir leur population. Celles-ci dénoncent cette situation, qu’elles jugent injuste.
Les mouvements indépendantistes dénoncent également les inégalités sociales et les lois favorisant une partie de la population au détriment d’une autre.
De plus, les idées européennes sur la liberté et les droits de l’Homme font aussi leur chemin au sein des classes sociales plus instruites des colonies. Ce faisant, elles remettent en question (comme toute la population d’ailleurs) le fait que certaines nations (européennes) contrôlent d’autres nations (en Afrique et en Asie, entre autres).
La Société des Nations (SDN), créée à la suite de la Première Guerre mondiale et qui sera remplacée par l’Organisation des Nations Unies (ONU) à la suite de la Deuxième Guerre mondiale, remet sérieusement en question le colonialisme, ce qui fait avancer les revendications de plusieurs peuples colonisés.
En 1960, l’ONU a adopté la Déclaration de l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux. Cette déclaration stipule que tous les peuples ont le droit de choisir leur gouvernement. Elle oblige les métropoles à négocier l'indépendance de leurs colonies de manière pacifique. Au moment où elle a été adoptée, un grand mouvement de décolonisation était déjà en cours à travers le monde.
Ce mouvement de décolonisation s’amorce après la Première Guerre mondiale, mais s’accentue davantage après la Deuxième Guerre mondiale.
Les grands empires coloniaux du 19e siècle perdent alors beaucoup de leur influence. À cela s’ajoute l’appui de l’ONU qui, notamment, adopte en 1960 la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples colonisés. La perte d’influence des puissances européennes liée aux actions de l’ONU crée un contexte international favorable à la décolonisation.
Toutefois, les métropoles ne veulent pas pour autant perdre leurs colonies étant donné que celles-ci augmentent beaucoup leur puissance et contribuent grandement à la création de leur richesse en fournissant entre autres une bonne part des matières premières nécessaires au fonctionnement de leurs industries (pour plus de détails à ce sujet, consulte la fiche sur la colonisation). Plusieurs actions sont donc menées par les métropoles pour tenter de garder le contrôle de leurs colonies.
La France, par exemple, déclare que tous les habitants du grand empire français sont égaux en liberté et en droits. Malgré cela, les colonies veulent l'indépendance. La France accorde l'indépendance au Maroc et au Sénégal, mais refuse de donner le même privilège à l'Indochine et à l'Algérie, où des combats militaires pour la souveraineté ont lieu.
On distingue ainsi deux types de décolonisation :
- la décolonisation violente,
- la décolonisation négociée.
Dans le premier cas, la décolonisation s’obtient après maintes manifestations, émeutes ou guerres. Dans le second cas, le processus d’autonomisation et d’indépendance s’enclenche lors de négociations entre la métropole et la colonie.
Certains peuples colonisés utilisent le boycottage et la résistance passive afin de faire entendre leur cause. C'est le cas en Inde, dans les années 1920-1930, où un homme, appelé Gandhi, encourage la population à ne pas acheter de produits provenant de la métropole (le Royaume-Uni) et à ne pas payer ses impôts. Parfois, ces moyens pacifiques permettent à la colonie d’obtenir son indépendance.
Un boycott (ou boycottage) est l'action de refuser d'acheter ou de consommer un produit ou un service provenant d'une entreprise ou d'un pays, dans le but d’exprimer son mécontentement par rapport à une situation quelconque.
Cependant, la négociation ne fonctionne pas pour toutes les colonies. Certaines ont alors recours à la force. C'est le cas de l'Indochine qui connait des épisodes de violence qui, en fin de compte, lui permettront d’obtenir son indépendance vis-à-vis de la France. Trois États indépendants se formeront à la suite de cet évènement :
- le Cambodge,
- le Vietnam,
- le Laos.
Au cours du 20e siècle, la majorité des colonies obtiennent leur indépendance et deviennent des États.
Un État est un ensemble territorial et politique administré par un gouvernement et délimité par des frontières à l'intérieur desquelles vit une population.
Les mouvements de décolonisation occasionnent beaucoup de changements dans la géopolitique internationale au cours du 20e siècle. L’accession à l’indépendance a également plusieurs impacts sur les nouveaux États.
Les nouveaux États font face à deux grands défis économiques :
- la nécessité de restructurer leur économie,
- la nécessité de trouver suffisamment de capitaux (ressources financières) pour parvenir à cette restructuration.
La structure de l'économie des anciennes colonies visait à combler les besoins de la métropole. Devenues un État indépendant, celles-ci ont désormais des besoins différents. Par exemple, une partie des terres servant à produire du coton pour la métropole peuvent être dorénavant utilisées pour la culture de fruits et de légumes qui seront consommés par la population locale. Aussi, le nouvel État gagne à développer de nouvelles industries pour diversifier son économie et créer de la richesse. L’Inde, par exemple, s’est beaucoup tournée vers l’industrie des services. Une partie significative de sa population parlant anglais, il lui était donc aisé d’y implanter des centres d’appel pour des compagnies internationales.
