La métonymie est une figure de style de substitution qui consiste à remplacer un terme par un autre qui lui est associé. On retrouve cette figure de style dans différents types de textes.
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« C’est que mon père est dans l’armée et qu’il est souvent en mission. J’ai toujours peur que le téléphone m’annonce quelque chose de grave. »
— Seuls, p. 20, Paul Tom et Mélanie Baillairgé[1]
Dans cet extrait, le téléphone remplace la personne qui est au bout du fil. -
« Le bar, ici, est-ce que c’est le seul endroit dans tout l’hôtel où je peux prendre un verre ou s’il y a des lounges, pis d’autres endroits comme ça? »
— La face cachée de la lune, p. 43, Robert Lepage[2]
Dans cet extrait, un verre remplace le contenu du verre. -
« Je cherche ma Subaru d’amour, je ne me rappelle même plus où je l’ai stationnée. Je marche un peu le long de la première rangée. Elle est un peu plus loin, à trois Civic et deux Jeep de moi. »
— Cœur de Slush, p. 74, Sarah-Maude Beauchesne[3]
Dans cet extrait, ma Subaru remplace une voiture de marque Subaru. Il en va de même pour trois Civic et deux Jeep.
Pour repérer une métonymie, il faut porter une attention particulière aux termes qui en remplacent d’autres auxquels ils sont liés par un rapport logique. Autrement dit, les termes d’une métonymie partagent une caractéristique commune avec la réalité qu’elle remplace. Voici quelques exemples de liens sur lesquels cette figure de style peut se construire.
Lien formant une métonymie |
Exemple |
Le contenu et le contenant |
« L’enquêteuse avait pour sa part demandé à Jeannine de jeter un coup d’œil sur une clef USB trouvée dans le sac de Marie-Pier. » |
Le tout et la partie |
« Le laisser-aller a en effet assez duré. Se trouver un toit décent n’est plus l’affaire d’une marge : des gens de tous les milieux sont touchés par la crise. » Dans cet extrait d’article, une partie, un toit, remplace un tout, un logement. On comprend qu’il est important que chacun trouve un logement décent. |
L’œuvre et son artiste |
« Un moment d’accalmie. Ma mère tranquille sur le sofa. Coppola tout chaud près de moi. » Dans cet extrait de poème, le nom du cinéaste américain Coppola remplace un de ses films. On comprend que la narratrice regarde un film réalisé par Francis Ford Coppola. |
Les personnes et l’organisme pour lequel ils travaillent |
« Qu’est-ce que l’O.N.U. vient faire, à ramasser les poubelles des Palestiniens? » Dans cet extrait de bande dessinée, l’organisme l’O.N.U. remplace les gens qui travaillent pour l’Organisation des Nations Unies (O.N.U.). On comprend que des personnes travaillant pour l’O.N.U. ramassent des déchets. |
La personne ou un ensemble de personnes et l'une de leurs caractéristiques |
« Assister à un concert donné en plein air, où se réunit toute la jeunesse de la ville. » Dans cet extrait de roman, une caractéristique, la jeunesse, remplace un ensemble de personnes. On comprend que tous les jeunes habitants se réunissent pour le concert. |
Les habitants et le lieu où ils habitent |
« Le village est muet Dans cet extrait de chanson, un lieu, Le village, remplace ses habitants. On comprend que les habitants du village sont muets. |
Lorsqu’une métonymie est construite selon un rapport d’inclusion (une partie pour désigner un tout, un genre pour désigner une espèce, etc.), on la nomme synecdoque. Cette dernière figure de style est donc un type spécifique de métonymie.
Ex. :
« Le texte de quatrième de couverture attire mon attention. Un chiffre surtout me fait pencher le nez sur le livre. »
— Un ange cornu avec des ailes de tôle, p. 121, Michel Tremblay[10]
Dans cet extrait de récit, on retrouve une synecdoque, puisqu’une partie, le nez, remplace un tout, le corps en entier du personnage.
La métonymie est une figure de substitution, car elle crée un rapport d’équivalence entre deux éléments. En remplaçant un terme par un autre qui lui est lié, elle permet de faire ressortir une caractéristique de la réalité qu’elle représente pour en dégager un sens, parfois mélioratif ou péjoratif. Ainsi, elle peut embellir, atténuer ou dévaloriser ce qu’elle décrit.
