L’euphémisme (figure de style)

L’euphémisme est une figure de style d’atténuation. Elle consiste à exprimer une réalité difficile, choquante, triste, déplaisante ou perçue négativement de façon adoucie à l’aide de termes plus faibles, atténués. On retrouve cette figure de style dans différents types de textes.

1. « Au milieu d’la ruе tu pousses ton dernier soufflе
   J’aime pas les appels improvisés
   J’pense toujours qu’c’est monsieur l’proviseur
   Ou qu’une nouvelle victime a été visée »
   — De près, Sarahmée^[1]
   
   Dans cet extrait de chanson, on retrouve un euphémisme, puisque l’expression tu pousses ton dernier souffle est utilisée pour remplacer la mention de la mort.

2. « Cette femme bien en chair a quelques années de moins que Madame. »
   — Le deuxième mari, p. 83, Larry Tremblay^[2]
   
   Dans cet extrait de roman, on retrouve un euphémisme, puisque l’expression bien en chair est utilisée pour remplacer la mention d’une personne ayant un surplus de poids.

3. Ce complexe résidentiel est réservé aux personnes du troisième âge.
   
   Dans cet exemple, on retrouve un euphémisme, puisque l’expression personnes du troisième âge est utilisée pour remplacer la mention de vieilles personnes.

1. « La nuit éternelle est la promesse d’un rêve sans fin, d’un rêve merveilleux, meilleur que la vie. »
   — Un dernier songe avant le grand sommeil, p. 15, Jocelyn Boisvert^[3]
   
   Dans cet extrait de roman, l’euphémisme La nuit éternelle est utilisé pour aborder le sujet de la mort. On retrouve aussi un euphémisme dans le titre du roman, soit le grand sommeil, qui sert à remplacer la même réalité difficile.

2. « Une telle exemption est une simple question de gros bon sens et d’humanisme. On ne peut pas ordonner à des gens sans domicile fixe de rester à domicile. »
   — Les sans-abri et les sans-dessein, Rima Elkouri^[4]
   
   Dans cet extrait de chronique, l’euphémisme des gens sans domicile fixe est utilisé pour aborder le sujet de l’itinérance.

3. « À la fin, avec ma Jean, nous faisons le jeu de notre reproduction comme des débutants responsables […]. »
   — Numéro six, p. 151, Hervé Bouchard^[5]
   
   Dans cet extrait de roman, l’euphémisme le jeu de notre reproduction est utilisé pour aborder le sujet de la sexualité.

​​​​​Lorsqu’on interprète un euphémisme, on tente de créer un lien entre l’effet créé par l’atténuation et le contexte de l’œuvre. Il faut ainsi émettre une hypothèse sur le sens et l’importance de l’euphémisme dans le texte. Voici des exemples de questions d’interprétation à partir d’extraits de textes et des pistes de réponses possibles.

Dans cet extrait du roman Les petites tempêtes, Raphaëlle raconte son premier cours à l’école secondaire. Selon toi, qu’est-ce que l’emploi d’un euphémisme dans la description qu’elle fait de son enseignante permet de démontrer sur le personnage de Raphaëlle?

« Madame Bellefeuille, la prof, n’en était pas à sa première rentrée. Après avoir déploré qu’elle n’avait jamais les listes de présence à temps le premier jour, elle s’est éloignée à pas lents vers le secrétariat. Les élèves, jusque-là plutôt silencieux, se sont empressés de commenter l’événement. Quelques-uns ont blagué sur son âge avancé, la surnommant déjà “Dure-de-la-feuille” ou, pour les plus imbéciles, “Feuille morte”. Ma voisine les a interrompus :
— Attendez donc de la connaitre avant de juger.
[…] J’ai aimé son commentaire et envié son courage […]. »
— Les petites tempêtes, p. 12, Valérie Chevalier^[9]

Dans cet extrait du roman Atuk, elle et nous, Jeannette, la grand-mère du narrateur, est récemment décédée. C’est alors le début pour Michel, le narrateur, d’une introspection qui lui permettra de renouer avec ses racines innues, issues des origines de sa grand-mère. À ton avis, quel est l’effet créé par l’euphémisme qui s’y trouve?

« Tout de sa jeunesse a été emporté, maintenant que ses beaux yeux noirs se sont fermés pour de bon. »
— Atuk, elle et nous, p. 11, Michel Jean^[10]