Toutefois, les capitaux dont disposent ces nouveaux États sont souvent insuffisants pour restructurer leur économie. Ils doivent donc emprunter des capitaux à d’autres pays, ce qui fait augmenter leur dette. Ne pouvant investir pour exploiter eux-mêmes leurs ressources naturelles, ils peuvent également céder les droits d’exploitation à des compagnies étrangères contre des redevances.
Les redevances sont un montant d’argent qu’une entreprise ou un État doit payer à un autre État en échange du droit d’exploitation d’une ressource.
Ces États, pour plusieurs, dépendent beaucoup de leur ancienne métropole ou d’autres pays industrialisés sur le plan financier. Ce sont des capitaux étrangers qui servent à développer l’économie de ces États. Malgré tout, ces capitaux génèrent peu de richesses au sein de ces États puisque les infrastructures qu’ils aident à construire et les activités qu’ils soutiennent servent les intérêts des entreprises étrangères. Ainsi, très peu de cette richesse (capitaux) reste dans le pays.
Pour plus de détails à ce sujet, consulte la fiche sur la néocolonisation.
Au 19e siècle, lors de la création des frontières des colonies (entre autres en Afrique), les puissances européennes ne tenaient pas compte de la réalité des populations déjà présentes sur le territoire. Résultat : certains peuples ont été séparés les uns des autres à cause des nouvelles frontières géographiques alors que des peuples ennemis ont été regroupés à l’intérieur d’autres frontières. Tout cela a créé plusieurs tensions au fil des ans.
Durant les mouvements de décolonisation, les frontières des nouveaux États sont celles qui avaient été choisies par les puissances européennes lors de la création des colonies, des dizaines d’années auparavant. Elles ne tiennent donc pas compte de la réalité des peuples qui se trouvent sur ces nouveaux territoires.
En 1884, la Namibie est devenue une colonie allemande. Lors de la délimitation des frontières, le peuple Ovambo a été divisé en deux. Encore aujourd’hui, ce groupe ethnolinguistique se trouve en Namibie et en Angola, son pays voisin.
Après l’obtention de leur indépendance, des conflits ethniques et religieux éclatent dans plusieurs nouveaux États. L’origine de ces conflits remonte pour certains à la période coloniale.
D’autres conflits sont le résultat d’une instabilité politique causée par des tensions entre plusieurs groupes voulant s’emparer du pouvoir dans le nouvel État. Ces groupes s’affrontent dans le but d’obtenir le contrôle du gouvernement et des ressources. Les anciennes métropoles continuent à jouer un rôle dans la vie politique de ces États. À plusieurs reprises, elles soutiennent les régimes qui leur sont favorables et font tomber les régimes qui s’opposent à elles. Les anciennes métropoles disposent de plusieurs outils pour intervenir dans ce genre de conflits :
- utilisation de stratagèmes financiers,
- corruption des nouveaux dirigeants au pouvoir,
- recrutement de mercenaires,
- manipulation de rébellions dans le pays pour faire tomber les régimes qui s’opposent à la métropole.
Au moment de son accession à l’indépendance en 1960, la République démocratique du Congo est dirigée par un président et un premier ministre. Rapidement, un bras de fer s’engage entre eux. À la suite d’un coup d’État, le premier ministre est arrêté et assassiné. Dans les années suivantes, une série de conflits dans le pays cause la mort de plusieurs milliers de personnes.
En 1965, l’armée congolaise organise un coup d'État qui porte au pouvoir le général Joseph Mobutu. C’est le début d’une dictature qui durera plus de 30 ans.
Il est à souligner que l’accès à l'indépendance est un grand défi pour la plupart des colonies. En effet, l’administration ayant auparavant été gérée par la métropole et ses représentants, les colonies ont de la difficulté à trouver des personnes expérimentées et qualifiées pour prendre le relai.
Ces nouveaux États indépendants émergent pour la plupart dans une période de tensions entre les États-Unis et l’URSS (à ce sujet, consulte la fiche sur la guerre froide). Refusant de se joindre à l’un ou l’autre des blocs se formant autour de ces deux puissances, ces États affirment leur autonomie et se rassemblent sous le nom de pays du tiers-monde. L’expression la plus utilisée aujourd’hui est celle de pays en développement.
Par cette action, ces pays veulent éviter de se trouver à nouveau dans un rapport de domination semblable à celui existant entre une colonie et sa métropole. Ils veulent aussi que leur statut économique et démographique soit reconnu par le reste du monde. En effet, ces pays rassemblent une bonne partie de la population mondiale, mais sont peu concernés par les prises de décision mondiale, auxquelles ils prennent rarement part.
Pour une colonie, le fait d’obtenir l’indépendance lui permet d’obtenir les pouvoirs d’un État. La fiche sur le pouvoir des États apporte plus de détails à ce sujet.
Ladouceur, Maude et Alain Parent. Globe. Cahier d’apprentissage, 2014, p.146-147.
Giguère Groulx, Jean-Félix et Marie-Hélène Laverdière. Immédiat. Richesse, 2017, p.20-23.
Alexandra Monot, et collab. Atlas géopolitique. Les enjeux du monde contemporain, 2017, p.30-32.