Lorsqu’on interprète une métonymie, il faut tenter d’émettre une hypothèse sur son sens en se basant sur l’effet créé par le remplacement et le contexte de l’œuvre. Voici des exemples de questions d’interprétation à partir d’extraits de textes et des pistes de réponses possibles.
Dans l’extrait du récit Le feu de mon père, le jeune narrateur raconte comment les amis bandits de son père, qu’il surnomme ses « oncles », parlent des armes à feu qu’ils possèdent lorsqu’ils sont devant lui. Selon toi, pour quelle raison les oncles ont-ils recours à des métonymies dans l’extrait suivant?
« Devant moi, mes “oncles” ne disaient pas arme mais morceau ou, de façon plus métonymique, feu.
J’avais mis mon feu dans le coffre à gants.
Il s’est débarrassé de son feu.
Oublie pas ton feu. »
— Le feu de mon père, p. 54, Michael Delisle[10]
Pistes de réponses possibles
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Remplacement de la cause (arme) par l’effet (feu)
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Atténuation d’une réalité dangereuse
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Intention de camoufler la vérité
Selon moi, les métonymies permettent d’atténuer une réalité dangereuse. En effet, en remplaçant la cause, le mot arme, par son effet, le coup de feu, les oncles évitent d’employer un terme qui pourrait dévoiler qu’ils sont des personnes violentes et, par le fait même, faire peur à l’enfant. On comprend ainsi que les hommes tentent de camoufler la vérité, soit qu’ils détiennent des armes à feu, pour protéger l’enfant de cette dure réalité.
Dans cet extrait du récit poétique Un froid dans mon hiver, le narrateur raconte à quel point le déménagement en France de sa meilleure amie avec laquelle il jouait dehors l’affecte. Selon toi, qu’est-ce que la métonymie fait ressortir sur son état psychologique?
« Le bras de maman
ceux de papa
les ronronnements de Cyprien
n’ont pas suffi à la tâche
gigantesque faut-il le rappeler
d’adoucir ma peine.
Durant des jours
je n’ai pas mis un orteil dehors. »
— Le froid dans mon hiver, Yvan Demuy[11]
Pistes de réponses possibles
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Remplacement du tout (le corps du narrateur) par la partie (son orteil)
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Mise en évidence de l’incapacité à sortir de chez lui
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Effet d’amplification de sa peine et de son manque de motivation
Selon moi, la métonymie met l’accent sur le fait que le narrateur semble anéanti depuis le départ de son amie, car il est incapable de sortir de chez lui. En effet, en remplaçant l’entièreté de son corps par une partie, un orteil, le narrateur exprime qu’il était impossible pour lui de sortir même une très petite partie de lui-même. Il amplifie ainsi son manque de motivation et son chagrin qui l’empêchent de retourner dehors, là où il s’amusait tant avec son amie.
Il existe d’autres figures de substitution.
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Tom, P. et Baillargé, M. (2022). Seuls. Éditions La courte échelle.
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Lepage, R. (2007). La face cachée de la lune. Éditions L’instant même.
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Beauchesne, S.-M. (2016). Cœur de Slush. Éditions Hurtubise.
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Turgeon, É. (2015). La prochaine fois, ce sera toi!. Éditions Soulières.
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Rioux Soucy, L.-M. (2022, 30 juin). Un toit à soi. Le Devoir. https://www.ledevoir.com/opinion/editoriaux/728538/crise-du-logement-un-toit-a-soi
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Turcotte, É. (2009). Rose, derrière le rideau de la folie. Éditions La courte échelle.
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Delisle, G. (2011). Chroniques de Jérusalem. Éditions Delcourt.
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Fortier, D. (2020). Les villes de papier. Éditions Alto.
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Séguin. R. (2006). Murmure et serment. [Enregistrement sonore]. Tout ça parce que je t’aime : L’année Jim Corcoran, Production de l’Onde.
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Delisle, M. (2014). Le feu de mon père, Éditions du Boréal.